29 janvier 2015
Les livres, dit-il, donnent la joie quand la fortune est prospère et ils consolent quand la tempête se déchaîne ; les arts et les sciences sont enfermés dans les livres ; devant les livres nous dévoilons sans crainte la pauvreté de notre ignorance ; les cités disparaissent, les tours croulent, les arcs de triomphe périssent, seuls les livres assurent la vraie immortalité. La preuve de l'importance des livres est qu'on y voit les choses qui ne sont plus comme si elles étaient encore, ils sont le miroir de l'éternité. Par les livres nous connaissons le passé, nous pénétrons en quelque sorte l'avenir, nous arrêtons un instant le flux des évènements.
Il n'y avait aucun moyen plus honnête et assuré pour s'acquérir une grande renommée parmi les peuples que de dresser de belles et magnifiques bibliothèques pour les consacrer à l'usage du public
Bibliophile. Ce titre convient à toutes les personnes aiment les livres ; le bibliographe, le bibliomane et le bibliotaphe paraissent y avoir le même droit ; cependant, je crois qu’il conviendrait mieux à l’amateur qui ne cherche les livres ni par état ni par passion ; à celui qui, dirigé par le seul désir de s’instruire, aime et se procure les bons ouvrages qu’il croit les plus propres à composer une collection intéressante par le nombre et la variété des articles. La philosophie, guidée par le goût, doit toujours déterminer le choix du bibliophile dans ses acquisitions. Entasser des livres sans discernement, n’est pas prouver qu’on les aime ; ce n’est donc pas celui qui a le plus de livres, mais celui qui possède les meilleurs, qui mérite le titre de bibliophile. Si le bibliomane est précieux relativement au commerce de la librairie, la bibliophilie l’est bien d’avantage relativement au progrès des sciences et des arts ; parce que, ne s’attachant qu’aux bons ouvrages, il rend nécessairement les ouvrages plus circonspects, plus difficiles et plus soignés dans leurs productions. Il nous semble donc que le titre de bibliophile ne doit appartenir qu’à celui qui aime les livres comme on doit les aimer, et nullement à ceux qu’une aveugle passion égare dans les recherches qui font des ouvrages qui, par une aveugle fantaisie, centuplent quelquefois de valeur.