Nom d'un ancien propiétaire inscrit à la plume en tête de la page de faux-titre.
Agréable exemplaire.
Je m'écoute, avec des frissons ardents,
Moi, le petit faune au regard farouche...
L'âme des forêts vit entre mes dents
Et le Dieu du rythme habite ma bouche.
Dans ce bois, loin des aegipans rôdeurs
Mon cœur est plus doux qu'une rose ouverte ;
Les rayons, chargés d'heureuses odeurs,
Dansent au son frais de ma flûte verte.
Mêlez vos cheveux et joignez vos bras
Sur l'herbe humide où le bélier s'ébroue,
Nymphes des halliers ! - ne m'approchez pas,
Allez rire ailleurs pendant que je joue.
Car j'ai la pudeur de mon art sacré,
Et, pour honorer la muse hautaine
Je chercherai l'ombre et je cacherai
Mes pipeaux vibrants dans le creux d'un chêne.
Parmi la tiédeur, parmi les parfums,
Je jouerai le long du jour, jusqu'à l'heure
Des chœurs turbulents et des jeux communs
Et des seins offerts que la brise effleure.
Je tairai mon chant pieux et loyal
Aux amants de vin, aux chercheurs de proie
Seul le vent du soir apprendra mon mal
Et les arbres seuls apprendront ma joie.
Je défends ainsi mes instants meilleurs...
Vous qui m'épiez de vos yeux de chèvres,
Ô mes compagnons ! allez rire ailleurs
Pendant que le chant fleurit sur mes lèvres.
Sinon, — je suis faune après tout, si beau
Que soit mon chant, — et, bouc qui se rebiffe,
Je me vengerai d'un coup de sabot
Et d'un coup de corne et d'un coup de griffe.
Oui, c'est toi mon rêve suprême
Pendant ces longs, ces mornes jours
Où je pleure au fond de moi-même
L'exil triste de mes amours !
[...]
N'as-tu pas entendu, ma blonde,
Le bruit d'un sanglot qui revient
Dans le cœur de la nuit profonde ? -
C'est mon amour qui se souvient.
« Je t'admire et ne suis que ton miroir fidèle
Car je m'abîme en toi pour t'aimer un peu mieux ;
Je rêve ta beauté, je me confonds en elle,
Et j'ai fait de mes yeux le miroir de tes yeux
Je t'adore, et mon cœur est le profond miroir
Où ton humeur d'avril se reflète sans cesse,
Tout entier, il s'éclaire à tes moments d'espoir
Et se meurt lentement à ta moindre tristesse
Ô toujours la plus douce ô blonde entre les blondes,
Je t'adore, et mon corps est l'amoureux miroir
Où tu verras tes seins et tes hanches profondes,
Ces seins pâles qui sont si lumineux le soir !
Penche-toi, tu verras ton miroir tour à tour
Pâlir ou te sourire avec tes mêmes lèvres
Où trembleront encore les mêmes mots d'amour,
Tu le verras frémir des mêmes longues fièvres
Contemple ton miroir de chair tendre et nacrée
Car il s'est fait très pur afin de recevoir
Le reflet immortel de la beauté sacrée
Penche-toi longuement sur l'amoureux miroir ! »
Éléphant
je pense souvent à toi
quand je suis tout seul
quand je suis avec les autres
quand je me promène dans la campagne avec une petite badine
[...]
Tu es le grand animal je connais tes oreilles
Enfant je suis monté sur toi dans un jardin
[...]
Je te vois tel que tu es
Présent comme une véritable chose vivante
Et tout ce que les hommes racontent sur toi
me fait rire
du mauvais rire
[...]
Rarissime édition originale pour Le Gouté des porcherons, ayant pour titre complet Nouv. ed. augm. des Citrons de Javotte, histoire de carnaval. Et enrichie d'une Lettre amoureuse de M. Jambe de Creux, charbonnier à mademoiselle Catau, ravaudeuse. Le tout pour servir de Dessert au Déjeuner de La Rapée.
Troisième édition de La Pipe cassée et quatrième pour Bouquets poissards et Bouquets galants.
Reliure de l'époque en demi basane, dos lisse orné de filets dorés ainsi que d'une pièce de titre de basane blonde, plats de papier à la colle. Quelques frottements et infimes manques de papier sur les plats. Premiers feuillets un peu tachés sans gravité.
Les Porcherons est un ancien quartier des faubourgs de Paris entre La Pologne à l'Ouest et le faubourg Montmartre à l'Est.
Tous les textes de ces chansons poissardes sont très précieux pour l'étude de l'argot parisien du XVIIIème siècle.
Seulement trois exemplaires sur le continent américain : Newberrry, Toronto et Montréal.
Lettre autographe signée en partie inédite de Louis-Ferdinand Céline adressée à son avocat, Maître Thorvald Mikkelsen. Deux pages rédigées à l'encre bleue sur un grand feuillet de papier blanc ; numéro « 575 » de la main de Céline en haut à gauche au crayon rouge.
Pliures transversales inhérentes à l'envoi.
Cette lettre a été très partiellement retranscrite dans l'Année Céline 2005, p. 64.
Belle lettre empreinte d'amertume de Céline qui vient de perdre sa tante Amélie (la tante Hélène de Mort à crédit), et observe le monde qu'il a connu lentement disparaître. L'écrivain se réfugie dans les mémoires d'Élisabeth de Gramont, témoins d'une époque grandiose également révolue.
« La place qu'a occupée le texte dans l'œuvre de Malevitch est immense, à la fois à titre d'enseignement, à titre de réflexion personnelle sur la peinture et l'art en général, et à titre stratégique. (...) On y découvre le cheminement intellectuel de l'artiste et ce qui l'a conduit au suprématisme. Loin de n'être qu'une théorie esthétique, le suprématisme est une philosophie et un engagement politique, visant à la libération de l'individu. »