Signed autograph letter from the dandy count, 68 lines written in black ink on six recto leaves, probably addressed to his friend and bibliographer, the critic Henri Lapauze, to whom he almost orders him to review his latest work in one of his upcoming chronicles. The proud Robert de Montesquiou also evokes, with complete immodesty, his intellectual height and depth, qualities cruelly lacking in some of his contemporaries:
"Cher ami,
avec plaisir, je consens à faire partie de votre comité, avec d'autant plus de plaisir que, sans le vouloir ou, peut-être intentionnellement (je préfère le croire) vous donnez raison à mon dernier livre. Voir page 143 : "nulle ne serait mieux qualifiée pour ce titre de Présidente. On n'en saurait trouver de plus affable". Oui, cher ami, j'en profite pour vous le redire, sans plaisanterie - aussi bien que sans amertume, vous vous êtes trop de fois montré efficacement sympathique, pour que j'en perde si vite, ni même, jamais le souvenir. - vraiment, je ne suis pas du tout de votre avis sur l'impossibilité de parler de mon dernier livre, dans votre chronique. Je suis même de l'avis entièrement contraire. D'abord, je ne voudrais pas, si j'étais critique littéraire, qu'il fût dit, un jour, qu'un tel livre a paru (vous savez que je ne suis pas modeste) sans que j'en ai fait mention, d'une manière ou de l'autre. En outre, c'est trop lui donner raison que d'en agir ainsi. Vous voyez que, si je suis modeste, je ne suis pas moins juste. Oui, à votre place, j'aurais fait la part de l'auteur et celle du lecteur, même récalcitrant comme l'ont fait Robin, dans le Herald, et Glaser, dans le Figaro, comme l'ont fait et le feront d'autres. - Quant au bel article de Lucien Daudet, dans le Gil Blas, je pense que vous l'avez lu. Des personnes d'esprit et d'art, comme vous deux, ne peuvent se méprendre sur le côté réactionnaire et aristocratique d'un tel écrit, dans la bonne acception de ces deux qualificatifs. L'aristocratie, ce n'est tout de même pas madame Moore, madame Porgès et Mam "zell" Gutman ; pas plus que la littérature n'est Mam "zell" Vacaresco et Monsieur de Pomairols. A un borgne bien intentionné qui me disait : "vous attaquez le monde ! "... j'ai répondu : "Pardon ! je range le salon de ma grand-mère" Aussi, quand je lis, dans quelque de vos jolis commentaires (trop incertains à certains) à propos de je ne sais quel plus ou moins vague bouquin, que "l'auteur" manie supérieurement l'ironie, je m'écris furieusement : "Eh bien ! et moi ! ..." Alors, pour me dédommager, et un peu me venger, je relis votre carte du 10 octobre : "Envoyez moi tout de suite, cher ami, votre insupportable héroïne". Henry et moi, nous voulons la connaître, l'aimer, la faire aimer. A quoi pensez vous de nous mettre "l'eau à la bouche, pour retirer ensuite ce fruit... que nous espérons défendu..." De ce moment-là, je me sens mieux. Et pour vous le prouvre, cher ami, et que je suis sincère, je vous annonce mon intention de publier, à l'occasion de votre exposition, un nouvel essai sur Ingres, lequel vous sera dédié, si tel est votre bon plaisir, comme il est le mien. Si vous connaissez un coin de revue qui s'accommode de ça, faites-le moi savoir, et recevez mes amitiés bien dessinées. Robert de Montesquiou Janv. 911." ["Dear friend,
with pleasure, I consent to be part of your committee, with all the more pleasure since, without wanting to or, perhaps intentionally (I prefer to believe so) you vindicate my latest book. See page 143: 'none would be better qualified for this title of President. One could not find a more affable one.' Yes, dear friend, I take this opportunity to tell you again, without jest - as well as without bitterness, you have shown yourself efficiently sympathetic too many times for me to lose the memory of it so quickly, or even, ever. - truly, I am not at all of your opinion on the impossibility of speaking about my latest book in your chronicle. I am even of the entirely opposite opinion. First, I would not want, if I were a literary critic, for it to be said one day that such a book appeared (you know I am not modest) without my having mentioned it, in one way or another. Furthermore, acting thus is giving it too much credit. You see that, if I am modest, I am no less just. Yes, in your place, I would have made allowances for both the author and the reader, even if reluctant, as Robin did in the Herald, and Glaser in Le Figaro, as others have done and will do. - As for the beautiful article by Lucien Daudet in Gil Blas, I think you have read it. People of spirit and art, like you both, cannot mistake the reactionary and aristocratic side of such a writing, in the good sense of these two qualifiers. Aristocracy is certainly not Madame Moore, Madame Porgès and Miss Gutman; no more than literature is Miss Vacaresco and Monsieur de Pomairols. To a well-intentioned one-eyed man who said to me: 'you attack society!'... I replied: 'Pardon me! I am tidying my grandmother's drawing room.' So, when I read, in some of your pretty commentaries (too uncertain at times) about some more or less vague book, that 'the author' handles irony superbly, I cry out furiously: 'Well! And what about me!...' Then, to compensate myself, and to revenge myself a little, I reread your card of October 10th: 'Send me immediately, dear friend, your unbearable heroine.' Henry and I, we want to know her, love her, make others love her. What do you think of making our 'mouths water, only to then withdraw this fruit... which we hope is forbidden...' From that moment on, I feel better. And to prove it to you, dear friend, and that I am sincere, I announce my intention to publish, on the occasion of your exhibition, a new essay on Ingres, which will be dedicated to you, if such is your good pleasure, as it is mine. If you know a corner of a magazine that would accommodate this, let me know, and receive my well-drawn friendships. Robert de Montesquiou Jan. 911."]
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