Agréable exemplaire de ce roman qui décrit, heure par heure, la journée du 22 Mars 1968 à l'université de Nanterre.
Lettre autographe de Jean Cocteau, signée de sa célèbre étoile, adressée à son grand amour, l'acteur Jean Marais. Datée par l'auteur de Juillet 1940. Une page et demie à l'encre noire sur un feuillet.
Deux petites déchirures marginales n'affectant pas le texte. Traces de plis transversaux inhérentes à l'envoi.
Magnifique lettre d'amour de Cocteau à Marais, qui forment l'un des couples d'artistes les plus mythiques du XXe siècle. Sur fond de débâcle et d'Occupation allemande, leur lien indéfectible s'incarne en cette lettre de l'écrivain aux accents désespérés.
Publiée dans les Lettres à Jean Marais, 1987, p. 157.
Cette missive d'un Cocteau transi d'amour a été rédigée peu après l'Armistice du 22 juin 1940 marquant la fin de la débâcle française. Marais, mobilisé, avait rejoint le front en mai 1940 tandis que Cocteau s'était réfugié à Perpignan. La communication en ces temps troublés s'avère difficile : "Mon Jeannot, j'attends toujours ta réponse, mais avec une confiance absolue. Ce n'est pas pour rien que notre étoile nous a rapprochés l'un de l'autre, et sans doute, fallait-il que mes lettres ne t'arrivent pas et que je souffre de mon silence" "Tu es né chef, je suis né chef. Et sous notre étoile rien de ce que nous [...] ne peut s'annexer ni se perdre. Le principal est de se taire et d'attendre. [entre guillemets :] les choses ont une manière à elles d'arriver." C'est à nous de le savoir et de les laisser faire [...]"
Le tandem Cocteau - Marais rentrera bientôt à Paris, et subira les affres de l'occupation allemande qui interdira la reprise de leur sulfureuse pièce Les Parents terribles, qui avait rencontré un grand succès en 1939.
"Je me suis fait Monsieur, une loi de ne rien changer au texte de mes anciens ouvrages, afin que ceux qui les ont achetés autrefois ne soient pas obligés de les racheter aujourd'hui. De là il est arrivé, que j'ai laissé aux différentes personnes chargées de revoir les différents textes le soin de corriger les fautes d'impression. Et mes devoirs à remplir à la chambre des pairs m'ont encore empêché ces derniers temps, de surveiller les épreuves. Je vous remercie Monsieur, de votre intérêt : j'avertirai M. Ladvocat, et s'il le faut, des cartons seront faits et envoyés aux souscripteurs.
J'ai l'honneur d'être, Monsieur, avec toute la reconnaissance possible, et la considération la plus distinguée
Votre très humble et très obéissant serviteur
Chateaubriand"
Lettre autographe signée de Marguerite Yourcenar datée du 23 janvier 1957, deux pages à l'encre noire sur un feuillet, enveloppe autographe jointe.
Sur deux pages à l'écriture dense, Yourcenar confie ses déboires éditoriaux à son ami intime le peintre Elie Grekoff, et relate le geste blasphématoire de son éditeur, qui avait déchiré "en deux ou plutôt en quatre" l'exemplaire dédicacé de son recueil de poèmes Les Charités d'Alcippe (1956) et lui avait renvoyé par la poste. Elle s'entretient de projets communs avec Grekoff et le prie d'accepter les profits d'un ouvrage qu'il a illustré pour elle.
Yourcenar écrit depuis les Etats-Unis, qu'elle rejoignit en 1939 avec sa compagne Grace Frick, alors professeure de littérature britannique à New York. Elles s'installèrent à partir de 1950 sur l'île des Mont Déserts, jouxtant le Canada, dans une maison baptisée Petite-plaisance qu'elle mentionne dans l'en-tête autographe de la lettre. Au beau milieu de la nature sauvage et des lacs cristallins, elle y écrira certains de ses écrits les plus célèbres, dont L'Oeuvre au noir. Des images fugaces de la vie recluse de l'écrivaine nous parviennent au fil des lignes : « Ici, travail abrutissant, favorisé par les grands froids, qui font qu'on ne sort qu'un bref moment, ou quand on y est obligé. Correction d'épreuves, correspondance en retard depuis des mois, traduction, et enfin le livre en train [...] les journaux arrivent très régulièrement, et si vite, dans le cas du Monde, que j'apprends par lui les nouvelles de New York avant d'avoir le temps d'aller au village acheter le New York Times ».
Le passage le plus poignant de la lettre concerne ses aventures mouvementées avec son éditeur Curvers, au sujet de son recueil de poèmes à la verve néoclassique Les Charités d'Alcippe. Yourcenar fait part de l'acte impardonnable de ce dernier, exaspéré par le mécontentement de l'écrivaine qui lui reprochait la parution hâtive du recueil : "Toute la légalité (et le sens commun) sont de mon côté, mais cela n'a pas empêché l'irascible liégeois de me renvoyer un ex. des 'Charités d'Alcippe' déchiré en deux ou plutôt en quatre. L'époque est à la violence". « L'affaire du monsieur de Liège », terme employé dans la lettre, se soldera par un véritable litige par avocats interposés. L'intransigeante exigence de l'écrivaine et sa constante préoccupation pour les droits d'auteur, lui vaudra plusieurs affaires, et même deux procès - avec le metteur en scène Jean Marchat, et son éditeur Plon.
Le destinataire de la lettre Élie Grekoff (1914-1985), peintre, illustrateur, maître cartonnier, demeurera un proche confident de la femme de lettres pendant des décennies, et travailla avec elle sur plusieurs projets éditoriaux et théâtraux. Il réalisa notamment les décors de sa pièce aux accents sartriens, Electre ou la chute des masques, créée au théâtre des Mathurins. La lettre garde également la trace de deux de leurs collaborations artistiques : l'édition d'un classique latin et d'un célèbre poème hindou, le Gita-Govinda, tous deux commentés par Yourcenar et illustrés par Grekoff. Dans quelques magnifiques lignes pleines de bonté, Yourcenar le prie d'accepter les bénéfices probablement issus de la parution des Bagatelles d'Amour de Laevius (1956) : "merci Elie, et je vous en prie, considérez les trente huit mille qui restent comme vôtres, puisque nous n'en avons que faire en ce moment. Et quand je dis comme vôtres, je ne parle pas seulement comme vous le faisiez, du cas de force majeure, guerre, accident ou maladie, mais aussi en vue de rendre un peu plus commode la vie journalière - provisions de charbon, si l'on peut de nouveau en faire, ou achat de sympathiques conserves et repas au restaurant qui vous éviteront l'ennui de faire la cuisine quand vous préféreriez dessiner".
Charmante et profuse lettre de la première femme élue à l'Académie Française, aux prises avec son éditeur, faisant part de son combat pour l'intégrité de son oeuvre à un proche confident.
Lettre autographe datée et signée de Jacques Chardonne adressée à son ami Roger Nimier (54 lignes à l'encre bleue) à propos du style de Paul Morand, père spirituel des Hussards, Roger Nimier et Antoine Blondin étant considérés, bien malgré eux, comme chefs de file de ce mouvement littéraire.
Traces de pliures inhérentes à la mise sous pli de la lettre, enveloppe jointe.
Jacques Chardonne entend battre en brèche deux fausses idées concernant Paul Morand, la première étant d'ordre stylistique : "Il y a une double méprise touchant Morand. On a vu en lui un "moderne"... mais il est essentiellement un "naturaliste" ; sa doctrine en art est exactement celle de Maupassant et Flaubert." tenant ce dernier pour un écrivain majeur : "Mais il a infiniment plus de talent et d'intelligence que les écrivains de l'école naturaliste." ; la seconde d'ordre psychologique : "Il est l'hygiène et la sagesse incarnées, dans sa personne. Mais il a encanaillé par son oeuvre la jeunesse qui venait après lui. C'est lui qui a failli tuer Sagan."
Jacques Chardonne ironise ensuite sur les talents de Françoise Sagan tout en exaltant la prédominance et la maîtrise de son ami Paul Morand en tout ce qu'il entreprend de faire : "C'est Morand qui achetait les terribles voitures de Sagan. Mais lui sait conduire." tout en se rappelant les conseils de prudence que prodigua Bernard Frank à l'auteur de Bonjour tristesse : "Bernard Frank dit : elle ne tient pas la route, ta bagniole... Sagan, vexée, accelère. Et tout chavire."
En grand frère de plume, Jacques Chardonne rassure Roger Nimier sur son propre talent : "Morand est très content de vous. Je dis que Gaston (Gallimard) semble avoir beaucoup d'amitié pour vous." et félicite son correspondant pour la qualité d'Artaban, revue à laquelle collabore Roger Nimier, Jacques Chardonne étant mis à l'honneur dans un récent numéro : "... surpris de me voir en première page; le texte me remplit de fierté. J'ai méprisé les honneurs, afin d'être honoré. Je ne pouvais être mieux servi que dans ce petit texte." et attribue la paternité du texte le concernant à l'un de ses émules Hussards : "... je me dis : c'est Nimier, ou Hecquet, ou Milliau. A vrai dire, je ne sais. Et je remercie le Seigneur."
Terrassé par tant d'hommages qui lui sont rendus, Jacques Chardonne, lucide, préfère éviter de trop être sous les feux de la rampe : "Voilà pourquoi je ne veux plus rien publier. Dès que l'on vous applaudit, il faut s'en aller."
Très belle lettre de Jacques Chardonne encensant son ami Paul Morand, père spirituel des Hussards, et évoquant le terrible accident de voiture de Françoise Sagan à bord d'une Aston Martin le 13 Avril 1957. Evocation prémonitoire : Roger Nimier se tuant cinq ans plus tard sur l'autoroute de l'Ouest, le 28 Septembre 1962, également au volant d'une Aston Martin.
Lettre autographe datée et signée d'Antoni Tàpies adressée à son proche ami le critique d'art Georges Raillard, le plus grand spécialiste français de son travail (19 lignes au stylo bille bleu depuis Barcelone).
Traces de pliures inhérentes à la mise sous pli de la lettre, enveloppe jointe.
Ayant dirigé l'Institut français de Barcelone de 1964 à 1969, Georges Raillard se lia d'amitié et collabora avec de nombreux artistes espagnols et catalans dont Joan Miro et Antoni Tapies dont il écrira également les biographies.
L'artiste catalan relaie la notion "d'art impliqué" employée récemment en Catalogne : "... je viens de voir une citation... dans laquelle on dit "art impliqué" - que nous avions pensé que était intraduisible, ou que n'avait pas de sens en français - " et utilisée auparavant : "... une expression qu'avait été employé par Etienne Souriau en France et que le jeune esteticien catalan Robert de Ventos s'aurait approprié..."
Antoni Tapies aimerait se servir de cette "nouvelle notion" finalement ancienne afin d'apporter quelques modifications à leurs travaux communs antérieurs : " ? Nous permettrait ça de remettre le titre au chapitre : "Academia del social i l'implicat (mot entouré) qu'on avait laissé par "art fonctionnel" ? Je ne suis pas sûr et je te laisse à toi de décider."
Enfin, il félicite son ami Georges Raillard pour sa dernière préface : "Merci encore une fois pour le préface que tu as fait, que j'ai aimé beaucoup ! "
Edition originale, un des 25,30, 35 et 40 exemplaires numérotés sur vergé de hollande, tirage de tête pour chacun des 4 volumes.
Très rare et bel ensemble tel que paru de cette tétralogie autobiographique et féministe.
Chaque volume est présenté dans un coffret signé Julie Nadot reproduisant les plats de couverture et le dos de l'ouvrage.
Troisième tirage de cet album, premier plat de couverture tiré en 3 tons, noir, bistre avec dégradés et réhauts de blanc puis 24 lithographies en noir sur 12 feuillets recto-verso.
Reliure en demi veau gris, dos lisse, quelques épidermures, plats de couverture conservés, reliure signée de Charles Septier.
Cette oeuvre de son extrême jeunesse, réalisée en 1851, influencée par le style de Rodolphe Töppfer, est aujourd'hui considérée comme un incunable de la bande dessinée.
Deuxième tirage des 20 lithographies à pleine page en noir de Gustave Doré.
Reliure oblongue à la bradel en demi percaline rouge à coins, dos lisse, pièce de titre de maroquin noir, dos lisse, gardes et contreplats de papier à la cuve, contreplats et gardes de papier crème, coins légèrement émoussés.
Édition originale, un des 20 exemplaires sur Arches, tirage de tête.
A l'instar de tous les exemplaires sur Arches, notre exemplaire est presenté sous double couverture, l'une jaune et l'autre blanche et comporte la rare vignette dessinée et gravée par Hans Bellmer tirée en sanguine.
Préface de Jean Paulhan.
Notre exemplaire est présenté dans un coffret décoré d'une composition originale signée Julie Nadot.
Très rare et bel exemplaire en tirage de tête de ce chef-d'œuvre de la littérature érotique.
Edition originale, un des 55 exemplaires numérotés sur pur fil, seuls grands papiers.
Gardes et pages de faux-titre légèrement et partiellement ombrées.
Notre exemplaire est présenté dans un coffret gris historié, dos carré comportant le titre imprimé en rouge, le nom de l'auteur et les sous-titres imprimés en noir, premier plat percé d'une fenêtre laissant apparaître une photographie en noir et blanc sous plexiglass de Simone de Beauvoir dans sa jeunesse, titre imprimé en rouge, nom de l'auteur, tomaison et sous-titre du premier volume imprimés en noir, deuxième plat percé d'une fenêtre laissant apparaître une photographie en couleurs sous plexiglass de l'auteur à l'âge mûr, titre imprimé en rouge, nom de l'auteur, tomaison et sous-titre du deuxième volume imprimés en noir, intérieur du coffret doublé de papier bordeaux, superbe travail signé de l'artiste Julie Nadot.
Précieux exemplaire de ce texte fondateur du féminisme moderne.
Dans sa triste chambre
Le petit s'endort
Il gèle à pierre fendre
Le froid le dévore
On l'a trouvé dans son lit
Mort dans un sourire
Et Jésus là-haut s'est dit
Ca m'ôte un souci
Je ne sais pourquoi l'on persiste
A ressasser tous ses chagrins
Pourquoi lorsque l'on est trop triste
On veut prendre le dernier train
« CLAC : Cercle Littéraire des amis des caves / Cercle libre des amateurs de cuisse. »
Au verso de ce feuillet, des notes manuscrites de Vian probablement en vue d'animer ce cercle qui ne fut, à notre connaissance, jamais créé :
« Tableau d'affichage - signé le troglodyte de la semaine [...] Manifestes à faire signer toutes les semaines. »
- Un papillon perforé prélevé sur un feuillet de cahier d'écolier reprenant la strophe « Pour venir au Tabou » et la suivante, également de la main de Boris Vian. La première strophe n'apparaît pas dans son intégralité sur le feuillet principal. Une trace d'adhésif au verso.
- Un feuillet perforé tapé à la machine, mise au propre du manuscrit. En bas à droite, la date « 1948-1949 » est indiquée.
Cette chanson - une des toutes premières de Vian - est un véritable hymne germanopratin, qui ne fut jamais interprétée hors des caveaux. Il préfigure le fameux Manuel de Saint-Germain-des-Prés qui ne paraîtra qu'en 1974. Elle fut retranscrite, avec les strophes dans un ordre différent, dans le tome 11 des Œuvres complètes de Boris Vian consacré à ses chansons, mais certains vers barrés de notre manuscrit demeurent bien lisibles et inédits : « Quand on n'sait pas danser / Il vaut mieux s'en passer ».
Alexandre Astruc, cité à deux reprises dans la chanson, témoigne dans ses mémoires de la création de celle-ci :
Cette chanson grivoise fut en effet rédigée aux derniers souffles du Tabou, célébrissime club-cave fondé en 1947 où Boris Vian régnait en maître, entouré d'autres illustres personnalités citées dans ce tableau :
« Les gens de Saint-Germain
S'amusent comme des gamins
ls lisent du Jean-Paul Sartre
En mangeant de la tartre. »
Deux strophes rendent hommage à la mythique cave de la rue Dauphine :
« Pour venir au Tabou
Faut être un peu zazou
Faut porter la barbouze
Et relever son bénouze - Dans une ambiance exquise
On mouille sa chemise
Et quand y'a trop d'pétard
Ça finit au mitard » tandis que deux autres évoquent l'avenir des zazous : « Mais quand nous serons vieux
Tout ira bien mieux
On s'paiera des p'tites filles
Pour s'occuper la quille - Et on viendra toujours
Fidèle a ses amours
Au Cercle Saint-Germain
Pour y voir des gens bien. »
Cette nouvelle évocation du « Cercle » adjointe aux annotations « clac » en tête du feuillet peuvent laisser supposer que Vian souhaiter créer un collectif qui survivrait au-delà du Tabou. Quoi qu'il en soit, à l'époque de la création de cet hymne aux « gens de Saint-Germain », naît le Club Saint-Germain, nouvelle cave plus « select » que son aînée qui deviendra la première scène jazz de Paris.
Provenance : Fondation Boris Vian.
Edition originale, un des 100 exemplaires numérotés sur papier de luxe, seuls grands papiers.
Agréable exemplaire présenté en feuilles et sous double chemise et étui.