Double lettre de reproches et d'excuses adressée par le pape du surréalisme à sa proche amie la galeriste Geo Dupin.
La majeure partie de la missive est une cinglante suite de reproches : « Longtemps je vous ai tenue, Geo, pour une amie et même pour une très sûre amie. [...] Figurez-vous Geo, que pas plus que Benjamin [Péret] je n'aime ni n'admets le double jeu ! [...] Je me tiens pour édifié sur vos véritables sentiments. » La cause de cette vive déception semble être le « catalogue-invitation à la prochaine exposition de la Cour d'Ingres » concernant le peintre Yves Laloy que Geo Dupin fit découvrir à André Breton en juin 1958 : « Et, comme il s'agit de Laloy que nous regardions ensemble, laissez-moi vous dire que je trouve cela 'fort de café'. »
Etonnamment, nous n'avons pu trouver aucune trace dudit catalogue ni d'ailleurs d'une exposition du peintre en 1960. André Breton avait pourtant déjà réalisé une préface pour l'exposition Yves Laloy à la Cour d'Ingres le 7 octobre 1958 et il semblerait que cette « nouvelle préface », probablement destinée à une prochaine exposition Laloy, ait été rejetée par son amie galeriste : « Vous vous étiez trop exprimée [...] sur la voyoucratie de J.-J. Lebel et le sens incontestable de cet 'Anti-procès' pour que les intentions de cette nouvelle préface ne vous sautent aux yeux. »
Nous ne connaissons pas la teneur de l'échange qui eut lieu entre temps Geo Dupin et André Breton, mais ce dernier ajoute, en rouge et en marge de la lettre le post-scriptum suivant : « Après explications des plus satisfaisantes, j'ai le plaisir d'annuler cette lettre et de vous restituer, chère Jo, tous les sentiments affectueux que je vous ai toujours porté. André».