Bel exemplaire.
Lettre autographe du peintre Eugène Delacroix à son ami le baron Félix Feuillet de Conches, chargé du protocole au sein du ministère des affaires étrangères sous Charles X et Louis Philippe. Une page à l'encre noire sur un feuillet remplié, adresse autographe au verso. Restes de cachet et tampons postaux en date du 7 octobre.
Le peintre écrit à son ami Feuillet de Conches, écrivain distingué aux livres appréciés, qui amassa également une belle collection d'oeuvres d'art et d'autographes dans son appartement de la rue Neuve-des-Mathurins auquel cette lettre est adressée.
Superbe missive pleine d'humour du peintre, enchanté de sa retraite champêtre loin de Paris.
"Eugène Delacroix s'installe à Champrosay, au bord de la forêt de Sénart, en région parisienne, à partir de l'été 1844. Il consigne dans son journal les impressions que lui inspire la nature lors de ses promenades régulières dans la campagne. Il exécute de nombreuses esquisses, retravaillées par la suite dans ses grandes compositions. Mais il peint également des paysages plus ambitieux, qui témoignent de l'importance que prend pour lui, durant ses années de maturité et de vieillesse, l'observation d'une nature désormais regardée pour elle-même." (MuMa)
"Je vous réponds tard, cher Feuillet, mais vous m'excuserez : je vous promets un Gros, très heureux de l'ajouter à la collection. Je vous plains de vivre loin des champs. Si nous étions encore au temps des Métamorphoses d'Ovide je pourrais me croire en danger de me voir un de ces jours changé en arbre. Je suis fou de ces arbres innocents et si beaux et la nature humaine d'autre part perd tous les jours dans mon estime. J'en sépare comme de raison les amis comme vous et le peu de gens qui conservent un peu de raison.
Je vous embrasse en attendant cet hiver
Eug. Delacroix"
Poème autographe d'André Pieyre de Mandiargues signé A.P.M. et daté du 5 juin 1974 intitulé "Le plus libre graveur" et qu'il dédia à Joan Miro .
Rédigé au stylo bille noir sur un feuillet, le poème, de 44 lignes, comporte quelques ratures et ajouts manuscrits ainsi qu'un ajout de feuillet découpé et encollé en angle inférieur droit du poème.
Ce texte tout à la gloire du peintre Joan Miro et de son style fut publié dans la revue XXe siècle en décembre 1974 :
"Feu d'air ou feu de terre
Feu de feu ou feu d'eau
Le haut feu de Miro
Se fait esprit de sel
Acide ardent fumant
Machoîre du dieu ivre
Qui va mordre le cuivre...
...
Parfois il grave sur le givre
il invente le regard
il noie le soleil
Il l'ébouillante
Parfois il balance l'homme
Il bascule la demoiselle,
...
La grande lingerie des noirs
Des bleus des rouges des roses
Des jaunes et des verts
Claquant au vent de Majorque
Un grand pavois d'allégresse
Imposé au blanc d'une page..."
Beau poème d'André Pieyre de Mandiargues magnifiant le style foisonnant de couleurs vives du peintre et graveur Joan Miro.
Lettre autographe signée de Germaine de Staël, datée de sa main du 9 janvier 1809 adressée à Julie Nigris, fille d'Elisabeth Vigée-Lebrun. Deux pages à l'encre noire sur un bifeuillet. Adresse autographe au verso et traces de cachet portant ses armes, ainsi que des tampons postaux.
Plis inhérents à l'envoi déchirure avec manque, sans atteinte au texte, sur le feuillet d'adresse, dû à l'ouverture du cachet.
Publiée en addendum dans les Souvenirs de Madame Vigée Lebrun, 1837, t. III, pp. 264-265.
Germaine de Staël s'impatiente de recevoir son portrait sous les traits de son héroïne Corinne, commandée à la célèbre portraitiste Elisabeth Vigée-Lebrun. La lettre est un précieux maillon de la longue et fascinante histoire de ce portrait, que la baronne découvrira quelques mois plus tard.
"J'ai renoncé Madame, à la gravure du portrait de Madame votre mère, c'est trop cher pour ma fantaisie et je viens d'éprouver un procès considérable qui m'oblige à des ménagements de fortune. Mais avez-vous la bonté de me dire quand le portrait de Corinne me sera remis par Mad. Le Brun ? Mon intention était de lui envoyer mille écus en le recevant mais n'ayant pas de ses nouvelles je ne sais pas du tout ce que je dois faire. Soyez assez bonne pour vous en mêler, et me négocier à cet égard ce que je désire. Une négociation qui me serait bien douce aussi c'est celle qui vous amènerait en Suisse cet été. Prosper dit qu'il y viendra. M. de Maleteste ne se laisserait-il pas séduire par cette réunion de tous ses amis ? J'ose me mettre du nombre. En le voyant une fois il m'a semblé que je rencontrais une ancienne connaissance."
Germaine de Staël s'adresse à la fille de Vigée-Lebrun, Julie, en l'invitant ainsi que sa mère à égayer son exil. Elle tente également de rassembler à Coppet son propre amant ainsi que celui de Julie - Prosper de Barante et le marquis de Maleteste. Abhorrant la solitude, elle était résolue à inviter une foule de personnalités intéressantes. Deux ans plus tôt, Vigée-Lebrun avait commencé chez la baronne le portrait d'après nature de cette dernière sous les traits de l'héroïne de son dernier roman Corinne. L'artiste y avait rencontré les célèbres protagonistes du fameux groupe de Coppet : Frédéric de Prusse, Benjamin Constant et Juliette Récamier. Germaine avait déjà requis un changement auprès de Vigée Le Brun à peine la toile commencée et demandé un différent paysage de fond. Consciente de l'aspect ingrat de son modèle - ni elle ni la baronne ne s'en cachent - Vigée-Lebrun livrera un portrait ambitieux, à l'antique certes, mais à l'allure furieusement romantique, capturant le regard inspiré de la baronne au détriment de l'aspect néo-classique attendu. Malgré ses enthousiastes premières réactions, Germaine de Staël en commandera un autre à l'artiste local Firmin Massot. Ce dernier réalisera une piètre quoique fidèle copie de la composition originale, à l'exception du visage, et tout particulièrement du regard qu'il fait vide de toute émotion. La réaction de la baronne illustre le dilemme irréconciliable dont souffraient les femmes de lettres en ce début de XIXe siècle : tiraillées entre l'exercice d'un art intellectuel que Vigée-Lebrun avait magnifiquement capturé dans ce portrait, et les critères normatifs de la féminité auxquels Germaine de Staël voulait ressembler.
Précieux feuillet de correspondance, qui réunit deux femmes illustres, la commanditaire et l'artiste dont les visions de la féminité s'affronteront bientôt de part et d'autre du chevalet.
Lettre autographe signée et datée d'Auguste Bartholdi adressée à l'écrivain Edmond About. Trois pages à l'encre noire sur un bifeuillet à son en-tête. Traces de plis transversaux inhérents à l'envoi.
Bartholdi revient d'Egypte après avoir présenté son projet de statue-phare pour le canal de Suez, qui verra finalement le jour aux Etats-Unis sous le nom de Statue de la Liberté. Le sculpteur donne ses impressions après ce périple, et rapporte des soieries et des tapis persans du bazar pour son ami.
De mars à avril 1868, Bartholdi séjourne en Égypte pour soumettre son projet de monument au vice-roi Ismaïl-Pacha. L'idée d'une statue érigée à l'entrée du canal de Suez était née de la visite du sculpteur au pavillon de la société du canal à l'Exposition universelle de Paris. Ces travaux de percement méritaient à ses yeux une œuvre pharaonesque : il imagine alors un colosse féminin de cinquante mètres, tendant son bras vers le ciel et brandissant une lanterne - qu'il baptise « L'Egypte apportant la lumière à l'Asie », ou « L'Egypte éclairant l'Orient ». Le pacha ainsi que le constructeur en chef du canal Ferdinand de Lesseps ne furent pas conquis :
« De mon entreprise je ne puis pas vous donner de renseignements intéressants. Je ne sais vraiment pas moi-même si j'ai réussi ou non. Il faut attendre, j'ai trouvé un accueil bienveillant ; mais rien de caractérisé, à la mode Egyptienne. » L'idée prendra finalement germe outre-Atlantique, où son colosse sera accueilli avec enthousiasme par l'union franco-américaine et lui assurera une renommée internationale.
Outre ses excursions à dos de baudet pour trouver un emplacement à son œuvre sur les bords du canal, le sculpteur se prit à flâner dans les rues d'Alexandrie et du Caire, réalisant de nombreux croquis : « Je comptais retourner compléter mes études au bazar ; quand étant indisposé, j'ai été amené à partir brusquement [...] j'ai eu le plaisir de voir votre ami Arackel qui a été pour moi aussi aimable que votre lettre ». Bartholdi remercie également About pour son élogieuse critique de ses œuvres parue le 1er juin : « Il a fallu votre aimable petit mot dans la Revue des deux mondes pour me fourrer la plume dans les mains. Merci bien de votre caresse amicale » et l'entretient longuement à propos de soies et tapis qu'il lui avait promis : « L'habaye [abbaya] de soie bleue et or coûtait 180 au lieu de 175 et on ne me la laissait qu'a 130 dernier prix. Les tapis de Caramanie coûtaient 60 dernier prix, et je n'en ai vu que deux ou trois qui fussent beaux ».
Précieuse et esthétique lettre de Bartholdi, dont l'infructueuse entreprise en Egypte se traduira aux Etats-Unis par son immortelle statue, devenue le symbole de toute une nation.
Lettre autographe signée de la peintre Elisabeth Vigée-Lebrun adressée à la peintre d'histoire et portraitiste Hortense Haudebourt-Lescot. Deux pages à l'encre noire sur un bifeuillet. Adresse autographe de Mme Haudebourt, au 19 de la rue Rochefoucauld, au verso du second feuillet. Deux traces de pli horizontales inhérentes à l'envoi, déchirure sans atteinte au texte sur le second feuillet dûe au cachet. Note d'un précédent bibliographe au crayon bleu sur le verso du dernier feuillet.
Ex-libris d'Eward Wasserman, comportant une gravure de Marie Laurencin avec ces mots inscrits « Ex-libris Edward Wasserman » dans la planche.
Superbe tirage sur japon à grandes marges de l'estampe de Laurencin pour le bibliophile Edward Wasserman.
Lettre autographe signée de Jean-Jacques Henner adressée à une amie, 20 lignes à l'encre noire sur un bi-feuillet.
Trace de pliure horizontale inhérente à la mise sous pli.
"Chère madame et amie,
excusez-moi si ne ne suis pas encore venu et si je suis si en retard pour répondre depuis plus de 10 jours. Je cherche un moment pour m'échapper et aller vous voir car je suis toujours avec vous dans la pensée. Je surveillerai votre recommandé et sitôt débarassé de ces travaux j'irai vous voir. Votre dévoué J.J. Henner."
Billet autographe signé de Jean Paulhan, 20 lignes rédigées à l'encre noire adressée à Felia Leal, l'éditrice des "Paroles transparentes", ouvrage de Jean Paulhan orné de 14 lithographies originales de Georges Braque.
Traces laissées par la présence d'un trombone en angle supérieur gauche des feuillets.
Ce billet évoque un projet de travail avec Marc Chagall :
"Samedi,
Chère Felia
eh bien, Chagall approuve le petit résumé. Il en paraît même enchanté. Il a songé, dit-il, à des tas de choses de ce genre. Mais nous devons en parler dans quelques jours, à son passage à Paris. (Il se rend aux fêtes de l'anniversaire de Rembrandt, où l'invite la Hollande (ce dont il ne semble pas peu fier). Jean P. vous embrasse."
Edition originale pour laquelle il n'a pas été tiré de grands papiers.
Agréable exemplaire.
Précieux envoi autographe signé de Jean-François Lyotard à Pierre Vidal-Naquet.
Rarissime ensemble comprenant un grand catalogue-programme sur vergé, 3 affiches originales et 4 prospectus publicitaires sur papier saumon, rose, bleu et jaune annonçant le Bal de la Grande Ourse organisé par l'Union des Artistes Russes à Paris, qui s'est tenu le 8 Mai 1925 à la Salle Bullier au 31 rue de l'Observatoire.
L'affiche en format in-folio (49,5 x 32,5 cm) est imprimée recto-verso sur papier vergé et illustrée d'un dessin du peintre cubiste Auguste Herbin et de Henri Laurens, pliée en deux ; elle est accompagnée de deux variantes de la même affiche in-folio imprimées sur papier fin bleu, pliées en deux ou en quatre.
Conservés sous chemise et étui à dos de maroquin havane.
Les dessins de couverture du catalogue ont été réalisés par Herbin, Laurens, Larionov et Fernand Léger. Le catalogue comprend des illustrations de Picasso, Gontcharova, Larionov, Léger, Rodchenko, Vassilief, Melnikoff, Frenkel, etc.
Rare exemplaire sur vergé du programme du bal costumé de l'Union des Artistes Russes sur le thème de l'architecture constructiviste, enrichi d'une rare signature de Michel Larionov en pied de la couverture. Parmi les signataires figurent Bernouard, Brunelleschi, Bourdelle, Brancusi, Cendrars, Chagall, Delaunay, Foujita, Gleizes, Laboureur, Soupault, Tzara, Valadon. Outre le bal masqué, des événements tels que la performance de danse "Ballet Synthétique" et le "Balcon Poëtique", composé de fragments de lectures de poésie moderne sur la balustrade du balcon, ont été organisés. Parmi les événements de ce bal avant-gardiste figurent également la "Marche dans l'espace", "l'orchestre invisible" et un "Théâtre dramatique japonais", une composition de Debussy intitulée "Cake walk".
Edition originale, un des exemplaires numérotés sur vélin, seul tirage.
Cartonnage de l'éditeur relié d'après la maquette originale de Paul Bonet.
Riche iconographie.
Agréable exemplaire complet de sa jaquette illustrée.
Précieux envoi autographe signé d'André Malraux : "Pour Georges Bataille André Malraux."
Edition originale du catalogue de l'exposition des oeuvres d'Albert Aymé présentées à la Galerie Editions du 11 février au 7 mars 1976.
Agréable exemplaire.
Texte de Mireille Guezennec.