Édition tirée à 60 exemplaires de cette plaquette rare et célèbre qui fait l'historique de la fève et l'Épiphanie.
"Cette dissertation était devenue si rare qu'on en connaissait que deux exemplaires; elle a été réimprimée en 1808, à Besançon". Brunet I, 1387.
Notre exemplaire est présenté dans son brochage d'origine et sous couverture muette d'attente en papier marbré bleu de l'époque.
Piqûres sur la page de titre, petits manques angulaires de papier sur la couverture d'attente.
Rare et bel exemplaire, grand de marges, tel que paru.
Claude Nicolas Amanton qui fut en 1810 à l'origine d'une réimpression de ce texte dans Le Magasin Encyclopédique, donne quelques détails sur cette première réédition :
« Cette Dissertation est du savant doyen et professeur de théologie de l'Université de Besançon, Jean-Baptiste BULLET, né à Besançon en 1699, et mort en la même ville, le 6 septembre 1775. L'auteur l'avait fait imprimer à Besançon en 1762 (in-8°, de 16 pag.), et tirer à un très-petit nombre d'exemplaires. Sa rareté donna l'idée, en 1808, à des amateurs de la faire réimprimer à Besançon, à cinquante exemplaires. Cette édition est calquée sur la première, et, comme elle, porte la date de 1762. L'opuscule de BULLET n'en resta pas moins extrêmement rare et par conséquent très peu connu considération qui nous porta à le publier dans le Magasin Encyclopédique. »
D'après une lettre de Charles Weiss à Nodier, datant de 1821, cette première réimpression serait l'œuvre de leur ami imprimeur Claude-François Mourgeon, et aurait été tiré en réalité à 60 exemplaires.
Une passionnante étude bibliographique des éditions du Festin du Roi-boit est parue dans Hommage à Bruno Monnier (19261991) : homme de presse, bibliophile, Franc-Comtois, Autun, Marcelin, 2009, nous la reproduisons ici avec l'aimable autorisation de son auteur, François de Scey-Montbéliard :
« Le 18 juin 1984, Bruno Monnier proposait, sous le numéro 21, ce qu’il pensait être l’édition originale du « Roi-boit », ainsi que les amateurs le dénomment par raccourci. On assure qu’à cette occasion une polémique s’engagea alors entre lui et le président d’une société de bibliophiles franc-comtois ce dernier contestant la qualité « d’originale » à l’exemplaire présenté. Bruno Monnier reconnut son erreur, l’ouvrage ne trouva pas acquéreur et fut proposé à nouveau en 1989.
La confusion qui a été faite est bien excusable. Toutes les éditions anciennes sont à la même date : Charmet, 1762. Mais l’analyse détaillée du nombre de feuillets ainsi que la description de la page de titre permettent une mise au point.
L’édition originale est en effet fort rare – on n’en connaissait, selon Barbier, pas plus de deux exemplaires au moment de sa réédition – mais il nous a été permis de la collationner à partir de l’exemplaire de Charles Nodier. Il s’agit de l’article 37 de sa vente de 1830 (Catalogue des livres curieux, rares et précieux, […] composant la Bibliothèque de M. Ch. Nodier, homme de lettres ; dont la vante [sic] se fera Le Jeudi 28 janvier 1830 et jours suivans, Paris, Merlin, 1829) :
37. Du Festin du Roi-boit (par Bullet), Besançon, Charmet, 1762, pet. In-8, mar. citr., tr. dor., Thouvenin.
1re. édition très rare, avec une note de la main de B***** [Jean-Jacques Bruand], conseiller de préfecture à Besançon, qui se brûla la cervelle, il y a quelques années, après avoir poignardé son fils.
On a pu décrire plus précisément cette édition originale à partir de cet exemplaire.
[Dans un encadrement à volutes centrales et de coin] Du festin / du / Roi-boit. / [Vignette : deux bustes de profil, face à face, chacun dans un médaillon, entourés d’ornements et surmontés d’une couronne] / A Besançon, / De l’imprimerie de Jean-Felix / Charmet. / [double filet] / M. DCC. LXII. Petit in-8° de pp. [2] (titre, v° blanc), 17, 1 blanche.
La note de la main de Bruand est la suivante : « C’est sur cet exemplaire du Roi-boit qu’il en a été tiré une nouvelle édition (par Mourgeon en 1808) mais à 80 exemplaires seulement portant même date de 1772 [sic] chez Charmet ».
Nous avons identifié cette édition comme étant la suivante :
[Dans un encadrement à volutes centrales et de coin] Du festin / du / Roi-boit. / [Vignette : deux bustes hirsutes de face, entourés d’ornements et surmontés d’une couronne] / A Besançon, / De l’imprimerie de Jean-Felix / Charmet. / [double filet] / M. DCC. LXII. Grand in-8° de pp. [2] (titre, v° blanc), 16, 1 feuillet blanc.
Cette description rend mal la parfaite similitude des ornements (encadrement et vignette) entre cette édition et l’édition originale. Ressemblance en effet mais avec le souci de se distinguer et de ne entretenir de confusion : les personnages de la vignette sont très différents. D’autre part, le tirage qui en a été fait, sur beau papier fort, bleuté et à grandes marges peut passer pour un format in-4°.
Un mot de Charles Weiss à Charles Nodier permet de préciser les caractères de cette édition. Il date du 19 novembre 1822 : « Si tu n’as pas la Dissertation de Bullet sur le Roi boit, tiré à 60 exemplaires, tous sur pap[ier] fort, Mourgeon t’en offre un exemplaire br[roché] form[at] in-4°. Bonjour ». Nous sommes néanmoins surpris que Mourgeon ait tardé quatorze ans pour faire ce cadeau !
L’exemplaire de Nodier fut vendu sous le numéro 38 de la vente déjà citée. Il était habillé de maroquin rouge, de format in-4°, et annoncé comme l’un des 60 imprimés par Mongeon (sic) dont quatre sur papier vélin.
Seule cette édition, de grand format, sur papier de qualité et fortement inspirée par l’édition originale peut « coller » avec la lettre de Weiss et la note de Bruand.
L’exemplaire de la bibliothèque de Dole, référencé TH 506-1 du fond Pallu, est dit « Exemplaire grand papier de la réimpression faite en 1808 par Mourgeon ».
Deux ans après, en 1810, l’érudit Amanton, maire d’Auxonne, donnait une nouvelle édition annotée dans le Magasin Encyclopédique. La même année son ami, M. Chardon de la Rochette, en faisait un tiré à part à cent exemplaires. Cette édition se distingue très nettement de la précédente :
Dissertation / de J. B. Bullet, / sur le festin / du Roi-boit ; / avec des notes, / par C. N. Amanton, / Membre de plusieurs Sociétés littéraires, / et maire d’Auxonne. / [filet] / Paris, / de l’imprimerie de J. B. Sajou, / Rue de la Harpe, n° II. / [double filet] / 1810. In-8° de 20 pp.
Dans sa préface, Amanton assure qu’il est l’auteur d’une édition antérieure. Ce ne peut être que celle que nous décrivons maintenant :
[Dans un encadrement typographique] Du festin / du / Roi-boit. / [Vignette : deux angelots assis entourant une couronne] / A Besançon, / De l’imprimerie de Jean-Felix / Charmet. / [double filet] / M. DCC. LXII. Petit in-8° de pp. [2] (titre, v° blanc), 12, 1 feuillet blanc.
De cette édition, on a dit quelquefois qu’elle était la seconde et qu’elle fut éditée à cinquante exemplaires. C’est celle-ci que Bruno Monnier a reproduite dans son catalogue de 1984.
Elle a été évidemment imprimée au dix-neuvième siècle. L’encadrement en est la preuve. Vicaire en situe l’édition à Paris en 1823. Nous pouvons cependant faire une autre proposition. Nous l’avons puisée sur le propre exemplaire de l’édition originale de don Grappin, volume qui était la propriété du docteur Giafferi et qui a été vendu aux enchères à Dole le 12 novembre 2005. L’ouvrage est reproduit dans le catalogue. On peut en effet y lire, d’une main qui n’est pas celle de don Grappin mais d’une écriture ancienne : « Une seconde édition est sortie de l’imprimerie particulière de Mr Thomassin de Besançon ». Il paraît donc probable que cette impression est la première réédition, qu’elle a été réalisée à l’initiative d’Amanton sur les presses privées de Thomassin.
Il semble judicieux d’aborder maintenant une édition lilloise qui est visiblement inspirée de celle que nous venons de décrire à tel point qu’on peut soupçonner l’éditeur de l’avoir prise pour l’édition originale.
[Dans un encadrement typographique] Du festin / du / Roi-boit. / [Vignette : deux angelots dans décor floral] / A Besançon, / De l’imprimerie de Jean-Felix / Charmet. / [double filet] / M. DCC. LXII. Petit in-8° de pp. [2] (titre, v° blanc), 12, 1 feuillet blanc.
La date que tous les bibliographes proposent est de 1856.
Le corps de cette édition est typographiquement absolument identique à la précédente, « à la virgule près » si ce n’est qu’au pied de la page 12, on peut lire : Lille, Imp. Vanackere.
Ces opuscules ont été livrés sous couverture muette à l’imitation du papier coquille du dix-huitième siècle.
Le bourguignon Amanton avait précédemment proposé une autre édition en 1827. Elle est tirée à part de l’annuaire de Côte d’Or et semble beaucoup plus rare que celle de 1810, imprimée à cent exemplaires comme nous l’avons déjà dit.
Du festin / du Roi-boit ; / par J.-B. Bullet. / avec des notes ou additions, / par C.- N. Amanton. / Nouvelle édition ; augmentée. / (Extrait de l’annuaire du département de la / Côte d’Or, pour l’année 1827). / [filet] / Paris, / Jules Renouard, rue de Tournon, N° 6 ; / Victor Lagier, rue Hautefeuille, N° 3. / [filet] / janvier 1827 In-12.
L’abbé Jean-Baptiste Bullet (1699-1775), dont le portrait peint est conservé à la bibliothèque de Besançon, a produit d’autres ouvrages – Perrod en cite 9 – dont deux sont particulièrement recherchés : il s’agit de ses Mémoires sur la langue celtique (Perrod, 365-2) et surtout de ses Recherches historiques sur les cartes à jouer (Perrod, 1947).
Remarquons qu’il rejoint ainsi le savant lorrain dom Calmet qui avait lui aussi écrit sur le Roi-boit ainsi que sur les cartes à jouer, deux mémoires restés manuscrits de son vivant mais publiés à Saint-Dié en 1876 par F. Dinago. »