Ouvrage illustré, en frontispice, d'un dessin d'Espinoza.
Agréable exemplaire aux couvertures non décolorées comme habituellement, un petit gri-gri en angle supérieur gauche de la dernière garde.
Carte postale autographe signée de Georges Polti adressée au poète Jean Ott, rédigée à l'encre noire (8 lignes) au verso de la reproduction photographique d'un tableau de Nicolas Lancret intitul "L'été".
Georges Polti souhaite à son coréligionnaire poète un prompt rétablissement ainsi qu'une excellente année 1913 : "... je vous envoie toujours un peu de soleil : ce la ne peut nuire. Belle et saine et triomphale année !"
Édition originale, un des exemplaires de première émission numérotés à la presse.
Reliure en demi maroquin marron, dos à cinq nerfs, date dorée en queue, plats de papier à motifs abstraits, gardes et contreplats papier bleu-gris, tête dorée sur témoins, couvertures et dos en parfait état conservés, reliure signée T. Boichot.
Second recueil majeur du poète-soldat aux innovations graphiques inédites et illustré, en frontispice, d'un portrait de Guillaume Apollinaire par Pablo Picasso.
“Quelques-uns des meilleurs poèmes de guerre, toutes langues confondues, sont réunis dans ce recueil, à côté d'oeuvres expérimentales comme Les Fenêtres (proche du cubisme) et La Jolie
Rousse, qui étaient très en avance sur leur temps” (Cyril Connolly, Cent livres-clés de la littérature moderne, nº 32).
Bel exemplaire au papier non cassant ce qui est peu fréquent, rare et étonnant envoi autographe signé de Guillaume Apollinaire : « à monsieur le critique littéraire de La Libre Parole, hommage de Guill. Apollinaire. »
Qui pouvait être le destinataire de cette dédicace non nominative mais adressée à un collaborateur du célèbre journal antisémite fondé par édouard Drumont ?
On connait la position ostensiblement philosémite de Guillaume Apollinaire qui s'enorgueillit dans une lettre de 1899 auprès de Toussaint Luca d'avoir tenté de provoquer Henri Rochefort lisant justement La Libre parole, en déployant devant lui L'Aurore mais sans oser, regrette le jeune dreyfusard, engager la polémique. En 1902, il marque publiquement sa fraternité avec le peuple juif avec une nouvelle parue dans La Revue blanche, Le Passant de Prague : « J'aime les juifs car tous les juifs souffrent partout ». Puis dans Alcools, il dédiera un poème à la religion hébraïque : La Synagogue. Mais c'est sans doute à travers son poème « Le Juif latin », paru dans L'Hérésiarque et Cie qu'Apollinaire dévoile, poétiquement, l'essence de son lien particulier avec la judaïté, dont il partage la condition d'éternel étranger, le sentiment de déracinement et la recherche d'identité.
Il peut donc paraître très surprenant que ce poète, dont la seule trace d'engagement politique fut en faveur de Dreyfus, dédicace son œuvre à un journaliste de La Libre parole, fut-il critique littéraire. Et de fait, La Libre Parole ne contient aucune rubrique littéraire !
A quelques mois de la disparition du poète, ce laconique envoi se révèle ainsi être un formidable et ultime pied de nez de l'impertinence poétique à l'intolérance politique...
Quelle tristesse après le plaisir, mon amie,
Quand le dernier baiser, plus triste qu'un sanglot,
S'échappe en frémissant de ta bouche blêmie,
Et que, mélancolique et lente, sans un mot,
Tu t'éloignes à pas songeurs, ô mon amie !
Pareille à la douleur des adieux, dans le soir,
L'angoisse qui vient de la volupté lasse !
Pareille au chant brisé qui vient nous décevoir,
Pareille au noir cortège impérial qui passe
Avec les cierges d'or allumés dans le soir...
Et je te sens déçue et je me sens lointaine...
Nous demeurons, avec les yeux de l'exilé,
Suivant, tandis qu'un fil d'or frêle nous enchaîne,
Du même regard las notre rêve envolé...
Autre déjà, tu me souris, déjà lointaine...
Je m'écoute, avec des frissons ardents,
Moi, le petit faune au regard farouche...
L'âme des forêts vit entre mes dents
Et le Dieu du rythme habite ma bouche.
Dans ce bois, loin des aegipans rôdeurs
Mon cœur est plus doux qu'une rose ouverte ;
Les rayons, chargés d'heureuses odeurs,
Dansent au son frais de ma flûte verte.
Mêlez vos cheveux et joignez vos bras
Sur l'herbe humide où le bélier s'ébroue,
Nymphes des halliers ! - ne m'approchez pas,
Allez rire ailleurs pendant que je joue.
Car j'ai la pudeur de mon art sacré,
Et, pour honorer la muse hautaine
Je chercherai l'ombre et je cacherai
Mes pipeaux vibrants dans le creux d'un chêne.
Parmi la tiédeur, parmi les parfums,
Je jouerai le long du jour, jusqu'à l'heure
Des chœurs turbulents et des jeux communs
Et des seins offerts que la brise effleure.
Je tairai mon chant pieux et loyal
Aux amants de vin, aux chercheurs de proie
Seul le vent du soir apprendra mon mal
Et les arbres seuls apprendront ma joie.
Je défends ainsi mes instants meilleurs...
Vous qui m'épiez de vos yeux de chèvres,
Ô mes compagnons ! allez rire ailleurs
Pendant que le chant fleurit sur mes lèvres.
Sinon, — je suis faune après tout, si beau
Que soit mon chant, — et, bouc qui se rebiffe,
Je me vengerai d'un coup de sabot
Et d'un coup de corne et d'un coup de griffe.
Edition originale, illustrée de dessins de Minartz gravés sur bois par Paillard. Tirage unique limité à 138 exemplaires numérotés sur vélin du Marais. 3 hors-texte dont un frontispice, 56 en-têtes illustrant la vie parisienne nocturne, les spectacles... L'illustration réalisant une étroite correspondance avec les poèmes (l'opéra, les manèges, les cabarets...).
Reliure en demi maroquin à coins vieux rose légèrement postérieure à la Bradel. Dos lisse janséniste. Auteur et titre dorés. Couvertures et dos conservés. Belle fraîcheur du papier, avec des rousseurs sur la tranche et de très rares et pâles rousseurs internes. Dos un peu éclairci, ou ayant viré uniformément.
Ex-libris gravé Jacques Crépineau, directeur du théâtre la Michodière et historien du spectacle, bibliophile réputé par sa collection de romantiques.
Très bel exemplaire.