Lettre autographe signée d'Auguste Renoir, datée de sa main du 5 février 1909. 2 pages à l'encre noire sur un bifeuillet.
Trace de pli horizontal inhérent à l'envoi.
Renoir rédige cette missive dans sa maison des Collettes à Cagnes, qui vit naître des œuvres d'une grande sensualité, et où il s'essaya également à la sculpture. Le peintre commande des pinceaux et mentionne ici la venue de la famille du docteur Emile Baudot, son médecin de longue date et médecin-chef de la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest. Renoir eut comme unique élève la fille du vénérable docteur, Jeanne Baudot, dont il fit le portrait et qui posa aux côtés de son maître pour une toile de Maurice Denis.
Maurice Gangnat était un mécène, grand collectionneur d'art et ami intime de Renoir, qu'il rencontra en 1904 par l'entremise de Paul Gallimard. Lorsque celui-ci le présenta à Renoir, ses tableaux l'enthousiasmèrent tant qu'il en acheta immédiatement douze, au prix de vingt-mille francs . Il avait l'instinct du connaisseur, et Renoir lui laissait choisir chaque printemps le meilleur de sa production : "Il a l'oeil " disait-il de lui.
Gangnat acheta entre 1905 et 1917 cent-quatre-vingt tableaux lors de ses séjours aux Collettes, dont trente-six paysages de Cagnes et de ses environs.
"Cher Monsieur Gangnat,
Je retrouve sur ma table une lettre que je croyais depuis longtemps à la porte.
Je vous disais que j'avais reçu un avis de la Banque marseillaise ou vous avez eu l'obligeance de déposer de l'argent pour moi et que je vous renverrais ( ?)
Je prends la liberté de vous charger de m'apporter un paquet de pinceaux. Millaud vous les apportera chez vous. Nous comptons toujours sur vous le plus tôt possible. Les Baudot doivent me faire leur visite annuel vers le commencement de mars. Ce pauvre docteur est replacé à la gare Saint Lazare. Ce mois-ci il s'y attendait. [...]
J'espère que vous êtes en bonne santé et prévenez nous pour vous aller chercher à la gare.
Ma femme et moi vous envoyons toutes nos amitiés ainsi qu'à Madame Gangnat et à Philippe [...]"
Charmante et visuelle lettre du peintre à un très proche ami, pendant sa période cagnoise, commandant des pinceaux pour ses futurs chefs-d'oeuvre, notamment son Ode aux fleurs réalisée cette année-là.