Edition originale de la traduction française, fausse mention de deuxième édition.
Reliure à la bradel en pleine percaline verte, dos lisse orné d'un fleuron central doré, pièce de titre de basane havane, couvertures conservées, reliure de l'époque signée à froid de Pierson.
Quelques petites rousseurs.
Très rare et précieux envoi autographe daté et signé par Ivan Tourguéniev à Anatole France : "Monsieur Anatole France / hommage de l'auteur / 1876".
Anatole France s’occupa peu de littérature étrangère, mais il réserva ses plus belles lignes à Tourgueniev, dont il fait l’éloge sur deux longs articles parus dans Le Temps, un an après avoir reçu cet exemplaire du maître. France y compare ce qu’il appelle la « lutte pour la vie », telle qu’elle se présente dans les sociétés occidentales, à la « boucherie séculaire » des générations d’esclaves. Il reconnaît le rôle bénéfique de Tourgueniev, qui aurait réussi, grâce à son œuvre, à convaincre le tsar de la nécessité d’abolir le servage. Outre ce rôle social et humanitaire, l’écrivain russe lui apparaît comme un peintre remarquable de la femme russe et du paysage russe, qu’il exprime magistralement dans les Récits d’un chasseur. La première nouvelle de ce recueil éponyme, Les Reliques vivantes, clôt ces Récits qui avaient tant enthousiasmé Anatole France.
Les deux écrivains apprirent à se connaître davantage par leurs œuvres que lors de leurs rares rencontres, à partir des années 1870, chez Flaubert. Tourgueniev fera même une apparition dans le roman d’Anatole France La Vie en fleur. Comme le souligne Alexandre Zviguilsky, la « présence » indéniable du maître dans les premières et les dernières œuvres de France témoigne de sa fidélité à Tourgueniev.
Ces Reliques restèrent en effet très vivantes dans l’esprit de l’écrivain. Zviguilsky considère qu’il « a manifestement été inspiré par cette nouvelle ». La même année que les Reliques, Anatole France adresse ses Noces corinthiennes à Tourgueniev, qui le remercie par un compliment : « Votre talent, si poétique et si noble, me plaît beaucoup » (20 avril 1876). Quelques années plus tard, Tourgueniev qui sera l'un des promoteurs principaux de l'œuvre de Tolstoï, offrira à Anatole France un exemplaire de Guerre et paix nouvellement traduit en français, et incitera son influent confrère à en faire la critique dans Le Temps.