Autograph manuscript poem signed by Louise Colet, titled "Le Vrai Beau" ["True Beauty"], 38 Alexandrine verses in black ink on a folded sheet of satined cardboard paper in oblong format, folded in two places. A small stain to the blank verso.
Published in 1852 under the title "L'Art et l'Amour" ["Art and Love"], dated 1846, in
Ce qui est dans le cœur des femmes : Poésies nouvelles [
What is in Women's Hearts: New Poems].
This manuscript version, with a different title, presents one verse and several unpublished words.*** Superb cry from the heart by Louise Colet who puts into verse the conceptions - of life, love, art - that set her against her lover Gustave Flaubert,
witnessing the first stirrings of their tumultuous relationship. Written shortly after their meeting on July 29, 1846, the poem is an impassioned response to a letter from Flaubert of September 2nd "Oh! va, aime plutôt l'Art que moi" ["Oh! go, love Art rather than me"]
to which its first verse makes explicit reference:"Tu me dis : Aime l'art, il vaut mieux que l'amour
[...]
Et moi. je te réponds : La langue du poête
Ne rend du sentiment que l'image incomplète" ["You tell me: Love art, it is better than love [...] And I answer you: The poet's language renders only an incomplete image of feeling"].
After granting Louise Colet a few rare passionate nights following their meeting in James Pradier's studio, the aptly named hermit of Croisset had kept his distance to devote himself to writing, while proclaiming his love for her.
This poetic response by Louise Colet to Flaubert's epistolary exchanges is all the more important as her letters were destroyed by the writer in 1879. The Alexandrines address Flaubert in the second person, in this theoretical and lyrical manifesto addressed to her lover eleven years her junior, from the hand of a poetess already recognized by her peers, who first captivated the philosopher Victor Cousin, and later Musset and Vigny. She gives form to their dialogues under the grip of Romanticism, which she embodies, and of Realism to which Flaubert clings fiercely. Beyond the role of exasperating lover often attributed to her, Colet claims the impulses of her heart that Flaubert ignores in himself; and argues that the transports of reality will always surpass those of Art condemned to imitate them:
"Des maîtres les plus grands les œuvres les plus belles,
Auprès du beau vivant, compare, que sont-elles ?" ["The most beautiful works of the greatest masters, compared to living beauty, what are they?"]
Rare vestige rescued from Flaubert's censorship, restoring Louise Colet's voice within their amorous dialogue. Louise Colet's poem takes the form both of a discussion on aesthetics and a tender declaration of love to Flaubert; their destinies as writers being inextricably linked to their intimate life.Tu me dis : Aime l'art, il vaut mieux que l'amour ;
Tout sentiment s'altère et doit périr un jour !
Pour que le cœur devienne une immortelle chose,
Il faut qu'en poésie il se métamorphose,
Et que chaque pensée en sorte incessamment,
En parant sa beauté d'un divin vêtement.
Sentir, c'est aspirer!... c'est encor la souffrance ;
Mais créer, c'est jouir, ! c'est prouver sa puissance ;
C'est faire triompher de la mort, de l'oubli,
Toutes les passions dont l'âme a tressailli!
Et moi. je te réponds : La langue du poête
Ne rend du sentiment que l'image incomplète ;
Concevoir le désir, goûter la passion,
Nous fait dédaigner l'art et sa création ;
Formuler les pensers dont notre esprit s'enivre,
Ce n'est que simuler la vie : aimer, c'est vivre ; !
C'est incarner le rêve, et sentir les transports
Dont l'art ne peut donner que des emblèmes morts !
Des maîtres les plus grands les œuvres les plus belles,
Auprès du beau vivant, compare, que sont-elles?
Corrége et le Poussin, Titien et Raphaël,
Rubens, dont la palette est prise à l'arc-en-ciel,
Éblouissant nos yeux, ont groupé sur leurs toiles
Des visages divins et de beaux corps sans voiles !
Mais hier, quand soudain à nos regards charmés
Ces tableaux immortels se trouvaient animés,
Lorsqu'au lieu de la chair que la couleur imite,
Nous avons admiré cette chair qui palpite,
Où le sang, à travers l'épiderme soyeux,
Circule en répandant des reflets lumineux ;
Lorsque nous avons vu d'exquises créatures,
Dont les beaux torses nus, les bras aux lignes pures,
Le sein ferme et mouvant, le visage inspiré,
Faisaient vivre à nos yeux quelque groupe sacré,
Oh ! n'as-tu pas senti quelle impuissante envie
C'est de vouloir dans l'art inoculer la vie
Et ne t'es-tu pas dit, du réel t'enivrant :
La beauté seule est belle, et l'amour seul est grand !