Iconographie.
Bel exemplaire malgré une ombre laissée par le signet de justiifcation du tirage.
Dessin original à la mine de plomb et crayon de couleur rose signé de la main d'Antoine de Saint-Exupéry, sur feuillet filigrané « Navarre ».
Pli horizontal, annotation au crayon en partie supérieure gauche, minuscules déchirures en marge inférieure.
Précieux dessin signé par Saint-Exupéry - l'écrivain-artiste signait très rarement ses œuvres graphiques - d'un personnage aux proportions caricaturales, non sans rappeler quelques les traits de la physionomie même de l'écrivain.
Lettre autographe très probablement inédite signée adressée par Juliette Drouet à son amant Victor Hugo, quatre pages rédigées à l'encre noire sur un bifeuillet.
Pliures transversales inhérentes à l'envoi, pli unifiant les deux feuillets renforcé d'une fine bande de papier encollé à peine perceptible.
Absente de la très complète édition en ligne des lettres de Juliette Drouet à Hugo du Centre d'Études et de Recherche Éditer/Interpréter (Université de Rouen-Normandie).
Très belle déclaration d'amour et d'admiration de Juliette Drouet, le lendemain de la plaidoirie d'Hugo défendant son fils. Charles Hugo avait été traduit devant les assises, et condamné malgré l'intervention de son père, pour avoir vaillament fustigé la mise à mort de Claude Montcharmont.
Le grand amour d'Hugo adresse cette lettre en des temps troublés, où père et fils se retrouvent au devant de la scène pour leurs prises de position abolitionnistes. Scandalisé par l'exécution de Montcharmont, un braconnier du Morvan de 29 ans, Charles Hugo fait paraître un article dans l'Evénement qui lui vaut un procès pour atteinte au respect dû aux lois : la Seconde république n'existe déjà plus que de nom, et la presse fait l'objet d'attaques fréquentes, encore aggravées ici par la notoriété des Hugo. Victor tient à défendre son fils et livre un plaidoyer resté célèbre : "Mon fils, tu reçois aujourd'hui un grand honneur, tu as été jugé digne de combattre, de souffrir peut-être, pour la sainte cause de la vérité. A dater d'aujourd'hui, tu entres dans la véritable vie virile de notre temps, c'est-à-dire dans la lutte pour le juste et pour le vrai. Sois fier, toi qui n'est qu'un simple soldat de l'idée humaine et démocratique, tu es assis sur ce banc où s'est assis Béranger, où s'est assis Lamennais !"
Malgré l'historique intervention d'Hugo, Charles est condamné à six mois de prison et 50 francs d'amende - une décision que fustige amèrement Juliette, submergée par l'angoisse à l'issue du procès : "J'ai beau savoir que cet arrêt inique est non seulement supporté avec courage par vous tous, mais accepté avec orgueil et avec joie par le plus directement intéressé dans cette malheureuse condamnation, la fatigue et l'inquiétude que j'ai éprouvé pendant toute cette interminable journée d'hier m'a laissée une douloureuse courbature physique et morale".
12 juin jeudi matin 7h [1851]
Bonjour, mon pauvre sublime petit homme, bonjour, mon pauvre généreux homme. [...] Pourvu que l'émotion et la fatigue ne t'aient pas fait mal. [...] Jusque là ma pensée sera si souvent de la crainte à l'espérance et de l'espérance à la crainte avec cela que j'ai la tête brisée depuis hier. J'ai beau savoir que cet arrêt inique est non seulement supporté avec courage par vous tous, mais accepté avec orgueil et avec joie par le plus directement intéressé dans cette malheureuse condamnation, la fatigue et l'inquiétude que j'ai éprouvé pendant toute cette interminable journée d'hier m'a laissée une douloureuse courbature physique et morale dont je n'ai pas encore pu triompher jusqu'à présent. Je compte beaucoup sur la salutaire réaction que me causera le bonheur de te savoir pas plus satisfait que ce jour dernier [...] Ce que je sais ce qui ne s'embrouille jamais dans mon cœur c'est que je t'aime à l'adoration et que tu es le soleil de mon âme et la joie de mes yeux.
Superbe lettre, témoignage du désir commun de justice qui habitaient les plus célèbres amants du XIXe siècle.
Édition originale de ce recueil d'articles qu'Émile Zola écrivit durant l'Affaire Dreyfus, notamment le fameux « J'Accuse...?! » qui paraît pour la première fois en volume. La dernière partie intitulée Mon Père est une compilation d'articles en hommage à François Zola.
Reliure en demi , dos lisse, couvertures conservées, reliure signée C. Vilaine.
Envoi autographe d'Émile Zola à l'historien et journaliste Maurice Dreyfous.
Lettre autographe du peintre Eugène Delacroix à son ami le baron Félix Feuillet de Conches, chargé du protocole au sein du ministère des affaires étrangères sous Charles X et Louis Philippe. Une page à l'encre noire sur un feuillet remplié, adresse autographe au verso. Restes de cachet et tampons postaux en date du 7 octobre.
Le peintre écrit à son ami Feuillet de Conches, écrivain distingué aux livres appréciés, qui amassa également une belle collection d'oeuvres d'art et d'autographes dans son appartement de la rue Neuve-des-Mathurins auquel cette lettre est adressée.
Superbe missive pleine d'humour du peintre, enchanté de sa retraite champêtre loin de Paris.
"Eugène Delacroix s'installe à Champrosay, au bord de la forêt de Sénart, en région parisienne, à partir de l'été 1844. Il consigne dans son journal les impressions que lui inspire la nature lors de ses promenades régulières dans la campagne. Il exécute de nombreuses esquisses, retravaillées par la suite dans ses grandes compositions. Mais il peint également des paysages plus ambitieux, qui témoignent de l'importance que prend pour lui, durant ses années de maturité et de vieillesse, l'observation d'une nature désormais regardée pour elle-même." (MuMa)
"Je vous réponds tard, cher Feuillet, mais vous m'excuserez : je vous promets un Gros, très heureux de l'ajouter à la collection. Je vous plains de vivre loin des champs. Si nous étions encore au temps des Métamorphoses d'Ovide je pourrais me croire en danger de me voir un de ces jours changé en arbre. Je suis fou de ces arbres innocents et si beaux et la nature humaine d'autre part perd tous les jours dans mon estime. J'en sépare comme de raison les amis comme vous et le peu de gens qui conservent un peu de raison.
Je vous embrasse en attendant cet hiver
Eug. Delacroix"
"J'étais fort malade Monsieur, quand vous avez bien voulu m'envoyer votre tragédie du 4e siècle que depuis j'ai vainement cherché votre adresse pour vous écrire tout ce que je pensais de cette tragédie où l'on voit ce me semble tous les sentiments et toutes les pensées d'un homme éclairé et énergique. J'espère que les circonstances me rapprocheront de Paris, et si j'ai l'honneur de vous voir Monsieur, je vous exprimerai ma reconnaissance pour le souvenir que vous avez bien voulu me faire parvenir dans le plus triste exil du monde, en vérité je ne me serais pas doutée qu'Auxerre eut jamais été la demeure d'un esprit aussi distingué que le vôtre".
Lettre autographe daté et signée de Jean Hélion adressée à Raymond Queneau, 41 lignes (quatre pages sur deux feuillets) rédigées à l'encre noire.
Jean Hélion ne peurt répondre favorablement à une invitation lancée par son ami Raymond Queneau en partie en raison de son esprit casanier : "J'ai pris l'habitude de rester chez nous, le samedi après-midi : à l'atelier jusqu'à 5 heures et là-haut jusqu'à l'heure du dîner pour y recevoit toutes sortes de jeunes gens que je n'ai pas le temps de voir un par un... Mais j'aimerais davantage vous montrer à vous seul, un peu tranquille et à n'importe quelle heure. Ne passez-vous jamais de ce côté ?"
Il s'inquiète du cheminement politique d'un de leurs amis en commun, le militant pacifiste Garry Davis qui créa en 1948 le mouvement des Citoyens du Monde et en 1954 l'organisation World Service Authority : "Je m'occupe encore de ce bon Garry Davis, qui s'engage maintenant dans la non-violence, mais d'une façon qui pourrait être violente... Breton a tapé dessus comme sur des cymbales. Mais moi, par amitié, autant que pour une confiance dans sa force instinctive, je l'aiderai tant que possible... Il veut encore consulter ses amis, et il en a grand besoin. Camus, Mounier, Altman, l'abbé Pierre et quelques autres lui sont demeurés dévoués."
Lettre autographe paraphée d'Emile Zola, datée de sa main du 10 avril 1898. Quatre pages à l'encre noire sur un bifeuillet, adressée à la femme d'Octave Mirbeau.
Trace de pli horizontal inhérent à l'envoi, de très rares et discrètes rousseurs sur le premier feuillet.
Particularité de cette correspondance d'exil, Zola choisit d'omettre sa signature dans ses lettres - ou comme ici, de parapher seulement, se prévenant de la censure ou des enquêtes de police.
Publiée dans ses Œuvres complètes, t. XXV, éd. F. Bernouard, 1927, p. 820.
Déchirante lettre de Zola écrite dans l'exil le plus total, la retraite la plus ignorée, le silence le plus absolu. L'écrivain justicier est reclus en Angleterre, contraint de quitter Paris après avoir été condamné à la peine maximale pour avoir écrit "J'accuse !"
é pendant ces heures cruelles.
Poème autographe d'André Pieyre de Mandiargues signé A.P.M. et daté du 5 juin 1974 intitulé "Le plus libre graveur" et qu'il dédia à Joan Miro .
Rédigé au stylo bille noir sur un feuillet, le poème, de 44 lignes, comporte quelques ratures et ajouts manuscrits ainsi qu'un ajout de feuillet découpé et encollé en angle inférieur droit du poème.
Ce texte tout à la gloire du peintre Joan Miro et de son style fut publié dans la revue XXe siècle en décembre 1974 :
"Feu d'air ou feu de terre
Feu de feu ou feu d'eau
Le haut feu de Miro
Se fait esprit de sel
Acide ardent fumant
Machoîre du dieu ivre
Qui va mordre le cuivre...
...
Parfois il grave sur le givre
il invente le regard
il noie le soleil
Il l'ébouillante
Parfois il balance l'homme
Il bascule la demoiselle,
...
La grande lingerie des noirs
Des bleus des rouges des roses
Des jaunes et des verts
Claquant au vent de Majorque
Un grand pavois d'allégresse
Imposé au blanc d'une page..."
Beau poème d'André Pieyre de Mandiargues magnifiant le style foisonnant de couleurs vives du peintre et graveur Joan Miro.
"Mon cher Confrère,
Excusez si je ne vous écris jamais, mais j'ai les yeux si malades que la seule pensée d'écrire dix lignes me torture.
J'ai l'intention d'ailleurs de faire plus, et d'aller vous serrer la main dans le courant d'avril. Je veux aller voir Naples, et descendre jusqu'à la Sicile. Je serai heureux de vous dire toute la reconnaissance que je vous ai pour votre si cordiale confraternité.
Je me demande si vous avez reçu Yvette [souligné plusieurs fois]. Dans tous les cas j'en ai encore un exemplaire ici, je vous l'adresse en le recommandant car les employés des Postes sont plus que suspects. [...]"
"Mon cher ami,
Je ne vous ai pas écrit parce que j'ai les yeux de plus en plus malades et qu'il m'est interdit de m'en servir soit pour lire soit pour écrire. [...]
Mais comme je vois que vous supposez des causes inexpliquées à mon silence, j'ai voulu vous en dire moi-même la raison. Merci pour vos articles, mais je ne les ai pas lus et on ne me les a pas lus. Le dit secrétaire a dû s'épargner cette besogne. Je les fais chercher : et je vais me les faire traduire tout de suite. Voilà un des gros ennuis des yeux malades ; on ne me montre pas la moitié des choses. Je vous fais envoyer Mont-Oriol par le même courrier.
Excusez mon laconisme, mon cher Pica, et croyez à mes sentiments bien affectueux".
"Monsieur et cher Confrère,
Zola me transmet votre aimable article du Fantasio. Il m'a fait le plus grand plaisir ; et je vous prie de recevoir, avec mes vifs remerciements, l'expression de mon confraternel dévouement et de toute ma sympathie".
Lettre autographe signée de Germaine de Staël, datée de sa main du 9 janvier 1809 adressée à Julie Nigris, fille d'Elisabeth Vigée-Lebrun. Deux pages à l'encre noire sur un bifeuillet. Adresse autographe au verso et traces de cachet portant ses armes, ainsi que des tampons postaux.
Plis inhérents à l'envoi déchirure avec manque, sans atteinte au texte, sur le feuillet d'adresse, dû à l'ouverture du cachet.
Publiée en addendum dans les Souvenirs de Madame Vigée Lebrun, 1837, t. III, pp. 264-265.
Germaine de Staël s'impatiente de recevoir son portrait sous les traits de son héroïne Corinne, commandée à la célèbre portraitiste Elisabeth Vigée-Lebrun. La lettre est un précieux maillon de la longue et fascinante histoire de ce portrait, que la baronne découvrira quelques mois plus tard.
"J'ai renoncé Madame, à la gravure du portrait de Madame votre mère, c'est trop cher pour ma fantaisie et je viens d'éprouver un procès considérable qui m'oblige à des ménagements de fortune. Mais avez-vous la bonté de me dire quand le portrait de Corinne me sera remis par Mad. Le Brun ? Mon intention était de lui envoyer mille écus en le recevant mais n'ayant pas de ses nouvelles je ne sais pas du tout ce que je dois faire. Soyez assez bonne pour vous en mêler, et me négocier à cet égard ce que je désire. Une négociation qui me serait bien douce aussi c'est celle qui vous amènerait en Suisse cet été. Prosper dit qu'il y viendra. M. de Maleteste ne se laisserait-il pas séduire par cette réunion de tous ses amis ? J'ose me mettre du nombre. En le voyant une fois il m'a semblé que je rencontrais une ancienne connaissance."
Germaine de Staël s'adresse à la fille de Vigée-Lebrun, Julie, en l'invitant ainsi que sa mère à égayer son exil. Elle tente également de rassembler à Coppet son propre amant ainsi que celui de Julie - Prosper de Barante et le marquis de Maleteste. Abhorrant la solitude, elle était résolue à inviter une foule de personnalités intéressantes. Deux ans plus tôt, Vigée-Lebrun avait commencé chez la baronne le portrait d'après nature de cette dernière sous les traits de l'héroïne de son dernier roman Corinne. L'artiste y avait rencontré les célèbres protagonistes du fameux groupe de Coppet : Frédéric de Prusse, Benjamin Constant et Juliette Récamier. Germaine avait déjà requis un changement auprès de Vigée Le Brun à peine la toile commencée et demandé un différent paysage de fond. Consciente de l'aspect ingrat de son modèle - ni elle ni la baronne ne s'en cachent - Vigée-Lebrun livrera un portrait ambitieux, à l'antique certes, mais à l'allure furieusement romantique, capturant le regard inspiré de la baronne au détriment de l'aspect néo-classique attendu. Malgré ses enthousiastes premières réactions, Germaine de Staël en commandera un autre à l'artiste local Firmin Massot. Ce dernier réalisera une piètre quoique fidèle copie de la composition originale, à l'exception du visage, et tout particulièrement du regard qu'il fait vide de toute émotion. La réaction de la baronne illustre le dilemme irréconciliable dont souffraient les femmes de lettres en ce début de XIXe siècle : tiraillées entre l'exercice d'un art intellectuel que Vigée-Lebrun avait magnifiquement capturé dans ce portrait, et les critères normatifs de la féminité auxquels Germaine de Staël voulait ressembler.
Précieux feuillet de correspondance, qui réunit deux femmes illustres, la commanditaire et l'artiste dont les visions de la féminité s'affronteront bientôt de part et d'autre du chevalet.
"je ne suis très fort que parce que je m'attends à tout et que mon seul but est le peu de vérité que nous réussirons sans doute à faire encore. Après, mon Dieu, qu'importe !"
"Les rentes majorées émises ont du être payées le 10 janvier Monsieur. Etant prêt à partir la semaine prochaine, je désire savoir si je puis disposer chez vous de la petite somme résultant de deux semestres que vous avez dû recevoir pour moi."
Benjamin Constant écrit cette missive dans une période de sa vie marquée par les tumultes amoureux et financiers, et demande à son banquier des rentes qui lui sont dûes. Il partage encore son temps avec son épouse, Charlotte Hardenberg, qu'il maria en secret en 1808, et son amante de toujours, l'écrivaine Germaine de Staël. Constant multiplie alors les déplacements et les dettes de jeu. Dans cette lettre, il est "prêt à partir la semaine prochaine" chez Madame de Staël pour s'entretenir de délicates questions d'argent en son château de Coppet en Suisse, où se réunissait alors toute l'intelligentsia européeenne.
Précieuse relique constantienne de l'écrivain en pleine tourmente, tiraillé entre bonheur conjugal et complicité intellectuelle avec la grande Germaine de Staël.
Manuscrit autographe signé du paraphe de Jean Cocteau, intitulé "L'Aurore" et daté par l'auteur du 17 janvier 1949. Un feuillet au stylo bleu. Publié dans l'Aurore du 19 janvier 1949 (n°1353, VIIIe année).
Jean Cocteau rédige pour le journal L'Aurore ce superbe tableau textuel de la ville qui ne dort jamais, après un séjour de vingt jours à New York. L'écrivain prolongera ce récit par sa Lettre aux Américains (Grasset, 1949), qui reprend quelques termes et expressions écrits sur le vif dans ce charmant manuscrit.
Selon la légende, l'écrivain commença à rédiger sa Lettre aux Américains dès le vol du retour. On peut s'imaginer Cocteau affairé dans son avion, les yeux encore brillants des lumières de la ville, notant ses premières impressions dans ce feuillet :
« Il est bien difficile de parler en quelques lignes d'une cité comme New York. Mon voyage a-t-il duré vingt jours ou vingt ans ? Je me le demande [...] Rien n'est plus léger que l'air de New York. Trop léger. Tout y tourbillonne. Ce qui se pose et se repose est très rare. Les gratte-ciel eux-mêmes se balancent légèrement au faîte et la lumière les traverse comme du tulle. La nuit, Broadway est en proie à d'effroyables tics électriques. Et des arbres de Noël lumineux d'une hauteur de six étages ornent Park Avenue. »
Cocteau s'était envolé vers New York dans les derniers jours de décembre 1948 pour la première de L'Aigle à deux Têtes, dont il réalise l'adaptation cinématographique avec Edwige Feuillère dans le rôle de la reine, et son grand amour Jean Marais en jeune poète anarchiste. Il espérait convaincre l'immense actrice Greta Garbo d'interpréter un rôle dans un de ses prochains films :
« C'était la première fois que je passais le nouvel an hors de ma ville et j'ai eu la chance, lorsque sonnait minuit, d'embrasser Greta Garbo dont le visage est de plus en plus admirable. »
L'écrivain achève le manuscrit par une magistrale ode à la vie trépidante de la capitale du Nouveau Monde :
« Il y a des villes assises. Il y a des villes couchées. New York n'aime ni s'asseoir si s'étendre. C'est une ville qui dort debout. »
A New York, Cocteau trouvera une vie à l'image de son exubérance créatrice et c'est Philippe Halsman, le plus new yorkais des photographes qui, durant ce court séjour, capturera le plus parfaitement « what goes on inside [the] poet's mind ».
Réalisés pour LIFE magazine, ses portraits emblématiques - un double profil en aigle à deux têtes, ou en monstre-magicien aux trois paires de mains, fumant, dessinant et lisant - ont saisi avec une incomparable justesse cet artiste surprenant de variété.
Précieuses impressions new-yorkaises d'un Cocteau dandy et protéiforme, irrésistiblement attiré par l'énergie débordante de New York.
Lettre autographe signée et datée d'Auguste Bartholdi adressée à l'écrivain Edmond About. Trois pages à l'encre noire sur un bifeuillet à son en-tête. Traces de plis transversaux inhérents à l'envoi.
Bartholdi revient d'Egypte après avoir présenté son projet de statue-phare pour le canal de Suez, qui verra finalement le jour aux Etats-Unis sous le nom de Statue de la Liberté. Le sculpteur donne ses impressions après ce périple, et rapporte des soieries et des tapis persans du bazar pour son ami.
De mars à avril 1868, Bartholdi séjourne en Égypte pour soumettre son projet de monument au vice-roi Ismaïl-Pacha. L'idée d'une statue érigée à l'entrée du canal de Suez était née de la visite du sculpteur au pavillon de la société du canal à l'Exposition universelle de Paris. Ces travaux de percement méritaient à ses yeux une œuvre pharaonesque : il imagine alors un colosse féminin de cinquante mètres, tendant son bras vers le ciel et brandissant une lanterne - qu'il baptise « L'Egypte apportant la lumière à l'Asie », ou « L'Egypte éclairant l'Orient ». Le pacha ainsi que le constructeur en chef du canal Ferdinand de Lesseps ne furent pas conquis :
« De mon entreprise je ne puis pas vous donner de renseignements intéressants. Je ne sais vraiment pas moi-même si j'ai réussi ou non. Il faut attendre, j'ai trouvé un accueil bienveillant ; mais rien de caractérisé, à la mode Egyptienne. » L'idée prendra finalement germe outre-Atlantique, où son colosse sera accueilli avec enthousiasme par l'union franco-américaine et lui assurera une renommée internationale.
Outre ses excursions à dos de baudet pour trouver un emplacement à son œuvre sur les bords du canal, le sculpteur se prit à flâner dans les rues d'Alexandrie et du Caire, réalisant de nombreux croquis : « Je comptais retourner compléter mes études au bazar ; quand étant indisposé, j'ai été amené à partir brusquement [...] j'ai eu le plaisir de voir votre ami Arackel qui a été pour moi aussi aimable que votre lettre ». Bartholdi remercie également About pour son élogieuse critique de ses œuvres parue le 1er juin : « Il a fallu votre aimable petit mot dans la Revue des deux mondes pour me fourrer la plume dans les mains. Merci bien de votre caresse amicale » et l'entretient longuement à propos de soies et tapis qu'il lui avait promis : « L'habaye [abbaya] de soie bleue et or coûtait 180 au lieu de 175 et on ne me la laissait qu'a 130 dernier prix. Les tapis de Caramanie coûtaient 60 dernier prix, et je n'en ai vu que deux ou trois qui fussent beaux ».
Précieuse et esthétique lettre de Bartholdi, dont l'infructueuse entreprise en Egypte se traduira aux Etats-Unis par son immortelle statue, devenue le symbole de toute une nation.
Mon cher Buloz, voici la lettre à M. Lerminier n'y changez rien. Relisez-en vous même et vous seul l'épreuve. Corrigez les fautes de typographie. Veuillez à la ponctuation et aux guillemets. Il va sans dire que les blancs de mon manuscrits sont le résultat de coupures et de transcriptions que j'ai faites, et ne demandent que de simples alinéas.
Bonjour et amitié,
George
Cette lettre constitue la parfaite illustration de la collaboration aussi houleuse que fructueuse qui unit François Buloz et George Sand. Ce dernier donne pendant de nombreuses années à Sand une tribune et un moyen de vivre de sa plume. Elle publie dans la Revue un grand nombre de chefs-d'oeuvre, dont Lettres d'un voyageur (1834-1836), Mauprat (1837), Spiridion (1839), Gabriel (1839), Mademoiselle La Quintinie (1863), Césanne Dietrich (1870). Par son biais, elle participe aussi activement aux débats politiques de son temps. En 1838, Buloz est le grand orchestrateur d'un duel idéologique lorsque Sand "décide de prendre à partie le critique Lerminier, qui venait de faire dans la revue une analyse très critique du Livre du peuple, Buloz par désir de publicité permet à ses deux collaborateurs d'échanger publiquement leurs coups dans la revue. Par l'intermédiaire de Lerminier et de son ton supérieur, la revue dévoile alors sa vision plutôt misogyne de la littérature et de la philosophie : « le temps est venu pour vous de donner à vos opinions philosophiques plus de consistance et d'étendue car vous entrez dans une nouvelle phase de la vie et du talent. L'inspiration et la fantaisie vous ont élevée à une hauteur où elles ne suffiraient pas à vous maintenir. Puisez maintenant, madame, de nouvelles forces dans la réflexion et la science » (Marie-Eve Thérenty, George Sand, François Buloz et la Revue des Deux Mondes).
Sand réagit aussitôt et envoie son article de riposte accompagné de cette missive comminatoire, ordonnant à Buloz de publier son texte en l'état. Lamennais sera très touché de son geste :« Je compterai toujours parmi les circonstances heureuses de ma vie, où je n'en compte pas beaucoup, d'avoir été défendu par vous. En publiant mon dernier livre, je savais bien qu'il choquerait à peu près tout le monde, légitimistes, juste-milieu, catholiques, républicains même, ceux du moins qui ne veulent ni de Dieu ni de la liberté, et le nombre en est grand, et ils ont une terrible foi en eux-mêmes. Je n'ai espéré que dans le peuple qui ne fait pas de systèmes, et qui, sous l'influence des instincts humains primitifs et impérissables, juge par le coeur, et juge seul infailliblement. Sans lui je ne sais ce que deviendrait la liberté sur la terre. M. Lerminier et bien d'autres se figurent que je parle au hasard, selon que m'importe l'idée du moment. Ils se trompent » (Yves Chastagnaret, George Sand, Lerminier et le Livre du Peuple de Félicité Lamennais).
Lettre autographe datée de Liane de Pougy adressée à l'archéologue français, conservateur du musée de Saint-Germain et professeur d'histoire de l'art à l'École du Louvre, Salomon Reinach, 56 lignes rédigées à l'encre bleue sur un feuillet recto verso, écrite depuis sa propriété du Clos-Marie à Roscoff où la célèbre courtisane y séjourna jusqu'en 1926.
Une petit déchirure en marge droite de la lettre et inhérente à la mise sous pli de la missive ; une légère autre en pied sans atteinte au texte.
Liane de Pougy s'extasie devant la jouvence des 65 printemps de son correspondant : "Many happy returns pour vos 65 ans qui vont ont trouvé si jeune, si frais, si vert, et de sentiments potaches (potasses). Mon ami, votre morale jeunesse détient le secret de votre jeunesse physique - ainsi que Rosa Josepha l'une tue l'autre - l'une conserve l'autre - et cela vu de front." tout en magnifiant son irradiante intelligence : "Ne plus produire. Vous asseoir sur le trône si haut de vos trophées formé par tout ce que vous avez arraché à l'instinct pour sacrifier à l'intellectualité. Pourquoi dit-on toujours puits de science - au lieu de dire une colonne lumineuse - un ciel - un soleil - un astre, etc... enfin de désigner par ce qui nous fait lever la tête."
Elle attend son amie et ancienne amante la terrible et infidèle Natalie Clifford-Barney : "Natalie forme le projet de venir au clos fin 7bre. Elle a ici une blessure à panser - le temps a déjà, heureusement, en ceci fait son oeuvre ! J'ai le poil sensible et comme le mousquetaire : bon coeur et mauvais caractère. C'est la 1ère fois que l'amazone m'aura dûrement visée... N'en parlons plus." et ne veut surtout pas être plainte ni consolée pour ses déboires sentimentaux : "J'ai souffert en silence mais sans résignation. Ne parlez pas de ceci à Nathanaël... Nathanaël veut dire Philippe affirme Max Jacob qui vit près de nous et travaille près de nous de la plus intéressante façon..."
Belle lettre de la célèbre courtisane, actrice et autrice Liane de Pougy narrant avec une virile pudeur ses déceptions amoureuses avec Natalie Clifford-Barney.
"Chère Madame,
Mille excuses pour le malentendu qui est de ma faute, sans doute.
Je ne me souvenais pas du tout que vous n'étiez pas libre ce soir. Si vous l'êtes demain samedi, j'en serais heureux. J'ai couru à Châtelet et suis parvenu à faire changer le jour pour mes places.
Voulez-vous avoir l'amabilité de me prévenir, soit par un télégramme, soit par un message téléphonique. Les pneumatiques ne parviennent pas à Levallois.
Une fois de plus pardonnez-moi et à demain soir, j'espère.
Respectueuses amitiés de votre dévoué"
Lettre autographe signée de Rainer Maria Rilke adressée à l’actrice Else Hotop, qu’il nomme par son nom de scène : Elya Maria Nevar.
2 pages et demi à l’encre noire sur un bifeuillet filigrané « Sackleinen », enveloppe autographe jointe, adressée à « Else Hotop » portant des cachets postaux en date du 3 novembre 1918.
Publiée dans les lettres qu’elle fit paraître sous le titre Freundschaft Mit Rainer Maria Rilke, 1946, p. 35.
Précieuse pièce de la correspondance du poète Rainer Maria Rilke, qui reflète les délices d’un après-midi enchanté avec la comédienne Elya Nevar, l’une de ses plus ferventes admiratrices, loin du grondement de la guerre qui faisait rage.
« Mon amour chéri
Penses tu à moi
Veux tu me garder ta soirée de demain [...] nous irons au spectacle en tous cas viens en arlaisienne [sic]
Je t'écrirai demain, pour te redire que je t'aime.
Ma fille a été on ne peut plus touchée de ton explosion vis à vis d'elle.
Elle t'adore - ou plutôt nous t'adorons
Aime moi »
« Chère amoi [sic]
Ton ami arrivé moulu brisé de deux nuits de voitures et de chemins de fer. Il t'attend demain soir mardi. Oh ce sera avec grand bonheur qu'il s'assurera que toutes choses sont dans l'état où il les a laissées
a toi »