Edition originale imprimée clandestinement de ce journal résistant parisien dont seuls deux numéros sont parus en septembre-octobre 1941 et en février 1942.
Petites déchirures marginales sans gravité, deux pliures inhérentes à la mise sous pli du tract.
Bien qu'éponyme de la feuille créée par le groupe de la Résistance intellectuelle "L'Université libre" créé par Georges Politzer, Jacques Decour, Paul Langevin et Jacques Solomon, il est très peu probable que cette "série mensuelle" soit l'œuvre du même groupe. Les 103 numéros du journal de Politzer sont en effet ronéotypés et non, comme celui-ci, imprimés sur une vraie presse.
Dans le Catalogue des périodiques clandestins : 1939-1945, Renée Roux-Fouillet distingue les deux publications. Elle fait par ailleurs mention d'un troisième journal du même titre qui paraîtra à partir de 1944 en zone Sud. Même dans l'exemplaire abondamment corrigé de la Bibliothèque Nationale de France, il n'est fait aucune mention des auteurs ni de l'origine de cette Université libre, série mensuelle, dont on ne connaît que ces deux parutions à quatre mois d'intervalle.
Ce journal clandestin n'est pourtant pas une publication de la zone libre. La très mauvaise qualité typographique, la police de caractère miniature et très serrée, ainsi que la composition en une seule feuille, sont autant d'éléments qui témoignent du manque de moyens et de la nécessité d'économie de papier, propre à la zone occupée. Les nombreux journaux résistants de zone libre sont composés de deux feuillets au minimum, la typographie est aérée et la mise en page est plus classique. De plus, ce journal évoque avec précision des événements qui ont affecté directement la capitale et sa banlieue, tels que le « massacre des statues » de Paris et le typhus des soldats allemands : « en évacuant leurs contagieux sur Paris, les allemands vont contaminer la population qu'ils privent d'hôpital après l'avoir privée de médicaments et de nourriture. » Enfin, l'éphémère existence de ce journal malgré la régularité annoncée et l'insigne rareté des exemplaires sont le signe évident d'une réalisation artisanale et périlleuse.
De toute évidence, cette nouvelle Université libre est également l'œuvre de professeurs, très préoccupés d'art et de culture (l'article « Bilan de la culture hitlérienne : néant » opère une minutieuse comparaison entre les écrivains et artistes français et allemands). Le premier numéro fait d'ailleurs référence à la rentrée scolaire tandis que notre exemplaire s'ouvre sur un hommage à Paul Langevin et s'achève sur la vaine promesse d'un troisième numéro consacré à la réforme de l'enseignement.
Aucun autre élément ne nous permet d'attribuer plus précisément cet acte de résistance intellectuelle parisien et l'absence de nouvelle publication laisse prévoir le pire.
Mais pour leur ultime bravade à la terreur nazie, ces héros anonymes réussirent un coup de maître : imprimer en travers de l'hommage à Gabriel Péri et Fernand Holweck, fusillés les 15 et 24 décembre 1941, trois triple rayures tricolores. Cette apparition de la couleur qui nécessitait des moyens techniques que très peu de journaux clandestins eurent à disposition et la référence explicite à l'écharpe tricolore des représentants de l'Etat français est en soi un acte de résistance fort et un pied de nez à l'ennemi, tandis que ce même mois de février, Georges Politzer, Jacques Decour et Jacques Solomon, les fondateurs de la première Université libre étaient arrêtés, torturés et, en mai 1942, fusillés.
Rarissime exemplaire d'un des deux seuls numéros de ce journal clandestin réalisé par des intellectuels résistants inconnus à ce jour. Nous n'avons pas trouvé d'exmeplaire dans les bibliothèques publiques, hormis à la BN at aux Archives nationales.