Manuscrit original et inédit de « Jean Cocquebert de Roquelaure de Reims » daté de 1647, 1 feuillet de titre et 216 ff. numérotés à la plume (431 pp.) dont 2 ff. de « Table des Villes et autres lieux contenus dans ce livre » en fin d’ouvrage.
Reliure en plein vélin souple, dos lisse avec une pièce de titre de basane fauve. Quelques mouillures, un cahier détaché.
Durant les dernières années de la guerre de Trente ans, un certain Jean Cocquebert, natif de Reims, couche dans cet exceptionnel manuscrit l’intégralité de son voyage de sept mois en France et en Italie pendant l’année 1647. De Lyon vers Marseille où il embarque pour Gênes, le récit de ce rémois nous mène jusqu’à Rome et Venise, et fait saisir au lecteur l’expérience intime qu’a été l’épreuve au jour le jour du long voyage vers la Ville éternelle et la Sérénissime.
Dans le sud de la France, Cocquebert décrit en détail chaque étape, chaque hameau et chaque auberge dans le Lyonnais, le Dauphiné, le Comtat Venaissin, la Provence et le Languedoc, qu’il explore encore davantage lors de son itinéraire retour vers Lyon. Il rapporte notamment avoir visité à Aix-en-Provence le cabinet de curiosités « d’un bon vieillard », identifiable par la description géographique comme celui du célèbre notaire Boniface Borrilli, où le roi Louis XIII s’était rendu en 1622, ainsi que le fameux jardin botanique de l’école de médecine de Montpellier où il rencontre « une servante en ce jardin qui parle mieux latin que français, ce qui fait rire ceux qui entendent son jargon ». On suit de près son pèlerinage au sanctuaire de Marie-Madeleine à Sainte-Baume (très mutilé à la Révolution) ainsi qu’à la Grande Chartreuse. Ses péripéties abondent de descriptions sur la gastronomie Provençale – aux îles Pomègues, il mange de la criste marine qui pousse entre les rochers, consomme pendant tout son voyage des quantités d’huile d’olive, ainsi que des vins français et italiens dont il précise les vignobles, la qualité et le prix.
La chronique quotidienne de son périple italien regorge de récits de tempêtes, pirates, processions, flagellations, carnavals, jeu de paume, courses de chevaux, visites des chefs d’œuvre du Vatican ainsi que les cabinets de curiosités dans les palais Barberini et Ludovisi, du palais des Doges et de la verrerie de Murano… Rémois dans l’âme, il reste fidèle aux beautés de la cathédrale de Reims qu’il place au-dessus des merveilles des églises italiennes – ses relations dans le clergé de sa ville natale lui permettent d’ailleurs de voyager sans encombre. Le manuscrit contient de précieux commentaires et témoignages directs sur la vie en Italie, la place des juifs dans les villes qu’ils visite, ainsi que les débauches et la violence croisées sur son chemin, notamment à Rome où les exécutions capitales et la prostitution sont monnaie courante. À Modène, Cocquebert se fait même soldat pendant quelques mois et offre une rare source sur le quotidien des troupes françaises postées dans le duché de François Ier d’Este, qui se préparait à attaquer le Milanais avec le soutien de Mazarin.