Poème manuscrit autographe signé d'Alfred de Musset comportant l'en-tête « à Madame J. H Mennessier », 14 vers à l'encre noire, date du « lundi 7 novembre » en pied, probablement de l'année 1831, pliures inhérentes à la mise sous pli, le poème fut sans doute envoyé à sa dédicataire, Marie Mennessier-Nodier, fille de Charles Nodier.
Le poème fut publié dans le recueil Premières Poésies en 1854. Étiquette de description encollée en pied du manuscrit.
Notre poème manuscrit est présenté sous chemise et étui en demi maroquin vert bouteille, dos lisse, plats de papier marbré, intérieur de daim vert bouteille, poème protégé par une fenêtre de plexiglas qui se soulève à l'aide d'un lacet de maroquin vert bouteille, étui bordé de maroquin vert bouteille, plats de papier marbré, ensemble signé de P. Goy & C. Vilaine.
Rare poème de jeunesse où Alfred de Musset, dominé par le pur ravissement inspiré par sa dédicataire, Marie Mennessier-Nodier, rend hommage à cette figure féminine célébrée par les auteurs du jeune romantisme.
« Madame, il est heureux celui dont la Pensée/Qu'elle fût de plaisir, de douleur ou d'Amour?!/a pu servir de sœur à la vôtre un seul jour?!/Son âme dans votre âme un instant est passée.?» Dédié à « Madame J. Mennessier » en remerciement de la musique qu'elle composa sur des vers de Musset, ce manuscrit témoigne de la place centrale qu'occupe Marie Nodier dans le paysage artistique du milieu du XIXème siècle et sa qualité de muse
du salon littéraire de l'Arsenal tenu par son père, Charles Nodier où le jeune Musset fit ses premières armes.
Le poème est structuré autour d'un intrigant mélange de types de rimes, de strophes et de syllabes et donne à l'ensemble un rythme musical, rendant honneur à la fois aux qualités musicales de Marie Nodier et au penchant littéraire de Musset pour la forme de la chanson. L'auteur laisse alors libre cours à l'exaltation que lui procure l'amitié de sa dédicataire, conduite par le lyrisme des images qui émaillent la composition : « Le rêve de son cœur un soir s'est arrêté,/Ainsi qu'un pèlerin, sur le seuil enchanté/Du merveilleux palais tout peuplé de féeries/Où dans leurs voiles blancs dorment vos rêveries?! »
Remarquée pour ses talents littéraires et musicaux, Marie Nodier devient le centre d'une correspondance avec les habitués du salon de son père parmi lesquels se distingue Musset avec qui elle échange des morceaux de poésie : « J'ai fait aussi plusieurs sonnets pour Madame Mennessier, qui m'en a renvoyé deux très jolis » (lettre de Musset à son frère, 22 mai 1843). L'admiration que suscite sa fibre artistique, tel que l'exprime le poète dans les derniers vers : « Vos lèvres l'ont doré, dans leur divin langage,/D'un sourire mélodieux.?» est significatrice de la consécration de l'inspiratrice Marie Nodier à qui plusieurs autres auteurs dédient leur plume dans ses mêmes années à l'image de Victor Hugo qui écrit « À Madame Marie M » dans les Feuilles d'Automne.