Lettre autographe signée de Victor Hugo adressée à son ami H. de Cambier, 20 lignes écrites à l'encre noire sur un bifeuillet, adresse autographe au verso du dernier feuillet.
Superbe lettre probablement inédite de Victor Hugo invitant son correspondant aux fameuses soirées du Cénacle des Romantiques à l'Arsenal, véritable institution littéraire sous la Monarchie de Juillet.
"Ce samedi 6,
j'ai remarqué l'autre soir, Monsieur ; que vous disiez, avec quelques accents de regret, n'avoir pas de bal pour dimanche (demain).
Or, je viens de m'arranger à mon corps-de-garde de manière à être libre demain de neuf heures à minuit (je n'ai pu malheureusement obtenir plus de six heures) et j'en profite pour mener ma femme à une petite sauterie en mascarade chez Nodier. Si vous voulez venir avec nous, nous en serions charmés et Nodier aussi. Il faudrait pour cela vous trouver chez moi à neuf heures, heure à laquelle j'y rentrerai moi-même - Répondez-moi ce mat., et croyez à toute mon amitié. Vr Hugo."
"Dans le salon de la bibliothèque de l'Arsenal, dont il est le conservateur en chef depuis 1824, Charles Nodier accueille chaque dimanche soir toute l'élite littéraire et artistique romantique durant les dernières années de la Restauration et les premières années de la Monarchie de Juillet. Hormis Hugo qui était l'un des invités les plus assidus, et plus tardivement, Musset, Dumas et Balzac, on y trouvait "les représentants de tous les métiers du livre - depuis la conception, par l'illustration, la publication, jusqu'à la critique [...] dans une atmosphère amicale et conviviale" (Marta Sukiennicka).
Hugo invite ici son correspondant à un bal masqué lors de ces fameux dimanche. Loin de n'être qu'un lieu de divertissement, ce salon du "cénacle de l'Arsenal" fut un des hauts lieux du Romantisme.
Ayant réussi à se soustraire à ses obligations à la Garde Nationale dont il était sous-lieutenant en 1830, Hugo s'était certainement fait remplacer par un surnuméraire qui avait fait son tour de garde - même les plus illustres de nos écrivains n'échappaient pas à ce devoir militaire. Quelques années plus tard, Balzac se déroba à son temps de faction dans la Garde, et sera emprisonné à deux reprises, en 1836 et 1839.