Épreuve sur papier salé d'après un calotype, contrecollée sur carton.
Annotation manuscrite du poète Henry Dérieux au verso : "Hugo et Vacquerie, photographie donnée par Larguier avec son livre un dimanche de l'été 1914".
Portraits de Victor Hugo et d'Auguste Vacquerie devant la fenêtre de Marine Terrace, maison occupée par la famille Hugo pendant l'exil à Jersey entre 1852 et 1855.
La technique du papier salé d'après Calotype, récemment introduite par William Henry Fox Talbot, permet d'obtenir des images à l'aspect mat et aux tonalités naturellement chaudes, bien que peu contrastées.
Exceptionnelle épreuve originale, faisant partie de la série de photographies réalisées par Auguste Vacquerie ou Charles Hugo devant la fenêtre de Marine Terrace, dont sont issue le célèbre protrait de Victor Hugo la main à la tempe,
Les rares portraits connus de cette série, conservés au Musée d'Orsay et à la maison Victor Hugo, constituent de véritables mises en scène du poète exilé dans un but clairement politique.
"Ces portraits concourent à un objectif commun, la métamorphose d'Hugo exilé en une figure légendaire. Ils ont en commun la modernité de leur vision et l'absence d'artifices de décor ou vestimentaires. Seules la pose et l'utilisation habile de la lumière apportent la stylisation nécessaire à la création d'une image type. Ce ne sont pas des mémoires d'exil qui sont rapportés, mais des instants où le poète est saisi dans son essence, conformément à la tradition iconographique. Néanmoins, si les poses éveillent des souvenirs collectifs se rapportant à la figure du poète inspiré et du penseur, le recours à la photographie renouvelle le genre en apportant un ton direct. L'image, rompant avec tout académisme, s'avère plus efficace. Par la suite, les portraits de l'écrivain s'avéreront moins intenses et moins impérieux que pour ces années d'exil." (cf. Stéphanie CABANNE, « Victor Hugo artisan de sa légende », Histoire par l'image)
Plus intime, ce portrait des deux frères de misère, après la tragique noyade de Léopoldine Hugo et de son mari Charles Vacquerie, semble être moins adressé à l'éternité qu'à la complicité du photographe, Charles Hugo ou Auguste Vacquerie lui-même. Il existe d'ailleurs une photographie assez proche sous laquelle Vacquerie a ajouté cette note personnelle : "Auguste Vacquerie est triste de son complice. / A.V." , extraite d'un album personnel de Vacquerie offert à Augustine Allix et désormais conservé à la Maison Victor Hugo.
Notre cliché, jamais passé sur le marché, provient de la collection de Léo Larguier, auteur de Victor Hugo en vingt images, qui l'offrit à l'été 1914 au poète Henry Dérieux, comme l'indique la mention manuscrite du dédicataire au verso de la photographie. Il rejoignit ensuite la collection de son fils, le peintre Roger Dérieux.
Un des très rares portraits photographiques de Victor Hugo jeune exilé à Jersey, encore en main privée, qui contribua à l'imagerie du chef de file des Romantiques.