Édition originale, rare, de la traduction française. L'édition originale latine de ce texte est parue à Londres en 1734. L'exemplaire est illustré d'un bandeau de Scotin aux armes de la Maison de Noailles. Notre exemplaire est, en outre, enrichi d'une carte de la Turquie par Robert. Page de titre en rouge et noir. Importante préface du traducteur, suivie d'une explication des noms turcs avec leur prononciation. Une ample table des matières à la fin de chaque tome, une liste des empereurs turcs avant le texte du premier tome et une biographie de l'auteur avant la table du second tome.
Reliure de l'époque en plein veau blond marbré, dos à cinq nerfs richement orné de caissons et fleurons dorés, ainsi que d'une pièce de titre de maroquin rouge, plats encadrés d'un triple filet à froid frappés en leur centre des armes dorées du Duc d'Orléans, chiffres dorés probablement postérieurs en écoinçons, toutes tranches rouges. Ex-dono à la plume en page de titre, quelques tampons religieux.
Cantemir commence très tôt la rédaction de son Histoire de l'Empire ottoman alors qu'il est retenu à Constantinople, il ne la continuera qu'en 1711 en Russie avant de l'achever en 1717. Après la mort de Dimitrie, c'est son fils Antioch qui obtient la première traduction anglaise de son Histoire, publiée au cours de son ambassade à Paris et à Londres.
Dans sa préface, Cantemir compare les calendriers musulmans (Hégire) et chrétiens (ère chrétienne), il s'interroge ensuite sur le nom et la Nation des Turcs et enfin sur les origines de la « Race Othomane ». L'ouvrage se divise en deux parties traitées chronologiquement. La première et plus étendue traite de l'expansion de l'Empire ottoman et de son apogée, d'Osman Ier au XIIIème siècle jusqu'à Mahomet IV au XVIIème siècle. La seconde partie évoque quant à elle le déclin de la civilisation ottomane à partir de la guerre polono-turque (1620-1621) jusqu'au règne de d'Ahmet III (premier tiers du XVIIIème siècle). Il s'agit donc d'un vaste panorama, passant en revue les règnes des vingt-trois sultans ottomans, leurs succès et leurs défaites. L'ouvrage est d'une grande précision, on trouve en tête de chaque chapitre le détail des évènements traités. Il ne s'agit pas seulement d'un travail historique, mais aussi d'une observation sociale, économique et culturelle mettant en valeur les raisons et les connexions des différents événements décrits.
C'est justement cette rigueur qui distingue les écrits de Dimitrie Cantemir (1673-1723), encyclopédiste, compositeur, écrivain et souverain moldave. Son père, Constantin Cantemir, fut fait prince de Moldavie en 1684. Son fils aîné, Antiochus, fut envoyé, en sa qualité de boyard, comme gage à la cour de Constantinople avec dix autres fils de nobles. Au bout de trois ans et sur ordre de son père, Dimitrie, alors âgé de quinze ans, prit la place de son frère jusqu'en 1691. Ce long séjour fut pour lui l'occasion d'apprendre les langues arabes (arabe, persan, turc), mais aussi les langues occidentales (français, allemand, italien, espagnol) et la musique.
Rappelé en Moldavie par son père qui mourut l'année suivante, les nobles choisirent Dimitrie pour prendre sa succession en tant que prince, promotion refusée par le Sultan qui lui préféra un autre prince. Dimitrie est alors contraint de quitter la Moldavie et d'aller vivre avec son frère à Constantinople où il rejoint les rangs de l'armée turque. Jouissant d'une grande estime de la part des ministres et de toute la cour, il obtient la révocation de son bannissement et est autorisé à regagner sa Moldavie natale. Il est finalement élu hospodar (souverain) de la Moldavie en 1710 et n'aura de cesse, tout au long de son règne de tenter d'affranchir l'État moldave de son emprise turque.
Très bel exemplaire élégamment établi dans une reliure aux armes du duc d'Orléans.