Edition originale, un des 647 exemplaires numérotés sur pur fil, seuls grands papiers après 109 réimposés.
Correspondance réunie et annotée par Jean-Marie Carré.
Bel exemplaire.
N'en déplaise à Gutenberg, le manuscrit jamais ne s'effacera sous l'imprimé et aux solides caractères de plomb répondent les fragiles lettres de plume. Chef-d'œuvre en devenir et confidences intimes, prosaïques ou idéalistes. Écritures hâtives ou appliquées, pattes de mouche ou chant du signe.
Edition originale, un des 647 exemplaires numérotés sur pur fil, seuls grands papiers après 109 réimposés.
Correspondance réunie et annotée par Jean-Marie Carré.
Bel exemplaire.
Emouvant billet autographe daté et signé adressée à son amie la femme de lettres Christiane Baroche, 11 lignes à l'encre noire sur un post-it, à propos de la maladie de sa femme et du traitement qu'elle observe.
Enveloppe manuscrite jointe sur laquelle la destinatrice a ajouté le nom de son correspondant, Cortazar, en angle supérieur gauche.
"31 (sic)/9/82 Chère Christiane,
un mot pour te remercier de ta carte et tes souhaits concernant Carol. Elle commence un traitement à la cortisone, et j'espère que bientôt il y aura de bons résultats. Merci de nous offrir ta maison, cela fait du bien de savoir qu'il y d'amis si bons. Je t'embrasse. Carol t'embrasse aussi très fort. Julio."
Edition originale.
Un seul exemplaire au CCF (Roanne).
Reliure en demi basane verte, dos lisse fendillé et comportant des manques, plats de papier peigné, couvertures imprimée conservées, reliure de l'époque.
Deuxième plat ayant tendance à se détacher.
L'historien vénitien Ronaldo Fulin (1824-1884) effectua de nombreuses publications et études originales à partir des fonds très riches de l'Archivio di Stato de Venise.
La question qu'il traite dans cette communication offre un lien avec les rapports présumés de Colomb et de Venise (cf. les lettres jointes).
Exemplaire du célèbre américaniste Henry Harrisse (1829-1910), spécialiste des premières découvertes du Nouveau Monde, avec envoi autographe de Ronaldo Fulin en tête du premier plat de couverture.
Henri Harrisse a enrichi cette plaquette de 7 lettres autographes signées contrecollées, en français ou en italien, généralement accompagnées de leurs enveloppes : 1. Une de l'historien italien Cesare Cantù (1804-1895), du 10 décembre 1881. - 2. Une du colombiste Marcello Staglieno (1829-1909), du 3 août 1888. - 3. Une du directeur de l'Archivio di Stato de Venise (signature illisible), du 27 juin 1888. - 4. Une carte de l'éditeur B. Calore, en date du 17 décembre 1881. - 5.-6. Deux lettres du philologue et hispaniste Alfred Morel-Fatio (1850-19245), datées du 2 et du 9 décembre 1881. - 7. Une lettre de Henry Vignaud (1830-1922), comme premier secrétaire de la Légation des Etats-Unis à Paris de 1882 à 1909, en date du 30 mai 1888.
La plupart tournent autour de l'existence d'une prétendue lettre de Christophe Colomb au Sénat de Venise, avant les voyages d'exploration.
Lettre autographe datée et signée adressée à la femme de lettres Christiane Baroche, 21 lignes à l'encre bleue à propos d'un numéro de la revue Sud qui lui a été consacré.
Traces de pliures inhérentes à la mise sous pli, enveloppe manuscrite jointe, Christiane Baroche ayant ajouté au crayon de papier le nom de l'expéditeur.
Michel Leiris remercie Christiane Baroche pour l'hommage qui lui a rendu la revue Sud : "Soyez sûre que je préfère de beaucoup quelque chose de ce genre à un ensemble de doctes analyses ! " mais ne pourra se rendre disponible pour la prochaine manifestation le concernant : "Dites, je vous prie, à Mr Genêt que je lui sais gré d'avoir pensé à une "journée Leiris", mais qu'il ne doit malheureusement pas compter sur ma présence : j'en serai, d'une part, empêché matériellement... et, d'autre part, cette participation personnelle m'embarrasseerait beaucoup, je vous l'avoue franchement."
Pour terminer, Michel Leiris présente ses voeux à sa correspondante et à l'équipe de Sud pour l'année à venir.
Lettre écrite par un secrétaire et signée par Louis XVI adressée au cardinal Ludovico Calini, rédigée à l'encre sur onze lignes. La signature de Charles Gravier, comte de Vergennes, figurant en pied du bifeuillet, accompagne celle du roi pour ces vœux de nouvelle année. Est inscrit au verso le nom du destinataire : « Mon Cousin le Cardinal Calino ».
Quelques mouillures, un trou discret à « qu'il vous ait ».
« Mon Cousin, J'ai vu avec plaisir par votre lettre du 1er octobre et le témoignage de la sincérité des vœux que vous formez pour moi au commencement de cette année. Vos sentiments me sont autant connues que vous devez être persuadé du désir que j'ai de vous donner des preuves de mon estime et de mon affection. Sur ce je prie Dieu qu'il vous ait, Mon Cousin, en sa sainte et digne garde. Écrit à Versailles le 31 janvier de 1776. »
Bristol autographe daté et signé adressé depuis son domicile parisien à la femme de lettres Christiane Baroche, 12 lignes à l'encre bleue.
Enveloppe manuscrite jointe sur laquelle Christiane Baroche a ajouté "Leiris" en angle supérieur droit.
"5 avril 1979,
chère Christiane Baroche,
merci à vous ainsi qu'à tous ceux qui ont bien voulu m'adresser, par l'intermédiaire de Sud, un signe amical. Je ne puis qu'en être reconforté et trouver là un peu cde courage dont je manque de plus en plus pour travailler ! Soyez donc certaine que votre idée m'a fait plaisir et croyez à mes sentiments les meilleurs. Michel Leiris."
Billet autographe daté et signé de Marguerite Yourcenar adressé depuis son domicile parisien à Marcel Baroche, de la revue littéraire Sud, sur une de ses cartes de visite, 18 lignes à l'encre verte accompagnées d'une enveloppe manuscrite à l'adresse de son correspondant, concernant un projet de collaboration initié par le directeur de la Sud avec l'écrivain.
"27 décembre 1980, à la revue Sud, à marcel Baroche
cher monsieur, vous avez mon acceptation au projet d'un numéro spécial sur mon oeuvre en 1982, et mes remerciements anticipés. Il existe de nombreuses photographies de moi dont quelques unes me paraissent ressemblantes : je n'en possède personnellement aucune, mais peut-être en trouverai-je à vous en envoyer en temps utile. Pour l'instant au moins, je ne possède aucun inédit à offrir. Plus tard peut-être... Bien sympathiquement Marguerite Yourcenar."
Edition originale (cf. Martin & Walter, 16 491. Monglond III, 630. Manque à Schefer, Blackmer et Atabey.)
Reliure à la bradel en plein cartonnage de papier marbré, dos lisse, pièce de titre de basane fauve en long, tranches rouges, reliure moderne.
Quelques rousseurs, taches en marge supérieure des derniers feuillets.
Excellent abrégé de la mission diplomatique du général Hénin de Cuvillers à Constantinople (1793-1795).
Au retour de Turquie, Hénin (né en 1755) prit part à la campagne d'Italie de 1796, et fut blessé à Caldiero et à Arcole.
Nommé en 1802 au poste d'adjoint à l'état-major de Saint-Domingue, ce fut lui qui ramena à Paris en 1804 les archives de l'armée de la colonie que lui avait confiées Rochambeau.
Sa carrière militaire sous l'Empire s'achève en 1813, date à laquelle il lui fallut se justifier devant le conseil de guerre de Grenoble à la suite de l'évacuation du Simplon, jugée trop hâtive.
Admis à la retraite en 1815, il vécut jusqu'en 1841.
Les 164 dépêches résumées dans le présent recueil donnent d'intéressants renseignements sur la vie diplomatique à Constantinople, les rapports avec le gouvernement révolutionnaire, les nouvelles venant des comptoirs d'Asie, la situation dans le Levant, les événements maritimes et militaires, etc...
Lettre autographe signée de François-René de Chateaubriand à Ferdinand Denois écrite à Rome et datée du 11 août 1829, 2 pages et deux lignes à l'encre noire sur un bifeuillet. Une déchirure dûe au décachetage sur la partie vierge du dernier feuillet, sans atteinte au texte.
« Il faut encore, Monsieur, que je vous remercie : mon pauvre ami La Ferronays [le ministre des Affaires étrangères Auguste Ferron de La Ferronnays allait démissionner deux semaines plus tard pour raisons de santé] m'a écrit que tous ses maux sont revenus, qu'il se trouve mal deux ou trois fois par jour, qu'il ne peut songer à rentrer dans les affaires, c. Je crois que l'intérim n'en sera pas moins prolongé et que l'on gagnera ainsi la fin de la session. J'ai demandé un congé par MM. Boissy et Givré [ses secrétaires d'ambassade le diplomate et futur homme politique Hilaire-Étienne-Octave Rouillé de Boissy, et le diplomate et futur homme politique Bernard Desmousseaux de Givré], sans être tout à fait déterminé à en faire usage : cela dépendra des événements. Une dépêche télégraphique du 4 avril, venue par Toulon, m'a appris que le roi étoit fort content de la nomination du pape. Nos cardinaux se sont ralliés à moi et ont très bien marché. Le cardinal [Anne-Antoine-Jules de] Clermont-Tonnerre, qui a fait une chute, est logé à l'ambassade où je le soigne le mieux qu'il m'est possible – que dira la Gazette ? [La Gazette de France, organe des ultras, était très hostile à Chateaubriand.]... »
Edition originale, un des 40 exemplaires numérotés sur ingres, tirage de tête.
Très bel exemplaire.
Lettre autographe signée inédite d'André Breton adressée au critique Charles Estienne ; une page et quelques lignes à l'encre noire sur un papier à en-être de la galerie de l'Étoile Scellée.
Deux pliures transversales inhérentes à l'envoi, un petit manque angulaire en marge haute droite.
Très belle lettre rendant compte de la disparition de l'un des amis les plus chers d'André Breton et de sa brouille avec Albert Camus.
Breton fait part à son ami de la disparition de l'artiste surréaliste tchèque Jindřich Heisler : « Votre lettre parlait de ces jours où il semble « qu'il y ait juste assez de feu pour vivre » : c'était bien loin d'être assez de feu lundi, lorsqu'elle me parvenait : un de mes deux ou trois meilleurs amis, Heisler, pris soudain de malaise en se rendant chez moi le samedi, avait dû être hospitalisé d'urgence et je venais de recevoir le pneumatique de Bichat m'annonçant sa mort. Je suis resté longtemps hagard devant ce fait non moins impensable qu'accompli : il n'était pas d'être plus exquis que celui-ci, mettant plus de chaleur dans ses entreprises, dont la plus constante était de tout alléger et embellir à ceux qu'il aimait. » Les deux poètes étaient en effet très proches : Heisler avait participé, au côté de Breton, au lancement de Néon en 1948 et l'avait soutenu lors d'un épisode dépressif, l'accompagnant avec d'autres amis à l'île de Sein. « Le début de l'année 1953 est assombri par la mort de Jindřich Heisler (le 4 janvier). Fidèle entre les fidèles, il « a vécu intégralement pour le surréalisme » selon Breton qui rend hommage à son activité d'animateur : « C'est ainsi qu'il fut de 1948 à 1950 l'âme de Néon et jusqu'à ses derniers instants le plus grand enfanteur de projets que son génie lui soufflait le moyen de réaliser comme par enchantement. » » (Henri Béhar, André Breton)
Lettre autographe datée et signée Alexis Léger, 26 lignes à l'encre bleue, adressée, depuis Washington, à son amie Emily Amram lui décrivant les affres de sa convalescence après un "stupide accident".
Traces de pliures inhérentes à la mise sous pli.
Le poète remercie son amie de ses attentions florales alors qui'il était souffrant : "combien la présence de vos fleurs m'a aidé contre les mauvaises ombres pendant mes jours de réclusion ! " et doit, à son grand dam, encore différer, à une date ultérieure, la visite qu'il lui a pourtant promise : "une mauvaise grippe washingtonnienne, qui m'a surpris, déjà fatigué, peu après mon retour chez moi, achevé de me déprimer, et pour ne pas accabler encore l'affectueuse sollicitude de bons amis comme vous et Phil, je n'ai su, écoeuré de moi-même, que me condamner au silence et à la solitude."
Il va tenter de noyer ses noires pensées en s'octroyant un séjour à la mer dand le sud : "Je pars demain pour le sud et vais demander au voisinage de la mer la possibilité de me libérer, par la natation; des dernières traces de mon stupide accident."
Lettre autographe signée de Georges Bataille à Denise Rollin, 40 lignes à l'encre noire, 2 pages sur un feuillet.
La relation entre Georges Bataille et Denise Rollin a duré de l'automne 1939 à l'automne 1943 et a laissé une courte mais passionnante correspondance. La présente lettre date des débuts de leur histoire mais laisse déjà apparaître les angoisses de Bataille : « Peut-être ai-je été trop heureux avec vous pendant quelques mois, même alors que l'angoisse ne tardait jamais beaucoup à interrompre, au moins pour un temps, un bonheur qui était presqu'un défi. »
Amoureux passionné, il passe de l'exaltation au doute le plus profond et offre même à sa maîtresse une potentielle échappatoire à leur relation : « Si vous ne pouvez plus supporter, me supporter, je vous en supplie, ne vous trompez plus : dites que c'est moi, et non une maladresse que j'aurais pu éviter, qui est facilement réparable. » Il se propose en tant que victime sacrificielle sur l'autel de leur amour plutôt que de vivre une histoire fade et sans saveur : « Comprenez-moi quand je vous dis que je ne voudrais pas que tout s'enlise, que je veux bien accepter la souffrance pour moi, plutôt que pour vous et moi une sorte de médiocrité infirme. »
Plus tôt dans la lettre, c'est à l'humour qu'il a recourt pour la distraire de ses préoccupations : « J'ose à peine vous faire rire en vous racontant que je maigris, que mes pantalons tombent quelquefois, parce que je n'ai pas encore pris l'habitude de serrer la ceinture au nouveau cran. » Puis, il se refait suppliant : « je vous écris comme un aveugle, parce qu'en me parlant comme vous le faites quand vous me quittez ou quand vous me téléphonez, vous me faites tomber dans une obscurité presqu'insupportable. » Avant de tenter de se raisonner lui-même : « il y a des moments où j'ai honte de douter de vous et d'avoir peur, ou encore de perdre stupidement la tête. » Enfin, cerné par toutes ses incertitudes d'homme amoureux, Bataille tente de trouver du répit dans l'évocation de la famille qu'il a recomposée avec Denise et son fils Jean (alias Bepsy) : « Si vous m'écrivez, dites-moi comment est Bepsy, c'est la seule chose, peut-être, que vous pouvez me dire qui ne touche plus en moi un point douloureux. »
Lettre autographe signée "R" d'Auguste Renoir adressée à son ami et grand collectionneur de ses oeuvres Paul Berard. Une page et demi à l'encre noire sur un bifeuillet.
Trace de pli transversale inhérente à l'envoi.
Lettre autographe signée d'Auguste Renoir, datée de sa main du 5 février 1909. 2 pages à l'encre noire sur un bifeuillet.
Trace de pli horizontal inhérent à l'envoi.
Renoir rédige cette missive dans sa maison des Collettes à Cagnes, qui vit naître des œuvres d'une grande sensualité, et où il s'essaya également à la sculpture. Le peintre commande des pinceaux et mentionne ici la venue de la famille du docteur Emile Baudot, son médecin de longue date et médecin-chef de la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest. Renoir eut comme unique élève la fille du vénérable docteur, Jeanne Baudot, dont il fit le portrait et qui posa aux côtés de son maître pour une toile de Maurice Denis.
Maurice Gangnat était un mécène, grand collectionneur d'art et ami intime de Renoir, qu'il rencontra en 1904 par l'entremise de Paul Gallimard. Lorsque celui-ci le présenta à Renoir, ses tableaux l'enthousiasmèrent tant qu'il en acheta immédiatement douze, au prix de vingt-mille francs . Il avait l'instinct du connaisseur, et Renoir lui laissait choisir chaque printemps le meilleur de sa production : "Il a l'oeil " disait-il de lui.
Gangnat acheta entre 1905 et 1917 cent-quatre-vingt tableaux lors de ses séjours aux Collettes, dont trente-six paysages de Cagnes et de ses environs.
"Cher Monsieur Gangnat,
Je retrouve sur ma table une lettre que je croyais depuis longtemps à la porte.
Je vous disais que j'avais reçu un avis de la Banque marseillaise ou vous avez eu l'obligeance de déposer de l'argent pour moi et que je vous renverrais ( ?)
Je prends la liberté de vous charger de m'apporter un paquet de pinceaux. Millaud vous les apportera chez vous. Nous comptons toujours sur vous le plus tôt possible. Les Baudot doivent me faire leur visite annuel vers le commencement de mars. Ce pauvre docteur est replacé à la gare Saint Lazare. Ce mois-ci il s'y attendait. [...]
J'espère que vous êtes en bonne santé et prévenez nous pour vous aller chercher à la gare.
Ma femme et moi vous envoyons toutes nos amitiés ainsi qu'à Madame Gangnat et à Philippe [...]"
Charmante et visuelle lettre du peintre à un très proche ami, pendant sa période cagnoise, commandant des pinceaux pour ses futurs chefs-d'oeuvre, notamment son Ode aux fleurs réalisée cette année-là.
Edition originale dont il n'a pas été tiré de grands papiers (sauf pour le N°7) pour chacun des volumes.
Notre série complète se compose ainsi :
Cahiers Céline 1 : Céline et l'actualité littéraire 1932-1957.
Cahiers Céline 2 : Céline et l'actualité littéraire 1957-1961
Cahiers Céline 3 : Semmelweis et autres écrits médicaux
Cahiers Céline 4 : Lettres et premiers écrits d'Afrique 1916-1917
Cahiers Céline 5 : Lettres à des amies
Cahiers Céline 6 : Lettres à Albert Paraz 1947-1957
Cahiers Céline 7 : Céline et l'actualité 1933-1961
Cahiers Céline 8 : Progrès suivi de Oeuvres pour la scène et l'écran.
Iconographie.
Rare ensemble complet.
Edition originale, un des 40 exemplaires numérotés sur vélin de lana, seuls grands papiers.
Bel exemplaire.
Ensemble de 59 lettres manuscrites envoyées à sa famille représentant environ 180 pages en majorité in-8, la plupart écrites sur papier de deuil, parfois sur quelques en-têtes notamment du ministère de la Marine.
L'ensemble est contenu dans une boîte en pleine toile rouge moderne, pièce de titre noire.
Polytechnicien et officier d'artillerie de marine, Gustave Borgnis-Desbordes (1839-1900) est connu pour avoir conduit, de 1880 à 1883, trois colonnes expéditionnaires à travers le Haut-Sénégal et le Haut-Niger, ces opérations ayant permis la construction de plusieurs forts militaires, d'un chemin de fer et d'une ligne télégraphique de plus de sept cents kilomètres reliant Bakel (sur le Sénégal) à Bamako. Il servit ensuite au Tonkin (1884-85) en tant que colonel commandant l'artillerie du corps expéditionnaire. Il participa à plusieurs combats près de la frontière chinoise et dut remplacer le général de Négrier blessé à la bataille de Lang Son le 28 mars 1885. La retraite précipitée des troupes françaises, ordonnée par le colonel Herbinger, donna lieu à une controverse qui fit tomber le ministère Jules Ferry. Borgnis-Desbordes rédigea un rapport qui mettait en cause Herbinger, mais ce dernier bénéficia d'une ordonnance de non-lieu et Borgnis fut accusé de l'avoir calomnié. La présente correspondance, qui s'étend de janvier 1886 à août 1887, évoque l'affaire de Lang Son et la délicate situation dans laquelle il se trouvait : appuyé par les généraux Faidherbe, Brière de l'Isle et de Négrier, Borgnis-Desbordes avait contre lui les généraux d'artillerie Virgile et Dard. Malgré cela, il fut promu général de brigade le 25 juillet 1886. Les lettres évoquent les nombreuses visites qu'il fit à des amis, à des militaires ou à des relations dans la capitale, la recherche d'appuis éventuels, et contiennent des allusions à la vie politique, mentionnant Henri Rochefort, Louise Michel, Clemenceau, le général Boulanger… Sur les 59 lettres, 47 sont adressées à sa sœur Claire (épouse d'Henry Lethier, ingénieur des Ponts et Chaussées), 11 à son frère Ernest (1843-1925), polytechnicien, officier d'artillerie et futur général, et 1 à sa belle-sœur Emilie Lacœille, épouse d'Ernest. Elles sont presque toutes écrites de Paris; quelques-unes ne comportent pas de lieu et une lettre est écrite d'Auxerre (1er juillet 1886). Extraits : 1886. "Je mène une vie absurde. Je suis en habit noir tous les soirs. J'ai dîné hier dans une maison où se trouvaient M. Jules Ferry, Jules Réache, etc. Il y avait aussi Mme Jules Ferry, fort jolie femme dans une toilette charmante. Ce soir je dîne au café de la Paix… Mardi je dîne à Vincennes, mercredi je déjeune encore en ville, etc." (Paris, janvier 1886, à sa sœur). "J'ai vu mon ministre vendredi. Il m'a reçu en me disant : Eh bien ! mon cher colonel, vous voilà revenu de la comédie de St Malo. Puisque vous l'appelez ainsi avec raison, lui ai-je répondu, je n'ai plus rien à vous dire… " (Paris, 14 février, à sa sœur). "Au Sénégal, tout commence à aller mal; mes prédictions se réalisent : le désordre va augmenter, la situation va devenir inextricable. On a envoyé tout dernièrement un gouvemeur inintelligent et malhonnête; je crains qu'on ne pense à moi pour remettre en état les affaires militaires; je me cache, je fais le mort : je ne veux pas être sous les ordres de ce monsieur… Je ne sais pas ce qu'ils veulent faire à la Chambre; cela m'inquiète peu. Mon rapport me semble avoir fini d'occuper les gens. Tous depuis M. de Mun jusqu'à Clemenceau radotent; j'estime autant Baily et Camelinat que Baudry d'Asson ou Cassagnac. Tous ces gens-là sont stupides et méchants, ou ridicules et niais. Je me moque de ce qu'ils peuvent dire sur des affaires militaires dont ils ne sont pas susceptibles de parler…" (s.l.n.d., à sa sœur). "Je reviens de chez le général Faidherbe auquel il a bien fallu me recommander. C'est un appui fragile que j'ai là; le pauvre général souffre beaucoup en ce moment. Quoiqu'il en soit, il m'a promis de faire pour moi ce qu'il pourrait. Ce sera peu de choses, l'influence des deux hommes, Général Faidherbe et Amiral Aube, l'un sur l'autre, étant aussi grande que celle d'un missionnaire sur un musulman. Je suis, paraît-il, très vivement battu en brèche. On me trouve trop jeune de grade… Le général Brière de l'Isle se remue pour moi, mais il passe, lui aussi, pour le serviteur damné de J. Ferry, et par suite son intervention ne pourra m'être utile, je le crains du moins beaucoup. J'ai vu Dislère ce matin [Paul Dislère (1840-1928), son ancien camarade de promotion à l'Ecole Polytechnique, à l'époque directeur des Colonies au ministère de la Marine]… Il ne peut non plus changer le vent qui est décidément contre moi. Il devient de plus en plus clair que la politique s'en mêle…" (Paris, 22 mai, à sa sœur). "M. Herbinger vient de faire une dernière plaisanterie en mourant en ce moment. Je vais être traité d'assassin, sans aucun doute. Et il y aura bien quelque médecin pour expliquer qu'il est décédé à la suite d'actes d'héroïsme qui ont miné sa constitution. Et que le colonel Desbordes a été assez aveugle et assez niais pour ne pas le voir… Bien que cette mort, au moment actuel, soit fâcheuse pour moi, je suis d'avis que M. Herbinger a fait un acte très sensé en décampant pour l'autre monde. C'est ce qu'il avait de mieux à faire. Que Dieu ait son âme !" (Paris, 27 mai, à sa sœur). "Mon affaire continue à ne pas aller… Le général de Négrier a bien voulu faire une démarche pour moi auprès du chef du personnel, l'amiral Olry; il n'en a tiré aucune assurance. Le général Brière se remue tant qu'il peut, et d'autant plus qu'il considère ma nomination comme une sorte de compensation qui lui est due pour tous les ennuis et toutes les injures dont il est gratifié à cause de M. Herbinger. Mais il n'a pas, non plus, grand succès. Je sais que le général Faidherbe a plaidé ma cause auprès du ministre, mais également sans pouvoir obtenir une réponse… Ajoute à cela que les généraux d'artillerie Virgile et Dard travaillent contre moi, que Rochefort est un véritable spectre pour nos ministres, que Clemenceau ne peut pas être mon ami, que j'ai fait jouer toutes mes batteries, lesquelles sont représentées par mes généraux, mais que je n'ai pas de députés et de sénateurs dans mon sac…" (Paris, 1er juin, à sa sœur). "J'ai enfin vu ma nomination à l'Officiel. Il paraît qu'elle était signée depuis plus de huit jours. On attendait le moment qui serait le moins pénible à Mr Rochefort, Mademoiselle Louise Michel, et aux joumaux de droite et d'extrême gauche. Ils ont fait un mauvais calcul. L'expérience le prouvera. J'ai fait des visites aujourd'hui. Ça n'est pas amusant. J'ai vu l'amiral Peyron… Il m'a donné le conseil d'aller voir M. de Freycinet [président du Conseil et ministre des Affaires étrangères]… Il a été fort aimable avec moi… Je ne me suis payé qu'une petite malice. Il m'a parlé de la campagne du Tonkin, et il m'a félicité de ma bonne mine. Je lui ai répondu que la campagne du Tonkin était une expédition pour des jeunes filles. Il n'a pas insisté. Mais je suis certain qu'il a trouvé ce jugement un peu dur pour des gens qui ont fait de l'affaire du Tonkin un épouvantail…" (Paris, 26 juillet, à sa sœur). 1887. "Je ne sais pas encore officiellement où je suis envoyé en Inspection, mais d'après ce que j'ai entendu dire ce matin, je vais avoir à visiter la Réunion, Madagascar, la Nouvelle-Calédonie. C'est un voyage de plus de six mois, et moi qui déteste ce genre d'exercice, ça me fait un plaisir que je vous laisse à penser…" (Paris, 7 mai, à sa belle-sœur Emilie).
Lettre autographe signée de Charles Baudelaire adressée à Antoine Arondel, rédigée à l'encre noire sur un feuillet de papier bleu.
Pliures inhérentes à l'envoi, d'habiles restaurations d'infimes manques n'affectant pas le texte, une petite déchirure sur la signature discrètement restaurée. Cette lettre a été retranscrite dans la Correspondance I de Baudelaire (Collection de la Pléiade, p. 277) et datée par Claude Pichois de mai 1854.
Baudelaire envoie des places de théâtre à son marchand d'art Antoine Arondel – personnage sulfureux et sans scrupules qui profita du goût immodéré du poète pour les beaux-arts et excita sa manie de la collection.
Carte de visite autographe signée à la metteuse en scène Simone Benmussa, 8 lignes au feutre noir, enveloppe jointe.
"Chère Simone Benmussa, quel succès ! J'en reçois les échos de tous côtés ! Nous vous devons tous cette merveilleuse soirée. Laiseez-moi vous dire encore Merci et Bravo. En toute amitié. R. Badinter."
Conseillère littéraire de la Compagnie Jean-Louis Barrault - Madeleine Renaud, puis, en 1957, rédactrice en chef des Cahiers Renaud-Barrault, Simone Benmussa dirigea aussi, depuis le théâtre de l'Odéon, le service culturel et les Cahiers de la compagnie Renaud-Barrault. Elle adapta au théâtre des ouvrages de son amie Nathalie Sarraute dont "Enfance" en 1984 (avec la voix enregistrée de Nathalie Sarraute( et "Pour un oui ou pour un non" en 1987, Pierre Klossowski, Jean Cocteau, Gertrude Stein, Samuel Beckett... Elle fut la compagne de l'actrice Erika Kralik.
Contrefaçon de 1812 imprimée avec la date de 1796. Elle présente l'exacte pagination de la véritable édition de 1796 ainsi que les 13 figures et les 2 frontispices par Monnet, Mlle Gérard et Fragonard fils gravés par Baquoy, Duplessi-Bertaux, Dupréel, Godefroy, Langlois, Lemire, Lingée, Masquelier, Patas, Pauquet, Simonet et Trière. L'identification de la contrefaçon est rendue possible par la présence, en marge basse des planches, des lettres "R. p. D." indiquant que les planches de cette réédition ont été retouchées par Delvaux. En outre, le filet précédant la date est ondulé et le titre est présenté sur sept lignes et non sur huit.
Reliure en plein maroquin caramel, dos à cinq nerfs sertis de pointillés dorés et ornés de doubles caissons dorés richement décorés de motifs floraux et végétaux dorés, dates et lieux dorés en queues des dos, roulettes dorées sur les coiffes, pièces de titre et de tomaisons de maroquin bleu nuit, encadrement d'une large dentelle dorée sur les plats frappés en leurs centres d'un médaillon doré, roulettes dentelées en encadrement des plats, doubles filets dorés sur les coupes, gardes et contreplats de papier peigné, encadrement d'une dentelle dorée sur les contreplats, légers frottements sur les coins, toutes tranches dorées, splendide reliure signée Hardy.
Très bel exemplaire établi dans une magnifique reliure en plein maroquin décoré de Hardy.
***
Exceptionnelle et très esthétique carte d'Albert Einstein à « l'ami des plus grands génies de son temps » - selon Schrödinger - le mathématicien et physicien Ludwig Hopf, qui permit la rencontre d'Einstein avec un autre génie du XXe siècle : Carl Jung. Le maître invite ici son élève à un dîner comptant au nombre des invités le scientifique Max Abraham, futur grand rival des années zurichoises et fervent opposant à la théorie de la relativité d'Einstein.
Le destinataire de cette carte, Ludwig Hopf, rejoint Einstein en 1910 en tant qu'assistant et élève à ses séminaires de physique et de théorie cinétique à l'Université de Zürich. Ils signent deux articles fondamentaux sur les aspects statistiques de la radiation et donnent leurs noms à la force de résistance « Einstein-Hopf ». Leurs échanges épistolaires retracent le complexe cheminement des travaux d'Einstein sur la relativité et la gravitation, témoignant de leur grande complicité et du précieux apport de Hopf dans les recherches du maître. Quelques mois après l'écriture de cette missive, Hopf trouvera même une erreur dans les calculs d'Einstein sur les dérivées de certaines composantes de la vitesse que ce dernier corrigera dans un article l'année suivante. Ils forment également un duo musical et interprètent les grands génies de la musique, Hopf accompagnant au piano le violon du maître sur des morceaux de Bach et Mozart.
Einstein invite par cette carte son élève et ami Hopf à un dîner avec Max Abraham, à l'aube d'une controverse scientifique majeure qui les opposera à partir de 1911. La théorie de la relativité restreinte selon Abraham ne convaincra pas Einstein qui soulignera le peu de moyens de vérification par l'observation et son manque de prédiction de la courbure gravitationnelle de la lumière. En 1912, leur différend deviendra public par publications interposées. Abraham ne reconnaîtra jamais la validité de la théorie einsteinienne.
Au cours de leurs brillants échanges artistiques et intellectuels, Hopf a sans doute réussi là où Freud avait échoué comme il lui avouera dans une lettre : « Je romprai avec vous si vous vous glorifiez d'avoir converti Einstein à la psychanalyse. Une longue conversation que j'ai eue avec lui il ya quelques années m'a montré que l'analyse lui était tout aussi hermétique que peut m'être la théorie de la relativité. » (Vienne, 27 septembre 1931). Fervent adepte de la psychanalyse, Hopf est en effet connu pour avoir présenté le célèbre psychanalyste Carl Jung à Einstein. Hopf et son maître partiront tous deux pour l'Université Karl-Ferdinand de Prague en 1911, où ils fréquenteront l'écrivain Franz Kafka et son fidèle ami Max Brod dans le salon de Mme Fanta.
Avec l'avènement du régime nazi, les destins de ces deux théoriciens de la mécanique du monde seront marqués par les persécutions et l'exil, Einstein se réfugiant tout d'abord en Belgique, Hopf en Grande-Bretagne après sa mise à pied en 1934 de l'université d'Aix-la-Chapelle à cause de ses origines juives. Les deux savants continueront à entretenir une prolifique correspondance au cœur de la tourmente, Einstein suggérant à Hopf l'ouverture d'une université à l'étranger pour les étudiants allemands exilés. Hopf s'éteindra peu de temps après avoir pris la chaire de mathématiques du Trinity College de Dublin en juillet 1939.
Précieuse invitation du grand physicien à l'ultime dîner réunissant la "vieille école" scientifique symbolisée par Max Abraham, à l'aube de la publication de la théorie de la relativité générale, qui bouleversera les conceptions classiques de l'espace et du temps et propulsera la Science dans le XXe siècle.
"Lieber Herr Hopf, ich hatte bei unserer Verabredung vergessen, dass ich morgen 6 Uhr Fakultätssitzung habe. Deshalb habe ich Herrn Abraham für morgen nach der [biffé :Vorlesung] Sitzung zum Abendessen gebeten (halb 8 Uhr). Ich bitte Sie, auch zu kommen. Herrn Rusch werde ich auch einladen und wahrscheinlich Herrn Prof[essor] Zermelo. Mit besten Grüssen / Ihr Einstein"
"Cher Monsieur Hopf, j'avais oublié lors de notre rendez-vous que j'avais une réunion de faculté demain à 6 heures. C'est pourquoi j'ai demandé à Monsieur Abraham de venir dîner demain après la [biffé :conférence] séance (7h30). Je vous prie de venir également. J'inviterai également Monsieur Rusch et probablement Monsieur le Prof[essor] Zermelo. Avec mes meilleures salutations / Votre Einstein"
Edition originale.
Reliures en demi chagrin noir, dos à cinq nerfs sertis de guirlandes dorées, dates dorées en queues, plats de papier marbré, gardes et contreplats de papier peigné, têtes dorées.
Quelques rousseurs essentiellement en début en fin de volume.
Préface de Prosper Mérimée.
Lettre autographe signée de George Sand adressée à son amie Stéphanie Bourjot, fille d'Étienne Geoffroy-Saint-Hilaire. Quatre pages rédigées à l'encre bleue sur un feuillet remplié au chiffre de George Sand. Pliures inhérentes à l'envoi.
Cette lettre a été partiellement publiée dans Correspondance, t. XIV, n° 7846.
Très belle lettre, en partie inédite, dans laquelle George Sand évoque l'ouvrage de Marie Pape-Carpantier et l'éducation de sa jeune servante Marie Caillaud : « C'est un excellent livre, dans lequel j'apprends à lire à ma jeune servante, une fille extraordinairement intelligente et dont ce livre ouvre l'esprit à toutes sortes de bonnes notions. Ç'a été pour moi une éducation à part que celle de cet enfant de 18 ans qui n'en avait que 2, il y a six mois, et qui a maintenant son âge, avec toute la candeur de l'enfance conservée. Donc tous les soirs, nous lisons les historiettes de Marie Carpentier, et je m'y intéresse autant que mon élève. »
Marie Caillaud n'a que onze ans lorsque George Sand la fait entrer à son service afin de s'occuper de la vaisselle et du poulailler, ce qui lui vaudra le sobriquet de « Marie des poules ». Mais l'écrivaine repère bien vite l'intelligence de la jeune paysanne : elle en fait rapidement sa gouvernante et à partir de 1856, la jeune fille participe aux séances du petit théâtre de Nohant. C'est au début des années 1858 que l'on trouve mention de son apprentissage notamment dans une lettre de George Sand à son ami Charles Duvernet : « Dans mes soirées d'hiver, j'ai entrepris l'éducation de la petite Marie, celle qui jouait la comédie avec nous. De laveuse de vaisselle qu'elle était, je l'ai élevée d'emblée à la dignité de femme de charge que sa bonne cervelle la rend très apte à remplir. Mais un grand obstacle, c'était de ne pas savoir lire. Ce grand obstacle n'existe plus. En trente leçons d'une demi-heure chacune, total quinze heures en un mois, elle a su lentement, mais parfaitement toutes les difficultés de la langue. Ce miracle est dû à l'admirable méthode Laffore, appliquée par moi avec une douceur absolue sur une intelligence parfaitement nette. » (16 février 1858)
Intime de l'écrivaine, Marie Caillaud deviendra finalement une comédienne influente de la scène de Nohant et côtoiera les illustres invités de George Sand : Delacroix, Gautier, Dumas, le prince Jérôme Bonaparte...
Mais Marie ne fut pas la première élève de George Sand, qui demeura toute sa vie durant intéressée par la question de la pédagogie et apprit à lire non seulement à ses enfants, mais aussi à ses petits-enfants et à plusieurs personnes de son entourages (domestiques, paysans).
Cette lettre montre toute l'implication qu'elle eut dans son rôle de maîtresse, réfléchissant sans cesse à des manières pertinentes et efficaces d'enseigner : « Mais ce qui manque, du moins à ma connaissance, c'est une méthode de lecture. J'en ai fait une (pour mon usage, je ne l'ai pas écrite.) tirée d'abord de celle de Laffore, et modifiée à mon idée. Mais ce que je n'ai pas trouvé dans les manuels à l'usage de l'enfance et des écoles primaires, c'est un livre d'exercices bien faits pour apprendre à lire logiquement tout en se rendant compte de l'orthographe des mots. Ce livre existe-t-il ? » Loin d'être un simple passe-temps, l'éducation revêtit pour George Sand une importance capitale et, comme le souligne Georges Lubin, elle ne se borna donc pas à alphabétiser les plus jeunes. Il faut dire que la mère de Sand lui apprit elle-même à écrire dès l'âge de cinq ans : « Elle se rendit compte très tôt que la seule voie pour atteindre à l'égalité était l'émancipation intellectuelle. L'ignorance où les femmes étaient tenues était la cause de leur esclavage. L'ignorance où le peuple était tenu était le fondement de l'inégalité qui régnait entre les classes. L'éducation était le sésame qui ouvrirait les portes fermées. » (« George Sand et l'éducation » in Nineteenth-Century French Studies, 1976)
Beau et important témoignage du combat sans relâche que mena George Sand pour l'émancipation féminine par l'éducation.
Edition originale, un des 10 exemplaires numérotés sur japon impérial, le nôtre un des 3 hors commerce lettrrés, tirage de tête après 6 chine.
Reliure en plein maroquin terre de Sienne, dos lisse, date dorée en queue, gardes et contreplats de papier à effet moiré, encadrement d'un filet doré sur les contreplats, couvertures et dos conservés (dos restauré et doublé), tête dorée, étui bordé de maroquin terre de Sienne, étui de cartonnage façon bois, intérieur de feutrine blanche, reliure de l'époque signée Roger Arnoult.
Notre exemplaire est enrichi d'une lettre autographe signée d'une page de Jean Cocteau et montée sur onglet, écrite depuis La Roche Posay dans la Vienne, probablement adressée à Pierre Benoit et dans laquelle il évoque humoristiquement Charlie Chaplin, son fragile état de santé et son ennui : "... Me voilà dans ce film de Charlot : "Charlot fait une cure" - parmi les clowns et clowneries du mercurochrome... Le docteur H. arrive à éteindre mon fer de travail avec ses pelotes d'épingles aquatiques. Mon ventre gargouille. Si tu venais ce serait une très bonne cure. Que penses-tu de cette publicité pour La Roche : La Roche source d'ennuis."
Bel exemplaire agréablement établi par Roger Arnoult, élève de l'école Estienne, actif jusqu'en 1980 et qui travailla avec et pour les plus grands relieurs de son temps comme René Aussourd, Anthoine-Legrain, Paul Bonet, Georges Cretté, Pierre-Lucien Martin...
« Tu me dis : Aime l'art, il vaut mieux que l'amour
[...]
Et moi. je te réponds : La langue du poête
Ne rend du sentiment que l'image incomplète ».
« Des maîtres les plus grands les œuvres les plus belles,
Auprès du beau vivant, compare, que sont-elles ? »
Tu me dis : Aime l'art, il vaut mieux que l'amour ;
Tout sentiment s'altère et doit périr un jour !
Pour que le cœur devienne une immortelle chose,
Il faut qu'en poésie il se métamorphose,
Et que chaque pensée en sorte incessamment,
En parant sa beauté d'un divin vêtement.
Sentir, c'est aspirer!... c'est encor la souffrance ;
Mais créer, c'est jouir, ! c'est prouver sa puissance ;
C'est faire triompher de la mort, de l'oubli,
Toutes les passions dont l'âme a tressailli!
Et moi. je te réponds : La langue du poête
Ne rend du sentiment que l'image incomplète ;
Concevoir le désir, goûter la passion,
Nous fait dédaigner l'art et sa création ;
Formuler les pensers dont notre esprit s'enivre,
Ce n'est que simuler la vie : aimer, c'est vivre ; !
C'est incarner le rêve, et sentir les transports
Dont l'art ne peut donner que des emblèmes morts !
Des maîtres les plus grands les œuvres les plus belles,
Auprès du beau vivant, compare, que sont-elles?
Corrége et le Poussin, Titien et Raphaël,
Rubens, dont la palette est prise à l'arc-en-ciel,
Éblouissant nos yeux, ont groupé sur leurs toiles
Des visages divins et de beaux corps sans voiles !
Mais hier, quand soudain à nos regards charmés
Ces tableaux immortels se trouvaient animés,
Lorsqu'au lieu de la chair que la couleur imite,
Nous avons admiré cette chair qui palpite,
Où le sang, à travers l'épiderme soyeux,
Circule en répandant des reflets lumineux ;
Lorsque nous avons vu d'exquises créatures,
Dont les beaux torses nus, les bras aux lignes pures,
Le sein ferme et mouvant, le visage inspiré,
Faisaient vivre à nos yeux quelque groupe sacré,
Oh ! n'as-tu pas senti quelle impuissante envie
C'est de vouloir dans l'art inoculer la vie
Et ne t'es-tu pas dit, du réel t'enivrant :
La beauté seule est belle, et l'amour seul est grand !
Edition originale, un des 500 exemplaires numérotés sur pur fil.
Reliure en plein maroquin terre de Sienne, dos lisse comportant un léger accroc en tête, date dorée en queue, gardes et contreplats de papier à effet moiré, encadrement d'un filet doré sur les contreplats, couvertures et dos conservés, tête dorée étui bordé de maroquin terre de Sienne, étui de cartonnage façon bois, intérieur de feutrine blanche, reliure de l'époque signée Roger Arnoult.
Notre exemplaire est enrichi d'une lettre autographe signée d'une page de Jean Cocteau et montée sur onglet, datée d'avril 1959, probablement adressée à Pierre Benoit : "Nôtre Pierre fantôme... c'est autour de votre souvenir qu'on se réunit. C'est une chaîne bien étonnante que celle de cette affreuse et délicieuse cabane. Pensez moi. Je pense à vous. Je vous aime et je me résigne à vous aimer en rêve."
Bel exemplaire agréablement établi par Roger Arnoult, élève de l'école Estienne, actif jusqu'en 1980 et qui travailla avec et pour les plus grands relieurs de son temps comme René Aussourd, Anthoine-Legrain, Paul Bonet, Georges Cretté, Pierre-Lucien Martin...
Lettre autographe signée d'Emile Zola adressée à Henry Fouquier, rédigée à l'encre noire sur un double feuillet. Pliures inhérentes à l'envoi.
Cette lettre a été transcrite dans la correspondance complète d'Emile Zola éditée par le CNRS et les Presses de l'Université de Montréal.
Belle lettre évoquant La Terre et La Puissance des Ténèbres de Tolstoï.
Henry Fouquier (1838-1900) fut critique littéraire et chroniqueur pour de nombreux journaux. Proche ami de Guy de Maupassant, il appuya la candidature d'Emile Zola à l'Académie française.
Nouvelle édition réunissant, outre la correspondance de Cortés lui-même, une collection de documents relatifs à la conquête du Pérou, dont les lettres adressées au conquistador par ses principaux lieutenants (cf Palau 63 205. Leclerc 2575.)
Élève de Silvestre de Sacy pour l'arabe, Pascual de Gayangos y Arce (1809-1897) fut l'un des plus grands orientalistes espagnols du XIXe siècle ; ses travaux le portèrent davantage vers l'histoire musulmane.
Dos fendillé comportant de petits manques, une déchirure en angle supérieur gauche du premier plat, quelques rousseurs, déchirures et manques marginaux sur le second plat.
Première édition collective en partie originale, « extrêmement importante » selon Clouzot : « De plus en plus recherchée, à juste raison, elle comporte en édition originale : une partie des Fleurs du Mal, les Petits Poèmes en prose, les Curiosités esthétiques (sauf les deux Salons), L'Art romantique (sauf Gautier et Wagner). »
Les Fleurs du Mal est en troisième édition – et dernière voulue par l'auteur – en partie originale, à la bonne date de 1868. Vingt-cinq poèmes des Fleurs du Mal paraissent ici pour la première fois, l'édition totalisant à présent 151 poèmes (contre 100 pour l'édition de 1857).
Volume 1 : Les Fleurs du Mal, volume 2 : Curiosités esthétiques, volume 3 : L'Art romantique, volume 4 : Petits Poèmes en prose, volume 5 : Histoires extraordinaires, volume 6 : Nouvelles Histoires extraordinaires et volume 7 : Aventures d'Arthur Gordon Pym - Eurêka.
Reliures en demi chagrin bordeaux, dos à cinq nerfs ornés de fleurons dorés, plats de papier marbré, gardes et contreplats de papier caillouté, reliures de l'époque.
Une très évocatrice lettre autographe de charles Baudelaire citant toutes ses œuvres en cours signée « C. B. » et adressée à Auguste Poulet-Malassis a été montée sur onglet en tête des Fleurs du Mal. Quatre pages rédigées au crayon de papier sur un double feuillet en date du 13 juin 1859. Cette lettre a été publiée dans Les Lettres (Mercure de France, 1906). Baudelaire écrit de Honfleur à son éditeur, où il se trouve chez sa mère depuis avril 1859. Cette dernière a réservé à son fils deux pièces mansardées de sa maison et la proximité de la mer semble propice au travail : « Vous me direz ce que vous pensez de mon Salon. Et de mon Gautier ? Dans peu de temps, je vais pouvoir vous livrer votre Opium et Haschisch, et peu de temps après, les Curiosités complètes, qui seront suivies des Nouvelles fleurs. » Le poète doit travailler sans relâche pour éponger ses dettes parisiennes et notamment celles contractées auprès du destinataire de cette lettre : "Puis-je aller à Paris, sans crainte ? Sans inquiétude ? "Je fais allusion au billet de 430 […], et à la promesse de renouvellement que vous m'avez faite à Paris. […] Vous vous brouilleriez avec De Broise, si vous aviez un protêt, et si j'en avais un ici, ma mère me flanquerait à la porte. Or, je veux utiliser jusqu'à la fin de l'année la bonne disposition du travail où je suis. »
Rare et précieux ensemble en reliure uniforme de l'époque de la célèbre première édition des œuvres complètes précédée de la longue et belle notice de Théophile Gautier rendant hommage à son disciple « impeccable », enrichi d'une belle lettre autographe dans laquelle l'Albatros évoque ses principales œuvres.
Belle lettre autographe signée de Colette adressée à son amie Bolette Natanson. Deux pages rédigées à l'encre sur un papier bleu. Pliures transversales inhérentes à la mise sous pli de la missive.
Comme à son habitude très protectrice et maternelle avec son amie, Colette la complimente : "Comme tu es gentille, - comme tu es Bolette". De dix-neuf ans son aînée, elle loue la jeunesse de "[son] enfant" : "Tu es ma "provision d'hiver", la jeunesse dont j'aurai besoin, plus tard, bien plus encore qu'à présent. Soigne-toi bien ma jeunesse en grange".
Evoluant depuis sa plus tendre enfance dans les milieux artistiques - elle est la fille d'Alexandre et la nièce de Thadée Natanson, les créateurs de la fameuse Revue Blanche - Bolette Natanson (1892-1936) se lia d'amitié avec Jean Cocteau, Raymond Radiguet, Georges Auric, Jean Hugo ou encore Colette.
Passionnée par la couture, elle quitte Paris pour les Etats-Unis avec Misia Sert, grande amie de Coco Chanel et est embauchée chez Goodman. Avec son mari Jean-Charles Moreux, ils créèrent en 1929 la galerie Les Cadres boulevard Saint-Honoré et fréquentèrent de nombreux artistes et intellectuels. Leur succès fut immédiat et ils multiplièrent les projets : la création de la cheminée de Winnaretta de Polignac, la décoration du château de Maulny, l'agencement de l'hôtel particulier du baron de Rothschild, la création de cadres pour l'industriel Bernard Reichenbach et enfin la réalisation de la devanture de l'institut de beauté de Colette en 1932. Bolette Natanson encadra également les œuvres de ses prestigieux amis peintres : Bonnard, Braque, Picasso, Vuillard, Man Ray, André Dunoyer de Segonzac, etc. En dépit de cette fulgurante ascension, elle mettra fin à ses jours en décembre 1936 quelques mois après le décès de son père.
Longue lettre autographe de Stendhal, adressée à sa sœur Pauline, rédigée d'une écriture fine à l'encre noire.
Adresse du père de Stendhal chez qui réside sa sœur, à Grenoble et tampon « n°51 Grande Armée ». Cachet de cire rouge aux armes de Stendhal.
Plusieurs pliures d'origine, inhérentes à l'envoi postal. Un manque de papier, dû au décachetage de la lettre, habilement comblé.
Très belle lettre, empreinte de passion romantique, mêlant nostalgie de l'enfance et histoires sentimentales et préfigurant Le Rouge et le Noir.
Lettre autographe de George Sand adressée à Gustave Flaubert datée du 21 décembre 1867, 8 pages sur deux feuillets rempliés. Publiée dans la Correspondance, XX, pp. 642-645.
Issue d'une des plus belles correspondances littéraires du siècle, cette lettre écrite à la veille de Noël 1867 est un sublime témoignage de la franche amitié entre George Sand, le « vieux troubadour » et Gustave Flaubert baptisé « cul de plomb » après avoir décliné son invitation à Nohant pour achever l'Éducation sentimentale.
Malgré les dix-sept ans qui les séparent, leurs tempéraments opposés et leur conception de la vie divergentes, le lecteur est saisi par la tendresse mais aussi l'étonnante verdeur de cette longue confidence de George Sand. Alors au faîte de sa gloire littéraire et à la joie de son théâtre de Nohant, Sand s'entretient longuement de politique, de leur séparation, de leur conception du travail d'écrivain, de la vie même.
Dans cette lettre à l'allure de « courant de conscience », Sand couche naturellement et librement sur le papier huit pages de conversations avec l'écrivain, qui ne fait que de trop rares et brèves apparitions à Nohant : « Mais comme je bavarde avec toi ! Est-ce que tout ça t'amuse' Je le voudrais pour qu'une lettre de causerie te remplaçât un de nos soupers que je regrette aussi, moi, et qui seraient si bons ici avec toi, si tu n'étais un cul de plomb qui ne te laisses pas entraîner, à la vie pour la vie », tandis que chez Flaubert, alors plongé dans l'écriture de l'Éducation sentimentale, la devise est plutôt l'art pour l'art. Cette fin d'année 1867 est marquée par la douleur de la disparition d'un « presque frère », François Rollinat, que Sand apaise par ses lettres à Flaubert et les soirées animées à Nohant : « Voilà comme je vis depuis 15 jours que je ne travaille plus. [...] Ah' ! quand on est en vacances, comme le travail, la logique, la raison semblent d'étranges balançoires ». Sand lui reprochait volontiers de travailler sans relâche dans sa robe de chambre, « l'ennemi de la liberté », alors qu'elle, courait par monts et par vaux, de Cannes à la Normandie, jusque sur les terres de l'écrivain qu'elle avait visitées en septembre. À cette occasion, Sand avait relu avec bonheur Salammbô dont quelques lignes se retrouvent dans Mademoiselle Merquem, sa dernière œuvre en date.
Leur amitié littéraire et virile, comme celle avec Rollinat, défia toute la vieille garde des littérateurs qui affirmaient l'impossibilité d'une liaison sincère entre l'homme et la femme. Sand, qu'on a tour à tour qualifié de lesbienne, de nymphomane, rendue célèbre pour ses amours retentissantes et si diverses, entame une longue et riche correspondance avec Flaubert pour qui elle est une mère et un vieil ami. Le « vieux troubadour » ou « vieux cheval » ne se considérait même plus comme femme, mais comme un être quasi-homme, rappelant ses travestissements de jeunesse et son formidable mépris des barrières entre les sexes. À Flaubert qui avait écrit à celle qu'on surnomma la « papesse des gynandres » : « Pour mieux tirer à l'arc, elles s'écrasaient le téton », en évoquant les Amazones ; Sand répond « Je ne suis pas dans ton idée qu'il faille supprimer le sein pour tirer l'arc. J'ai une croyance tout à fait contraire pour mon usage et que je crois bonne pour beaucoup d'autres, probablement pour le grand nombre ». Guerrière certes, mais guerrière pacifique, Sand a volontiers adopté les usages d'un monde de lettrés misogynes, tout en ayant su rester elle-même : « Je crois que l'artiste doit vivre dans sa nature le plus possible. À celui qui aime la lutte, la guerre ; à celui qui aime les femmes, l'amour ; au vieux qui, comme moi, aime la nature, le voyage et les fleurs, les roches, les grands paysages, les enfants aussi, la famille, tout ce qui émeut, tout ce qui combat l'anémie morale. » ajoute-t-elle ensuite. Belle évocation de sa « période verte », ce passage consacre le temps des romans champêtres de Sand, qui, assagie par les années, s'était tout entière livrée à la contemplation pour l'écriture de François le Champi, La Mare au diable, et La Petite Fadette. Mais son amour de la nature ne l'a pas empêché de conquérir sur les hommes le terrain du langage, elle qui encore à 63 ans « scandalisait les inscandalisables », selon les frères Goncourt.
Fidèle à ses idéaux socialistes, elle laisse libre cours à son aversion pour Adolphe Thiers « Étroniforme est le mot sublime qui classe cette espèce de végétaux merdoïdes [...] Oui, tu feras bien de disséquer cette âme en baudruche et ce talent en toile d'araignée ! ». Devenu le chef de l'opposition libérale au Second Empire de Napoléon III, Thiers venait de prononcer un discours affirmant la défense des États pontificaux et faisant volte-face à Garibaldi, futur père de la patrie italienne. On avait en effet bien ri à Nohant de la logorrhée de Flaubert, envoyée trois jours auparavant : « Rugissons contre Monsieur Thiers ! Peut-on voir un plus triomphant imbécile, un croûtard plus abject, un plus étroniforme bourgeois ! » écrit-il. Sand renchérit sur le même ton et décline le néologisme : « Maurice trouve ta lettre si belle [...] Il n'oubliera pas étroniforme, qui le charme, étronoïde, étronifère ». Dans ce contexte d'intense polémique, Sand met également en garde Flaubert, qui court le risque de reléguer son œuvre au statut de roman de circonstance en incluant sa critique de Thiers dans l'Éducation sentimentale : « Malheureusement quand ton livre arrivera, il sera peut-être claqué et peu dangereux, car de tels hommes ne laissent rien après eux. Mais peut-être aussi sera-t-il au pouvoir. On peut s'attendre à tout. Alors, la leçon sera bonne. »
Leurs aspirations socialistes et leur anticléricalisme ne les empêchent pas d'entretenir des avis très divergents sur l'essence du roman et le travail de l'écrivain : « l'artiste est un instrument dont tout doit jouer avant qu'il joue des autres. Mais tout cela n'est peut-être pas applicable à un esprit de ta sorte qui a beaucoup acquis et qui n'a plus qu'à digérer. ». Le détachement de Flaubert, son cynisme affiché pour ses personnages à l'instar de Madame Bovary, sévèrement jugée par le narrateur, se distinguait nettement du rapport affectif et personnel de Sand à l'écriture. Cette attitude presque schizophrène de Flaubert la confond volontiers et lui fait craindre pour sa santé mentale : « Je n'insisterais que sur un point, c'est que l'être physique est nécessaire à l'être moral et que je crains pour toi un jour ou l'autre une détérioration de la santé qui te forcerait à suspendre ton travail et à le laisser refroidir. » Flaubert ne se trahit et ne se révèle jamais à travers ses romans, au contraire de Sand, qui se jette corps et âme dans ses œuvres : « Je crois que l'art a besoin d'une palette toujours débordante de tons doux ou violents suivant le sujet du tableau ».
Alors que Flaubert, besogneux et pétri d'angoisses littéraires, est reclus à Croisset, Sand jouit cependant de sa liberté à Nohant, lieu de félicité familiale mais aussi de vie égalitaire où elle « [s']amuse à en être éreintée ». Elle troque volontiers les séances de tête à tête avec l'encrier pour les planches du petit théâtre à Nohant : « Ces pièces-là durent jusqu'à 2 h du matin et on est fou en sortant. On soupe jusqu'à 5 h. Il y a représentation deux fois par semaine et le reste du temps, on fait des trucs, et la pièce (qui) continue avec les mêmes personnages, traversant les aventures les plus inouïes. Le public se compose de 8 ou 10 jeunes gens, mes trois petits-neveux et les fils de mes vieux amis. Ils se passionnent jusqu'à hurler. ». Persévérante, elle incite une nouvelle fois son « cul de plomb » à sortir de sa retraite forcée : « Je suis sûre que tu t'amuserais follement aussi, car il y a, dans ces improvisations, une verve et un laisser-aller splendides, et les personnages sculptés par Maurice ont l'air d'être vivants, d'une vie burlesque, à la fois réelle et impossible ; cela ressemble à un rêve. » Deux ans plus tard, Flaubert fera une entrée fracassante à Nohant et Sand en sortira « courbaturée » après des jours de fête. Le Normand fit la lecture intégrale de son Saint-Antoine et dansa la cachucha habillé en femme !
Exceptionnelles pages de George Sand en communion spirituelle avec son illustre confrère ; Flaubert fut l'un des seuls à qui elle s'adressa aussi librement, crûment, mais tendrement, scellant par les mots sa profonde amitié avec le « grand artiste [...] du petit nombre de ceux qui sont des hommes » (lettre à Armand Barbès, 12 octobre 1867).
Notre lettre est présentée sous une chemise en demi maroquin noir, plats de papier caillouté, contreplat d'agneau velours noir et en regard garde de plexiglas protégeant la lettre, étui bordé de maroquin noir, plats de papier caillouté, ensemble signé P. Goy & C. Vilaine.
Lettre autographe d'Honoré de Balzac signée à Gustave Silbermann, datée du 18 mai [1846], avec cachet à sec de l'hôtel des Trois Rois à Bâle. Fragile document, traces de pliures ayant occasionné en tête des déchirures avec manque, trois manques angulaires affectant quelques lettres. dont les deux dernières lettres de la signature de l'auteur.
Beau témoignage épistolaire du goût immodéré de Balzac pour la collection d'art, dans cette lettre probablement inédite adressée à son ami le libraire-imprimeur strasbourgeois Gustave Silbermann. Balzac prévoit un séjour à Strasbourg, pendant lequel il confiera plus tard s'être fiancé avec Madame Hanska.
Lettre autographe de Pierre-Joseph-Marie Proudhon, signée et datée du 7 novembre 1862. 3 pages pages à l'encre noire sur un bifeuillet. Pli du bifeuillet fragilisé, sans atteinte au texte. Absente de sa correspondance parue chez Lacroix en 1875.
Importante missive probablement inédite de Proudhon à son éditeur Alphonse Lebègue, qu'il considère comme "la cause de la liberté en France et de l'indépendance en Belgique" dans ces lignes.
Proudhon souligne l'importance de son combat idéologique pour le fédéralisme en Europe, après la publication controversée de son pamphlet La Fédération et l'unité en Italie, et quelques mois avant la parution de son testament politique Du Principe fédératif. Il critique violemment la piètre qualité de l'Histoire du Consulat et de l’Empire d'Adolphe Thiers, son célèbre adversaire. Depuis ses années à Bruxelles, Proudhon avait voulu écrire un livre déboulonnant le mythe de Napoléon porté dans cet ouvrage.
Féroce lettre autographe signée adressée à Jacques Chardonne qui n'est pas nommément cité, 30 lignes à l'encre noire à en-tête de la revue Le Nouveau Femina, à propos de la vie culturelle et de l'actualité politique.
Traces de pliures inhérentes à la mise sous pli, une tache d'encre noire sans atteinte au texte, deux trous avec, pour le premier, perte d'une lettre : le deuxième "e" de Hecquet ; et pour le second, perte du mot "il".
"Les dernières lettres sont épatantes. Et courtes, comme il fallait pour ne pas trop s'éloigner du drame. Les oeuvres complètes de Léon Blum vont paraître chez Albin Michel. On va voir. Anatole de Monzie, homme d'une très belle intelligence n'a rien écrit de fameux. Aujourd'hui, le moins ignare s'appelle Ramadier (Paul Ramadier, plusieurs fois ministre après la Libération) Il n'a pas été réélu. C'est un franc-maçon acharné. Mendès-France est un marchand de cravates me dit Stephen Hecqu[e]t. [Il] faut supprimer son nom de ma dernière lettre (celle qui est si longue, où je parle des hommes politiques susceptibles d'écrire). A bientôt. Roger Nimier."
Belle lettre autographe datée et signée adressée à son ami Pierre Louÿs, 7 pages à l'encre violette sur deux bi-feuillets, enveloppe jointe.
Traces de pliures inhérentes à la mise sous pli.
Bientôt permissionnaire du corps expéditionnaire du Maroc, Claude Farrère annonce à son ami son prochain retour en France après un périple andalou : "je pendrai au plus tardle train du 4 juin, à Algéricas ; lequel train, après escales à Grenade, Cordoue, Séville et Tolède, me déposera, le 11 au matin, à Toulon - Voilà ! "
Il mentionne un ouvrage qui a marqué son esprit et qui évoque deux femmes : "feuilletez, vous comprendrez l'in térêt que j'attache au cas, intérêt tout à fait analogue à celui que vous inspire une jeune personne à ui je vais dédier mon prochain conte au journal intitulé : "sur le Boul' Mad'... La préface du bouquin en question est un chef d'oeuvre d' (je ne sais pas de quoi ! Fichtre ! On va bien, de nos jours... [...] voyez-vous qu'on publiât des histoires comme ça sur notre... dos- quatre ans après notre mort ???
Claude Farrère ironise sur son activité littéraire et épistolaire qu'il entretient avec son ami : "J'aurais tellement besoin de regarder vos Hok'saï avant d'écrire certaines pages de mon sale bouquin ! ... Mon Maroc n'est pas du temps perdu. Je l'ai considéré comme dix mois de travail forcé. Et je vous en rapporte un manuscrit qui en est aujourd'hui à sa 392e pages, - qui toutes ensemble ne valent pas une ligne de Psyché ! "
Son esprit frondeur et indépendant lui attire la méfiance de l'institution militaire : "Votre lettre datée du 8 mai, ne m'est arrivée qu'hier 18. J'ai lieu de croire que ma correspondance est très surveillée depuis quelque temps."
Lettre autographe signée d'Emile Zola adressée à Octave Mirbeau, datée de sa main du 4 Mars 1901. Deux pages à l'encre noire sur un bifeuillet.
Trace de pli horizontal inhérente à l'envoi postal.
Publiée dans sa Correspondance, t. X, p. 242.
Précieuse lettre de Zola à son grand soutien Octave Mirbeau, qui avait payé pour lui son amende au terme de son deuxième procès pour "J'accuse !".
Désormais amnistié, l'écrivain tente - en vain - de récupérer la somme pour le rembourser.
Après son historique cri du cœur dans l'Aurore, Zola est condamné une première fois par le jury de la Seine le 23 février 1898 à un an de prison et trois mille francs d'amende. Le jugement est annulé en cassation, et l'affaire est renvoyée devant les assises de Versailles, qui ne retiennent que trois lignes sur les huit cent que comptent "J'accuse !" comme chef d'accusation. Pour ne pas accepter un tel étouffement des débats, la défense de Zola décida de faire défaut, et la condamnation fut confirmée le 18 juillet - Zola part le soir même pour Londres afin d'éviter la prison. Le tribunal lui réclame par ailleurs 7555 francs, que Mirbeau décide spontanément de payer de ses propres deniers. C'est aussi Octave Mirbeau qui permit d'éviter la saisie des meubles de Zola, en obtenant de Joseph Reinach les 40 000 francs de dommages qu'on avait condamné Zola à payer aux trois pseudo-experts en écriture qu'il avait "diffamés" dans J'accuse!...
Suite à la loi d'amnistie qui met fin aux poursuites judiciaires de « tous les faits criminels ou délictueux connexes à l'affaire Dreyfus », Zola est relaxé mais n'est pas remboursé pour autant. Cette lettre atteste du désir de l'écrivain de rétribuer Mirbeau pour son acte de générosité : "Labori [son avocat] va tenter une démarche pour tâcher de rattraper les sept mille et quelques francs que vous avez versés en mon nom, pour l'affaire de Versailles. Il désire seulement à avoir une lettre de vous, afin de la montrer et d'être ainsi autorisé à parler en votre nom. Vous n'avez certainement pas là bas le reçu qui vous a été délivré. Peut-être vous en rappelez-vous les termes. En tous cas, s'il faut attendre, on attendra, car rien ne presse en somme. L'important est seulement aujourd'ui de tâter le terrain, pour voir si l'on nous rendra l'argent". Pourtant, le parquet lui refusera sa requête. Furieux, Zola écrira deux jours plus tard une lettre à Labori lui demandant de renoncer à réclamer le moindre centime - il la publiera dans L'Aurore sous le titre "Qu'ils gardent l'argent" : "on torture le texte de la loi et l'Etat lui aussi garde l'argent. Si le parquet s'entête à cette interprétation, ce sera une monstruosité encore, dans l'indigne façon dont on m'a refusé toute justice [...] Je ne veux pas être complice en acceptant quoi que ce soit de leur amnistie [...]". Selon Pierre Michel, ces tentatives infructueuses de recouvrement, dont atteste cette lettre, ont "incité Zola à adopter une attitude qui souligne davantage encore son désintéressement et celui de son "ami", qui n'est pas désigné [dans l'article de L'Aurore], sans doute à la demande de Mirbeau."
La grâce de Dreyfus et l'amnistie de ses soutiens ne satisfait pas l'écrivain, mais marque néanmoins la fin de longues années de lutte : "J'ai fini mon écrasante besogne, et je vais me reposer un peu car je suis fourbu". Frappé en pleine gloire l'année suivante, il ne pourra être témoin de la réhabilitation du capitaine Dreyfus.
De belles lignes de Zola à Mirbeau qui lui a donné les moyens de poursuivre son combat pour la justice.
Lettre autographe signée d'Emile Zola adressée à l'actrice Marie Laurent, datée de sa main du 16 décembre 1896. Une pages et demi à l'encre noire sur un bifeuillet.
Traces de pli horizontal et vertical, inhérentes à l'envoi. Trace d'encre violette en marge extérieure gauche du premier feuillet, sans atteinte au texte.
Publiée dans sa Correspondance, éd. Bard H. Bakker, Colette Becker, octobre 1893-septembre 1897, p. 371.
Zola tente de venir en aide à l'actrice Marie Laurent qui créa le rôle de Thérèse Raquin au théâtre, et se heurte au refus de Fernand de Rodays, administrateur du Figaro.
Présidente de l'Orphelinat des Arts, l'actrice Marie Laurent avait sollicité l'écrivain pour appuyer la publication d'un article à propos de l'oeuvre de charité dans les colonnes du Figaro. Zola essuie un refus catégorique de la part de l'administrateur du journal Fernand de Rodays :
"Chère Madame,
Je n'ai pas de bonne nouvelle à vous donner. M. de Rodays ne m'a pas même laissé achever, et il m'a déclaré qu'il était résolu à ne publier dans le Figaro aucun article sur l'Orphelinat des Arts. Il m'a été impossible même d'insister, devant son parti pris formel. J'aurais été fort heureux de vous être agréable et je regrette l'obstacle qui m'en empêche. Je le répète, toute insistance est inutile.
Veuillez me croire quand même, chère Madame, votre fidèle et dévoué"
Belle missive d'Emile Zola à l'actrice qui, selon les dires de l'écrivain, "a véritablement créé le rôle de Madame Raquin [...] c'est elle qui a trouvé tout cet admirable personnage du quatrième acte, cette haute figure du châtiment implacable et muet, ces deux yeux vivants cloués sur les coupables et les poursuivant jusque dans l'agonie." (Préface de Thérèse Raquin, Drame en quatre actes, Charpentier, 1875).
Lettre autographe signée d'Emile Zola adressée à Octave Mirbeau, datée de sa main du 19 août 1898. Quatre pages à l'encre noire sur un bifeuillet.
Trace de pli horizontal, inhérente à l'envoi.
Publiée dans ses Œuvres complètes, t. XLIX, éd. F. Bernouard, 1927, p. 808.
Superbe missive d'amitié et d'abnégation d'Emile Zola en exil, après avoir été condamné à la peine maximale pour avoir écrit "J'accuse !"
Après son historique cri du cœur dans l'Aurore, Zola est condamné une première fois par le jury de la Seine le 23 février 1898 à un an de prison et trois mille francs d'amende. Le jugement est annulé en cassation, et l'affaire est renvoyée devant les assises de Versailles, qui ne retiennent que trois lignes sur les huit cent que comptent "J'accuse !" comme chef d'accusation. Pour ne pas accepter un tel étouffement des débats, la défense de Zola décida de faire défaut, et la condamnation fut confirmée. Après sa sortie mouvementée du Palais de Justice, Clémenceau et son avocat Labori lui conseillèrent de quitter le pays avant que le jugement ne pût devenir exécutoire. Il partit le soir même par le dernier train, avec pour seul bagage une chemise roulée à la hâte dans du papier journal.
Un mois après son départ, l'écrivain rédige cette superbe réponse à une lettre de son fidèle soutien, Octave Mirbeau, qui lui écrit quelques jours auparavant : « Nous ne pensons qu'à vous ; il n'est pas une minute de notre existence que vous ne la remplissiez tout entière » (14 août 1898). Installé à Weybridge dans la banlieue londonienne, il reçoit avec colère les "échos de Paris" et enrage de voir Esterhazy encore blanchi, cette fois par la justice civile.
« Mon cher ami,
Merci de votre bonne lettre [...] Dans la lâcheté universelle, vous ne sauriez croire combien je suis ému de sentir quelques fidèles autour de moi.
Mon existence, ici, est devenue possible; depuis que j'ai pu me remettre au travail. Le travail m'a toujours réconforté, sauvé. Mais mes pauvres mains n'en restent pas moins tremblantes d'un frisson qui ne peut finir. Vous ne sauriez croire la révolte où me jettent les échos de France qui m'arrivent. Le soir, quand le jour tombe, je crois que c'est la fin du monde.
Vous pensez que je dois rentrer et me constituer prisonnier, sans retourner à Versailles. Cela serait trop beau, d'avoir ainsi la paix de la prison, et je ne crois pas que cela soit possible. Je ne suis pas parti pour rentrer ainsi, notre attitude ne serait ni logique, ni belle. Je crois plutôt que c'est pour moi l'exil indéfini, à moins de courir l'abominable risque d'un nouveau procès. D'ailleurs nous ne pourrons prendre un parti qu'en octobre. Et d'ici là, qui sait ? bien que je ne compte plus que sur un miracle, auquel je ne crois guère.
Soyons donc braves, mon ami, et que notre oeuvre se fasse ! Si je puis continuer à travailler, tout n'ira encore pas trop mal.
[...]
Je vous embrasse vous-même, mon bon ami, l'ami fidèle et rare des jours mauvais »
Poignante confession manuscrite de l'écrivain justicier contraint à l'exil. La mort viendra le frapper en pleine gloire, sans qu'il puisse connaître le dénouement de l'Affaire à laquelle il a consacré de longues années de lutte.
Billet autographe de François René de Chateaubriand, 12 lignes à l'encre noire sur un double feuillet , adressé à madame Amédée de Duras se réjouissant de sa meilleure santé.
Une déchirure avec manque inhérente au fait que le cachet a été rompu pour faciliter la lecture du billet.
"Mde de CH[ateaubriand]. me dit de vous répondre: si je meurs, madame, ce sera à vos pieds le matin. Non pas à midi, mais à trois heures et demie. Je me porte à merveille chez ma soeur. Que cela ne soit pas vous, mais mde de Lévis qui m'ait vu perdre ma longue barbe er mon mouchoir turc. Ne venez pas, vous ne devriez pas venir. Mde de Ch[ateaubriand] est inconsolable... "