Edition originale de cette revue dirigée par Maurice Raynal et Efstrathios Tériade, et notamment illustrée par Georges Braque, Balthus, Roger Vitrac parue entre avril 1935 et février 1936.
Déchirures marginales, une trace d'encre sur la une.
Revue artistique et littéraire créée par les écrivains Maurice Raynal et Michel Leiris, La Bête noire fut conçue comme une tentative de contre-attaque intellectuelle à la montée du fascisme en France, réveillé par les manifestations parisiennes de février 1934. La revue fut baptisée par le riche banquier Marcel Moré, ami de Max Jacob, d'Antonin Artaud, et de Georges Bataille - et bénéficiera en outre de son soutien financier.
La Bête noire fut placée sous la direction de Maurice Raynal, exégète de l'abstraction picturale, ami des cubistes et auteur de monographies sur Fernand Léger, Juan Gris, Pablo Picasso, Georges Braque et Ossip Zadkine. Durant les années 1920, il écrivit sous le pseudonyme « Les deux aveugles » avec Efstrathios Tériade, critique d'art d'origine grecque et directeur artistique des neuf premières livraisons de la luxueuse revue Minotaure fondée par Albert Skira. S'éloignant des surréalistes, Tériade quitta la revue pour diriger La Bête noire aux côtés de Maurice Raynal entre 1935 et 1936. L'aventure de La Bête Noire achevée, Tériade connut un grand succès avec sa revue d'art Verve puis ses livres illustrés réalisés en collaboration avec Picasso.
Dirigée contre les « lâcheurs de l'esprit moderne », La Bête Noire privilégia la nouveauté et l'innovation littéraire, et passa au crible les tendances picturales contemporaines : le futurisme de Marinetti, la postérité des cubistes et des fauves, les jeunes peintres italiens et espagnols exposant à Paris. Elle donna la parole aux peintres eux-mêmes : Marc Chagall, Fernand Léger signèrent chacun un billet, Le Corbusier contribua à de nombreuses reprises, et écrivit notamment un article dithyrambique sur New York, intitulé « I am an American ». On y trouve en édition pré-originale les essais d'Antonin Artaud sur le théâtre de la cruauté, la thèse du docteur Allendy « le Fascisme et l'Homosexualité », et une tribune d'André Breton prononcée au Congrès des Ecrivains. La revue fut par ailleurs un lieu privilégié de recherche poétique, où Raymond Queneau publia pour la première fois son poème-théâtral « Muses et Lézards », Henri Michaux son poème « Mais Toi, quand viendras-tu ? », et Jules Supervielle un extrait de La fable du monde, publié dans son intégralité en 1938.
La revue compte entre autres les contributions d'Antonin Artaud, Maurice Raynal, Tériade, Jacques Baron, Jean-Louis Barrault, André Breton, Jacques Brunius, Charles-Albert Cingria, René Daumal, Fernand Léger, Marc Chagall, Bernard Fay, Jean Follain, Halicka, Le Corbusier, Michel Leiris, Henri Michaux, Marcel Moré, Léon Pierre-Quint, Raymond Queneau, Henri de Régnier, Pierre Reverdy, André de Richaud, Roger Vitrac...
On peut en outre admirer les contributions picturales de Balthus qui réalise un portrait original d'Antonin Artaud, ainsi que deux dessins originaux de Georges Braque, et des illustrations d'André Beaudin, Suzanne Roger, Francisco Borès, Gea Augsbourg, Roger Vitrac et Jacques Audiberti.