Edition originale, un des exemplaires du service de presse. Bel exemplaire. Envoi autographe signé d'Albert Camus au surréaliste Roland Tual. Les exemplaires enrichis d'une dédicace sont rares et recherchés sur ce texte. Galeriste, journaliste, producteur ou critique littéraire, Roland Tual rencontra Albert Camus en 1943 chez Gallimard dont ils devinrent tous deux jurys pour son prestigieux mais éphémère prix de la Pléiade. C'est à l'occasion de la dernière édition de ce prix que Camus lui offrit ce précieux exemplaire de son second roman. Ami de Michel Leiris et Henri Kahnweiler auxquels il présente André Masson, puis Juan Miro et Antonin Artaud, il participe avec eux à l'aventure surréaliste entre 1924 et 1929. André Breton lui-même est subjugué par l'éblouissante intelligence de celui qui « trépane les œuvres de ses contemporains » et auprès duquel le pape du surréalisme s'excuse de ne pas « entendre certaines choses extraordinaires [qu'il dit] ». Artiste sans œuvre (à l'exception de deux films en 1941 et 1943 avec Robert Desnos et Henri Jeanson), Roland Tual exercera pourtant une influence majeure sur de nombreux écrivains et artistes avant-gardistes dont il fut l'ange tutélaire. Dans Le Temps dévoré, Denise Tual rapporte l'avis d'Aragon sur cette absence - on ne peut plus surréaliste - d'œuvre laissée par son mari : « Roland avait une si haute idée de la littérature (celle qu'il aurait souhaité laisser) qu'il n'a jamais eu le courage d'apprendre à écrire, de peur d'être déçu par lui-même ».