Reliure en demi chagrin noir, dos à quatre nerfs orné de doubles caissons dorés décorés de motifs typographiques dorés, plats de papier marbré, gardes et contreplats de papier peigné, tête dorée, reliure de l'époque.
Très bel exemplaire.
Premier et principal recueil poétique de Baudelaire, l'ouvrage fut en partie censuré dès sa parution pour « offense à la morale publique, à la morale religieuse et aux bonnes mœurs ». Quelque 200 exemplaires furent saisis en librairie et amputés de six poèmes.
De nombreuses questions restent en suspens à propos de l'impression et de la diffusion de cette œuvre, pourtant majeure dans la littérature française. Ainsi présente-t-on souvent les exemplaires expurgés comme les exemplaires non vendus avant la « ridicule intervention chirurgicale » (pour reprendre l'expression de Baudelaire) opérée sur 200 exemplaires en librairie. En réalité, la correspondance de Baudelaire, comme celle de Poulet-Malassis, révèle que la vente fut loin d'être aussi fulgurante et que la plupart des exemplaires ont tout simplement été retirés et « mis en lieu sûr » par l'auteur et l'éditeur : « Vite cachez, mais cachez bien toute l'édition ; vous devez avoir 900 exemplaires en feuilles. - Il y en avait encore 100 chez Lanier ; ces messieurs ont paru fort étonnés que je voulusse en sauver 50, je les ai mis en lieu sûr [...]. Restent donc 50 pour nourrir le Cerbère Justice » écrit Baudelaire à Poulet-Malassis le 11 juillet 1857. Son éditeur s'est exécuté immédiatement en répartissant son stock chez divers « complices » dont Asselineau auquel il écrit, le 13 juillet : « Baudelaire m'a écrit une lettre à cheval que j'ai reçue hier et dans laquelle il m'annonce la saisie. J'attends à le voir pour le croire, mais à tout événement nous avons pris nos précautions. Les ex. sont en sûreté et profitant de votre bonne volonté nous mettrons aujourd'hui au chemin de fer... une caisse contenant 200 ex. en feuilles que je vous prie de garder jusqu'à mon prochain voyage... »
Nous n'avons pas trouvé de trace du retour en librairie de ces exemplaires mis en réserve, hormis une remise en vente en 1858 avec une nouvelle page de titre.
La rareté des exemplaires de l'édition originale des Fleurs du Mal - plus encore reliés à l'époque - pourrait laisser soupçonner une disparition, au moins partielle, des exemplaires non vendus et soustraits à la censure.
Les exemplaires en élégante reliure d'époque, révélant un intérêt précoce pour ce premier recueil d'un sulfureux poète encore inconnu, conservent le charme confidentiel des cercles littéraires du XIXème.
Bel exemplaire établi dans une élégante demi-reliure strictement contemporaine.