Bel exemplaire.
Envoi autographe signé de Marcel Mouloudji à Jean Claval enrichi d'un petit soleil dessiné.
Edition originale, illustrée d'un frontispice allégorique par Dubois et de 21 planches gravées par Azélie Hubert d'après Julie Ribault, représentant les aveugles dans diverses activités et les outils employés pour les instruire. Au dos du premier contreplat, une note manuscrite d'après la vie de Saint Jérôme par Colombey sur la vie d'un philosophe aveugle.
Reliure en cartonnage pastiche à la Bradel recouvert d'un papier beige moucheté et ciré, typique de l'époque. Pièce de titre en basane brune d'époque. Exemplaire non rogné, à toutes marges. A partier de la p. 190, trace pâle de mouillure angulaire, qui se poursuit jusque la p. 204 ; sinon exemplaire bien frais et blanc.
Photographie originale sur papier albuminé, au format carte de visite, contrecollée sur un carton. Quelques petites piqûres.
Rare exemplaire de cette photographie en pied, qu'on trouve seulement au Musée Carnavalet, musée du Louvre et musée d'Orsay.
Quelle tristesse après le plaisir, mon amie,
Quand le dernier baiser, plus triste qu'un sanglot,
S'échappe en frémissant de ta bouche blêmie,
Et que, mélancolique et lente, sans un mot,
Tu t'éloignes à pas songeurs, ô mon amie !
Pareille à la douleur des adieux, dans le soir,
L'angoisse qui vient de la volupté lasse !
Pareille au chant brisé qui vient nous décevoir,
Pareille au noir cortège impérial qui passe
Avec les cierges d'or allumés dans le soir...
Et je te sens déçue et je me sens lointaine...
Nous demeurons, avec les yeux de l'exilé,
Suivant, tandis qu'un fil d'or frêle nous enchaîne,
Du même regard las notre rêve envolé...
Autre déjà, tu me souris, déjà lointaine...
Je m'écoute, avec des frissons ardents,
Moi, le petit faune au regard farouche...
L'âme des forêts vit entre mes dents
Et le Dieu du rythme habite ma bouche.
Dans ce bois, loin des aegipans rôdeurs
Mon cœur est plus doux qu'une rose ouverte ;
Les rayons, chargés d'heureuses odeurs,
Dansent au son frais de ma flûte verte.
Mêlez vos cheveux et joignez vos bras
Sur l'herbe humide où le bélier s'ébroue,
Nymphes des halliers ! - ne m'approchez pas,
Allez rire ailleurs pendant que je joue.
Car j'ai la pudeur de mon art sacré,
Et, pour honorer la muse hautaine
Je chercherai l'ombre et je cacherai
Mes pipeaux vibrants dans le creux d'un chêne.
Parmi la tiédeur, parmi les parfums,
Je jouerai le long du jour, jusqu'à l'heure
Des chœurs turbulents et des jeux communs
Et des seins offerts que la brise effleure.
Je tairai mon chant pieux et loyal
Aux amants de vin, aux chercheurs de proie
Seul le vent du soir apprendra mon mal
Et les arbres seuls apprendront ma joie.
Je défends ainsi mes instants meilleurs...
Vous qui m'épiez de vos yeux de chèvres,
Ô mes compagnons ! allez rire ailleurs
Pendant que le chant fleurit sur mes lèvres.
Sinon, — je suis faune après tout, si beau
Que soit mon chant, — et, bouc qui se rebiffe,
Je me vengerai d'un coup de sabot
Et d'un coup de corne et d'un coup de griffe.