Aquarelle originale signée par Sonia Delaunay de ses initiales "S.D". Une feuille sous cadre de bois et marie-louise, quelques accrocs sur le cadre avec un léger manque au cadre. Tampon rouge au verso du feuillet "Ce projet de tissu provient de l'Atelier que dirigeait Sonia Delaunay entre 1925 et 1933. Son fils, Charles Delaunay".
Superbe croquis d'une robe colorée à chevrons, un des fameux "tissus simultanés" créés par Sonia Delaunay. Il s'agit très certainement d'un dessin préparatoire pour une robe présente sur la seconde planche du portfolio de Delaunay Ses Peintures, Ses Objets, Ses Tissus Simultanes, Ses Modes. publiée à l'occasion de sa participation à la célèbre Exposition des Arts Décoratifs de 1925.
voir ici l'affiche originale de l'Exposition Internationale des Arts Décoratifs de 1925
Delaunay fonde son Atelier Simultané en 1924 à Paris pour commercialiser vêtements, accessoires, textiles et objets d’intérieur d'après son approche radicale de l'abstraction et du contraste simultané des couleurs. Son entreprise prend alors une plus grande ampleur, après ses succès en tant que costumière pour le théâtre de Tzara et les ballets de Massine et Diaghilev. Lors de l’Exposition des Arts Décoratifs de Paris en 1925, Delaunay triomphe grâce à sa célèbre boutique simultanée située sur le Pont Alexandre III, partagée avec le fourreur et couturier Jacques Heim. C’est à cette période qu'elle devient un symbole de la modernité à travers l'Europe. Ses créations défiant la hiérarchie des genres artistiques sont en effet portées par les acteurs français du grand écran et les épouses des professeurs du Bauhaus. En hommage à la réussite de ses oeuvres d'art appliqué, considérées par Jacques Damase comme des "tableaux vivants", elle publie en 1925 à la Librairie des Arts Décoratifs un portfolio de 20 planches colorées au pochoir avec ses designs de mode, motifs et objets simultanés, accompagné des critiques dithyrambiques et poèmes d'André Lhote, Tzara, Soupault, Cendrars et Delteil. Cette aquarelle, outre sa très grande proximité stylistique avec une des figures de mode de la seconde planche du portfolio, s'inscrit tout à fait dans les créations des "premières années de l'atelier marquées par une prédominance des formes géométriques comme le carré, le losange, le rectangle ou encore le chevron" (musée de Liège). Toujours en 1925, elle pose d'ailleurs pour un portrait photographique, dans son atelier du Boulevard Malesherbes, en plein travail sur un grand motif à chevrons similaire à cet exceptionnel croquis.
Rare composition à la croisée de la mode et l'avant-garde par "celle qui entendit la demande sociale de son temps, à la recherche, pour l’ornement des corps autant que celui de la maison, du chant sensuel de la couleur" (Agnès Callu) .