Édition originale, un des 10 exemplaires numérotés sur japon, tirage de tête.
Très rare et bel exemplaire à toutes marges des premiers vers du poète aux semelles de vent.
Les exégètes s’intéressèrent très tôt aux tous premiers vers de Rimbaud, qui eut sans conteste la carrière la plus fulgurante de la poésie française. L’insigne rareté de ses œuvres incita les rechercheurs à dénicher les inédits et pré-originales de ses poèmes : « En 1932, Jules Mouquet a ainsi fait paraître au Mercure de France un volume intitulé Vers de collège où figurent des textes de Rimbaud jusque-là inconnus de ’tout le monde’, en particulier ceux qui avaient été insérés dans le Moniteur de l’enseignement secondaire spécial et classique. Bulletin officiel de l’académie de Douai. Ce même volume contient aussi des articles sur les ’fraudes’ et ’mystifications’ poétiques de Rimbaud, quand il était au collège de Charleville [...]. » (Jean-Baptiste Baronian, Dictionnaire Rimbaud). Figurent ici les brillantes compositions en latin et en prose de ses jeunes années, dont l’importance sur ses chefs-d’œuvres ultérieurs a été maintes fois soulignée :
« Dans leur étude fondamentale de 1973, Marc Ascione et Jean-Pierre Chambon ont analysé les modalités de ce qu’ils appelaient déjà à l’époque la “langue érotique secrète” de Rimbaud. Ces deux critiques identifiaient, dans le texte (français) de Rimbaud, l’emploi habituel de jeux de mots et de mots à double entente, basés non seulement sur l’argot français mais aussi sur des latinismes et sur des allusions translinguistiques françaises-latines : par exemple, “séminariste” fait penser au sperme par le biais de semen ; “menton” (“mentum” en latin) rappelle “mentula”, “membre viril” ; “rosée”envoie encore au sperme à cause du sens métaphorique de “ros”, en latin, qu’il faut également comparer à l’emploi de rosée en français dans la langue érotique populaire de l’époque. » (Georg Hugo Tucker, Rimbaud et la traduction libre en vers latins : de la virtuosité (et de la duplicité) à la subversion).
À l’instar de Montaigne, dont le latin a été la langue maternelle, c’est avec cette antique langue que Rimbaud débuta sa production poétique réunie ici dans le plus désirable des exemplaires : « Vivant au siècle des Jean Dorat et des Jean Second, il eût rivalisé avec eux, et fût devenu sans aucun doute le premier poète latin de son temps » (Jules Mouquet, préface de l’ouvrage).