Agréable exemplaire.
Envoi autographe signé de François Mitterrand à Monsieur Gnée.
Elles sont le signe d'un désir, d'une confiance dans le dédicataire, elles sont une mise à nu de l'individu derrière l'écrivain, une ultime trace du geste d'écriture sur l'œuvre achevée et une soumission intime au regard particulier, d'un proche, d'un pair ou d'un influent critique, avant le grand lever de rideau…
Portrait à l'encre et à l'aquarelle du poète Paul Verlaine par son amie Marie Crance, portant la signature de l'artiste et la mention manuscrite « Paul Verlaine à l'hôpital ».
Une feuille sous cadre et marie-louise. Une inscription au dos du cadre « écrit en marge (par l'encadreur) : « Pour Messieurs Thénot et Lercey, 25 avril 1894 » indique le probable terminus post-quem du dessin.
Marie Crance (1860-1945), surnommée Marie-aux-fleurs, était à l'époque la compagne du dessinateur Frédéric-Auguste Cazals, qui l'épousera en 1912. Tour à tour blanchisseuse, bonne, et chanteuse dans les tripots préférés du poète, elle fut pour Paul Verlaine une amie et une protectrice dévouée. Elle lui pansait sa jambe malade lorsque le poète se dérobait aux médecins pour s'installer seul dans des hôtels des faubourgs parisiens. Gaie, simple et pétillante, elle lui rendit également visite durant ses séjours hospitaliers à Broussais, Tenon, Cochin, ou Saint-Antoine où elle réalisa ce portrait en buste de Verlaine, au regard perçant du poète, raidi par d'antiques rhumatismes. Verlaine lui consacra un sonnet dans la deuxième édition des Dédicaces qu'il accompagne aussi d'un charmant dessin (Verlaine, Lettres inédites [...], éd. Georges Zayed, 1976, p. 45) :
« Je veux donc dire de ma voix la mieux timbrée,
Et les tracer du bec de ma meilleure plume,
Vos mérites et vos vertus dans l'amertume
Douce de vous savoir d'un autre énamourée
Mais d'un autre... »
Émouvant portrait du poète vagabond étrangement robuste, dont la silhouette se noie dans les douceurs de l'aquarelle.
Édition originale, très rare et recherchée, de l’une des plus importantes œuvres autobiographiques de l’histoire de la littérature française, chef-d’œuvre de George Sand.
Reliures en demi veau fauve, dos à quatre nerfs sertis de guirlandes dorées ornés de filets dorés et noirs, frises dorées en têtes et en queues des dos, plats de papier marbré, couvertures et dos conservés pour chacun des volumes, élégantes reliures pastiches. Une habile restauration de papier à la page 209 du premier volume, une petite déchirure marginale sans manque à la page 241 du cinquième tome, un cahier roussi en marge dans le douzième volume, premier plat de couverture restauré dans le tome 16 ainsi que quelques taches marginales en fin de ce même volume.
Précieux envoi autographe signé de George Sand sur la page de faux-titre du premier volume, à son plus grand ami [François] Rollinat, intime de Nohant et père du poète Maurice Rollinat, prénommé comme le fils de George.
Agréable et rarissime exemplaire, de surcroît enrichi d’un envoi autographe signé de George Sand, quasi exempt de toute rousseur et établi dans une reliure uniforme pastiche romantique. Quelques taches marginales sans atteinte au texte.
Édition originale, imprimée sur vélin d'Angoulême, avec les coquilles habituelles et comportant les six poèmes condamnés, un des quelques exemplaires remis à l'auteur et « destinés à des amis qui ne rendent pas de services littéraires ».
Reliure en plein maroquin émeraude, dos janséniste à quatre nerfs, contreplats doublés de maroquin grenat encadrés d'un filet doré, gardes de soie dorée brochée à motifs de fleurs stylisées japonisantes, les suivantes en papier à la cuve, couvertures dite de troisième état (comportant deux restaurations marginales au second plat) et dos conservés, toutes tranches dorées sur témoins, étui bordé de maroquin. Reliure signée de Marius Michel.
Précieux exemplaire enrichi d'un envoi autographe signé de Baudelaire au crayon sur la page de faux-titre : « à M. Tenré fils, souvenir de bonne camaraderie, Ch. Baudelaire » et de trois corrections autographes, au crayon pages 29 et 110 et à l'encre page 43.
Exceptionnelle dédicace à un ami d'enfance, banquier et intellectuel, un des rares envois d'époque qui ne soient pas motivés par les nécessités judiciaires ou par les intérêts éditoriaux.
En effet, même les quelques exemplaires sur hollande furent en grande partie consacrés à des offrandes stratégiques afin de contrer ou d'atténuer les foudres de la justice qui, en juin 1857, n'a pas encore rendu son jugement. Poulet-Malassis en gardera un souvenir amer : « Baudelaire a mis la main sur tous les exemplaires papier fort et les a adressés comme moyens de corruption à des personnages plus ou moins influents. Puisqu'ils ne l'ont pas tiré d'affaire, je crois qu'il ferait bien de les leur redemander. »
La correspondance de Baudelaire permet de cerner assez précisément les différents types de dédicaces que fit le poète à la parution de son recueil. Il adresse lui-même une liste à de Broise pour mentionner les dédicataires des envois de presse, principalement de possibles intercesseurs judiciaires et des critiques littéraires influents. Le poète requiert ensuite « vingt-cinq [exemplaires] sur papier ordinaire, destinés à des amis qui ne rendent pas de services littéraires ». Une lettre à sa mère nous apprend qu'il n'en a obtenu que vingt. Quelques-uns furent adressés dès juin 1857 à ses amis, dont celui de Louis-Ludovic Tenré. D'autres furent conservés par le poète ou offerts tardivement comme ceux d'Achille Bourdilliat et Jules de Saint-Félix.
Si Tenré, cet ami d'enfance que Baudelaire vient de retrouver en décembre 1856, est honoré, dès la publication des Fleurs du Mal, d'un des rares exemplaires personnels du poète, soigneusement corrigé des trois coquilles qu'il a immédiatement repérées, ce n'est pas en considération d'un service rendu ou en vue d'un bénéfice immédiat. Cependant, comme toujours chez Baudelaire, ce n'est pas non plus en simple « souvenir de bonne camaraderie » qu'il adresse son œuvre maîtresse à ce compagnon de pension du collège Louis-le-Grand.
Dès 1848, Louis-Ludovic Tenré a pris la succession de son père, l'éditeur Louis Tenré qui, à l'instar de quelques autres grands éditeurs, s'est reconverti dans l'investissement, le prêt et l'escompte exclusivement adressé aux métiers du livre. Ces libraires banquiers ont joué un rôle essentiel dans la fragile économie de l'édition et ont contribué à l'extrême diversité de la production littéraire du XIXè siècle, soutenant l'activité de petits mais audacieux éditeurs et en liquidant d'autres à grand fracas judiciaires.
En décembre 1856, Baudelaire annonce à Poulet-Malassis qu'il a déposé chez cet « ancien camarade de collège » un billet à ordre périmé que Tenré, par amitié, a bien voulu accepter. Il s'agit justement du premier acompte pour « le tirage à mille exemplaires [d'un recueil] de vers intitulé Les Fleurs du Mal ». Avec cet exemplaire tout juste sorti des presses, Baudelaire offre ainsi à Tenré le précieux fruit du travail escompté par son nouveau banquier. C'est le début d'une longue relation financière. Parmi tous les créanciers de Baudelaire, Louis-Ludovic Tenré sera le plus favorable au poète et le seul auquel soit adressée une œuvre dédicacée.
Dans son ouvrage Les Patrons du Second Empire, banquiers et financiers parisiens, Nicolas Stokopf consacre un chapitre à Louis-Ludovic Tenré et évoque la relation privilégiée entre le poète et ce financier atypique et érudit, consul du Paraguay et spécialiste de l'Amérique latine, également auteur d'un important ouvrage Les états américains publié à l'occasion de l'Exposition Universelle de 1867 dont il était un des commissaires.
Même les innombrables aléas financiers du poète ne terniront jamais durablement leur entente. La confiance que lui accorde ce fils d'éditeur n'est pas étrangère à son intérêt pour la littérature comme en témoigne l'excellent état de conservation de l'exemplaire que lui offre Baudelaire. Cité à de nombreuses reprises dans sa correspondance, et dans son « carnet » - sorte d'agenda poétique rédigé entre 1861 et 1863 - Louis-Ludovic Tenré devient rapidement le principal interlocuteur financier du poète dont la vie est pourtant marquée par la crainte de ses créanciers.
« Il y a une formidable incohérence entre l'intelligence éblouissante de Baudelaire et le chaos de sa vie matérielle. Il passe son temps dans sa correspondance à courir après l'argent, ses lettres ne parlent presque que de cela. Il est incapable de gérer un budget de 200 francs par mois et fait des dettes partout, alors qu'il n'en a pas le droit, puisqu'il est sous tutelle. Pire encore : sa rente lui sert uniquement à payer les intérêts des emprunts qu'il contracte à des taux très élevés. C'est le cercle vicieux : il creuse lui-même son propre gouffre financier. » (Baudelaire, Marie-Christine Natta)
Les exemplaires des Fleurs du Mal de 1857 dédicacés comptent parmi les plus prestigieuses pièces bibliophiliques et occupent depuis longtemps une place de choix dans les grandes collections privées (Marquis Du Bourg de Bozas, Jacques Doucet, Sacha Guitry, Pierre Berès, Colonel Sickles, Pierre Bergé, Bernard Loliée, Pierre Leroy, Jean Bonna...).
L'importance capitale de cette œuvre dans l'histoire littéraire, bien au-delà de la francophonie, autant que l'histoire particulière de sa publication, ont contribué à l'intérêt porté très tôt à l'édition originale et plus encore aux rares exemplaires offerts par l'auteur.
En 1860, lors de la vente à l'encan de tous les biens de Custine, mort en août 1857, il était encore fait peu de cas des poésies d'un poète graveleux dédicacées à un écrivain de mauvaises mœurs. Mais, en 1865, Baudelaire lui-même constate que « depuis deux ans on demande partout [Les Fleurs du Mal], et dans les ventes, elles se vendent même assez cher ». Et déjà en 1873 et 1874, les ventes des bibliothèques de Gautier et de Daumier mentionnent leurs précieux exemplaires et « l'ex-dono autographe » dont ils sont ornés.
Dès lors, les exemplaires dédicacés sont décrits et référencés, ce qui a permis aux bibliographes de dénombrer et d'attribuer 55 exemplaires de la première édition des Fleurs du Mal enrichis d'un envoi de Baudelaire.
Parmi ceux-ci, certains ont été détruits (comme celui de Mérimée, lors de l'incendie de sa maison), d'autres ne sont attestés que par la correspondance du dédicataire, mais ne furent jamais connus (notamment les exemplaires de Flaubert, Deschamps, Custine et Molènes), plusieurs d'entre eux ne firent qu'une brève apparition au XIXè siècle avant de disparaitre (on compte parmi eux les exemplaires de Honoré Daumier, Louis Ulbach et Champfleury). Enfin, quelques grandes institutions internationales, bibliothèques et musées en acquirent très tôt pour leur collections (dont ceux de Saint-Victor, Le Maréchal, Nadar, Pincebourde...).
Depuis la Seconde Guerre mondiale, seule une trentaine d'exemplaires des Fleurs du Mal comportant une dédicace de Baudelaire est apparue en bibliothèque, vente publique ou catalogue de libraire, faisant chaque fois l'objet d'une attention particulière de tous les professionnels, institutions internationales et bibliophiles avertis.
Parfaitement établi, avec ses couvertures, dans une reliure janséniste par un des grands relieurs de la fin du XIXè siècle, le très bel exemplaire de Louis-Ludovic Tenré, un des vingt réservés à l'auteur, enrichi des précieuses corrections autographes et offert par Baudelaire dès la parution, apparaît comme un remarquable témoin des conditions particulières de la parution de cette œuvre mythique.
Rarissime poème satirique autographe de Louis Aragon, intitulé « Distiques pour une Carmagnole de la Honte », écrit entre septembre 1944 et février 1945. 26 vers sur un feuillet rédigé à l'encre noire, avec une note de l'auteur à l'encre bleue en bas de page.
Notre manuscrit fait partie d'un ensemble de treize poèmes rédigé au premier semestre de l'année 1945 et destiné à paraître dans une anthologie poétique (Aragon, chez Pierre Seghers éditeur à Paris, Collection « Poètes d'aujourd'hui » n° 2, 20 juillet 1945). Il fut adressé par Aragon comme copie de travail à son directeur de publication et ami Claude Roy. Ce poème autographe constitue le seul manuscrit connu des Distiques, le large fonds d'archives Triolet-Aragon de la Bibliothèque nationale de France n'en conservant ni manuscrit ni jeu d'épreuves.