Enveloppe jointe.
Liste manuscrite d'André Malraux (20 lignes au stylo bille bleu) apportant des précisions et des indications pour André Parinaud et concernant la parution de ses ouvrages formant la collection "Ecrits sur l'art" illustrés de photographies de Roger Parry.
Traces de pliures inhérentes à la mise sous pli.
Résistant participant à Combat, André Parinaud est un journaliste, chroniqueur, critique d'art et écrivain. De 1959 à 1967, il ccupe le poste rédacteur en chef de l'important hebdomadaire Arts regroupant l'élite de la création française dans tous les domaines artistiques : littérature, peinture, théâtre, cinéma... Il réalisera alors plus de 1000 interviews radiophoniques avec les plus grands écrivains et artistes dont Salvador Dali, Louis-Ferdinand Céline, Colette, Paul Léautaud, André Breton, Georges Simenon et André Malraux... Tout en continuant de travailler à l'O.R.T.F. et à la radio, il fonde plusieurs festivals ou manifestations artistiques comme Le Festival international du film d'art, l'Académie nationale des arts de la rue.
Ah, Westminster
Fol inventeur
Aurais-tu peur
De compter jusqu'à douze ?
Dans sa triste chambre
Le petit s'endort
Il gèle à pierre fendre
Le froid le dévore
On l'a trouvé dans son lit
Mort dans un sourire
Et Jésus là-haut s'est dit
Ca m'ôte un souci
Quand fleurit le marronnier du square
Autour de nous, le printemps se prépare
De ses doigts verts, il bat le jeu
Donnant aux deux amoureux
Un as de coeur, la carte du bonheur
La première fois, sur ton tailleur bleu
Un grand foulard vert !
Fausse note
La seconde fois, j'ai baisé ta main
Tu sentais l'oignon
Fausse note
Je ne sais pourquoi l'on persiste
A ressasser tous ses chagrins
Pourquoi lorsque l'on est trop triste
On veut prendre le dernier train
« CLAC : Cercle Littéraire des amis des caves / Cercle libre des amateurs de cuisse. »
Au verso de ce feuillet, des notes manuscrites de Vian probablement en vue d'animer ce cercle qui ne fut, à notre connaissance, jamais créé :
« Tableau d'affichage - signé le troglodyte de la semaine [...] Manifestes à faire signer toutes les semaines. »
- Un papillon perforé prélevé sur un feuillet de cahier d'écolier reprenant la strophe « Pour venir au Tabou » et la suivante, également de la main de Boris Vian. La première strophe n'apparaît pas dans son intégralité sur le feuillet principal. Une trace d'adhésif au verso.
- Un feuillet perforé tapé à la machine, mise au propre du manuscrit. En bas à droite, la date « 1948-1949 » est indiquée.
Cette chanson - une des toutes premières de Vian - est un véritable hymne germanopratin, qui ne fut jamais interprétée hors des caveaux. Il préfigure le fameux Manuel de Saint-Germain-des-Prés qui ne paraîtra qu'en 1974. Elle fut retranscrite, avec les strophes dans un ordre différent, dans le tome 11 des Œuvres complètes de Boris Vian consacré à ses chansons, mais certains vers barrés de notre manuscrit demeurent bien lisibles et inédits : « Quand on n'sait pas danser / Il vaut mieux s'en passer ».
Alexandre Astruc, cité à deux reprises dans la chanson, témoigne dans ses mémoires de la création de celle-ci :
Cette chanson grivoise fut en effet rédigée aux derniers souffles du Tabou, célébrissime club-cave fondé en 1947 où Boris Vian régnait en maître, entouré d'autres illustres personnalités citées dans ce tableau :
« Les gens de Saint-Germain
S'amusent comme des gamins
ls lisent du Jean-Paul Sartre
En mangeant de la tartre. »
Deux strophes rendent hommage à la mythique cave de la rue Dauphine :
« Pour venir au Tabou
Faut être un peu zazou
Faut porter la barbouze
Et relever son bénouze - Dans une ambiance exquise
On mouille sa chemise
Et quand y'a trop d'pétard
Ça finit au mitard » tandis que deux autres évoquent l'avenir des zazous : « Mais quand nous serons vieux
Tout ira bien mieux
On s'paiera des p'tites filles
Pour s'occuper la quille - Et on viendra toujours
Fidèle a ses amours
Au Cercle Saint-Germain
Pour y voir des gens bien. »
Cette nouvelle évocation du « Cercle » adjointe aux annotations « clac » en tête du feuillet peuvent laisser supposer que Vian souhaiter créer un collectif qui survivrait au-delà du Tabou. Quoi qu'il en soit, à l'époque de la création de cet hymne aux « gens de Saint-Germain », naît le Club Saint-Germain, nouvelle cave plus « select » que son aînée qui deviendra la première scène jazz de Paris.
Provenance : Fondation Boris Vian.
Il était né à Bois Colombe
Mais ne rêvait que d'océan
Et l'appel des sirènes blondes
Lui travaillait déjà le sang
Un soir en sortant de l'usine
Il but un petit coup de trop
Lâcha les copains, les copines
Et s'en alla sur son vélo
Au Havre il arriva quand même
Vers les quatre heures du matin
Un cargo s'en allait vers Brême
Et recueillit le clandestin
Quand
J'descends dans mon bistro
J'mets vingt ball'dans l'phono
J'entends la vie en rock
C'est en allant acheter des nougats
Aux magasins du printemps
Que j'entendis pour la première fois
Ce cha cha cha obsédant
Un poisson d'avril
Est venu me raconter
Qu'on lui avait pris
Sa jolie corde à sauter
On passait un soir av'nue du Bois
Et le p'tit Hubert dit qu'est-ce qu'on voit
C'étaient les fusées du quatorze juillet
On a décidé d's'encanailler
Y avait un p'tit bal au métro Jasmin qui tournait
Toi l'inconnu(e)
Ombre entrevue
Tendre mirage
Soleil de ma vie
Emporte mes soucis
Un beau matin
En suivant la fanfare
Je vis soudain
Devant la gare
Une belle enfant
Qui vendait des mouchoirs
Pour vingt-cinq francq
Devant la gare