Lettre autographe signée d'Adèle Hugo. Deux pages sur un double feuillet. Nombreuses traces de plis inhérentes à l'envoi.
Adèle Hugo se tient au chevet de Victor Hugo souffrant d'un abcès et fait part de son état à la femme d'Hippolyte Lucas, homme de lettres et ami de l'écrivain.
Depuis Guernesey, où les Hugo vécurent en exil de 1856 à 1870, Adèle décrit les déboires de son mari et implore son amie de retarder sa visite : "chaque matin je trouvais mon mari souffrant. Il a été fort malade, ce qu'il a eu est infiniment plus grave que nous ne croyons, il est encore convalescent et ne pourra reprendre sa vie ordinaire que dans trois semaines environ. Ce qui retarde la guérison de notre cher malade est un engorgement de la jambe, occasionnée par les abcès qui l'ont fait si horriblement souffrir. La plaie est en très bonne voie, mais la jambe n'est pas mieux, de fait que mon mari est forcé de rester presque toujours étendu. [...] de plus la maison est si triste que ce serait inhospitalier de vous inviter maintenant. [...]".
L'écrivain a souffert pendant l'été 1858 d'inflammations cutanées qui l'empêchèrent d'écrire et de faire sa lecture en famille de La Pitié Suprême. Bientôt apparut une large tumeur dans le dos surmontée de pustules, appelée anthrax, qui fut percée le 13 juillet, et s'accompagnait d'un "engorgement des vaisseaux lymphatiques" (lettre de François-Victor Hugo à Alfred Asseline, 22 août 1858) - le même terme "engorgement des jambes" est repris dans cette lettre. Après une stricte diète et de nombreux jours d'alitement, Hugo recouvra la santé et put accueillir à l'automne la destinataire de cette lettre, Mme Hippolyte Lucas, ainsi que sa belle-fille Alphonsine de Saint Amand (citée dans la lettre), décrites comme "gaies, charmantes, amusantes et surtout parisiennes" par François-Victor Hugo.
"Car le séjour des Lucas, occasion de pique-niquer en groupe à Moulin Huet, et de se livrer abondamment au nouveau divertissement à la mode, l'invention de charades ingénieuses et compliquées, n'avait pas engendré la mélancolie." (Jean-Marc Hovasse, Victor Hugo. Pendant l'exil I 1851-1864, p. 497).