Quatrième édition après l'originale de 1577 parue à Paris chez Nicolas Chesneau et l'édition d'Abel L'Angelier imprimée en 1584. Elle est identique à l'édition de 1612 d'Artus Thomas d'Embry, la première à contenir des gravures et à offrir les quatre derniers textes. Elle est illustrée d'un grand plan dépliant de Constantinople, d'une double planche légendée « Portraict de l'Armée de l'Empereur Turc rangée en Bataille », de 17 planches pour les tableaux prophétiques, de 62 gravures pleine page représentant les différents habitants de l'Empire ottoman (hommes et femmes) et de 27 planches de portraits de personnalités turques. Titre-frontispice répété. Pages de titre en rouge et noir.
Reliures de l'époque en plein veau brun, légèrement dissemblables, dos à six nerfs ornés de fleurons et caissons dorés. Une coiffe et certains coins refaits. Un travail de ver sans perte de lettres au premier volume, un mors fendu en pied du tome I, dernier feuillet de table du tome I remonté avec quelques manques de papier comblés sans atteinte au texte, sinon bon exemplaire.
Cette importante somme collective se décompose comme suit :
Tome I :
Histoire des Turcs par Chalcondyle Athénien, traduite par Thomas Artus et Blaise de Vigenère
Tome II :
suite et fin de l'Histoire des Turcs par François-Eudes Mezeray
Histoire générale du Serrail par Michel Baudier
Les Annales des Sultans
Plusieurs descriptions des accoustremens des Turcs
Tableaux prophétiques des Empereurs Sévère et Léon par Artus Thomas
Illustrations de Blaise de Vigenère bourbonnois, sur l'Histoire de Chalcondile athénien
Chalcondyle l'Athénien (ca. 1423-ca. 1490), historien grec et secrétaire de Mourad II, se réfugia à Constantinople. Son Histoire des Turcs fut rédigée après la prise de la ville en 1453 et couvre la période 1298 à 1463, décrivant la chute de l'Empire romain d'Orient et la prospérité de l'Empire ottoman. Près de cent ans plus tard, le traducteur Blaise de Vigenère (1523-1596) souligne l'originalité de l'œuvre et du style, qui relate d'une manière inhabituelle l'histoire ottomane. En effet, comme le souligne Jean Balsamo dans son article (« L'Histoire des Turcs à l'épreuve des Essais » in Histoire & littérature au siècle de Montaigne, Droz, 2011), le lecteur ne se trouve plus face à un récit de voyageur :
« La traduction de Chalondyle [sic] en revanche, entendait enfin proposer une véritable histoire des Turcs, capable de mettre en lumière le mystère de leur origine et l'extraordinaire « mutation d'empire » qui constituait la prise de Constantinople et leur soudaine hégémonie. Seul un historien en effet était à même de rendre compte du phénomène turc, d'en faire comprendre l'importance historique, égale à celle des Romains [...] sans se perdre dans la bigarrure et l'exotisme des cosmographies merveilleuses. »
Rare exemplaire abondamment illustré.