« Comme si l'amour le plus vrai ne pouvait s'accorder qu'avec le dérangement de tout. »
Lettre autographe signée à Denise Rollin
s. l. s. d. [circa 1940-1943]|20.90 x 27 cm|1 page
3 500 €
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Lettre autographe signée de Georges Bataille à Denise Rollin, 18 lignes à l'encre noire.
Lettre d'une passion amoureuse durant la guerre, Georges Bataille est à Paris où l'offensive allemande bat son plein : « [...] l'attaque allemande recommence. » Mais ce bouleversement n'atteint pas l'exaltation amoureuse de Bataille, au contraire : « Quelque fois je pense que c'est comme s'il y avait entre toi et moi quelque chose de plus violent et de plus terrible du fait que nous nous sommes trouvés au milieu d'une aussi grande tourmente. Comme si l'amour le plus vrai ne pouvait s'accorder qu'avec le dérangement de tout. » L'écriture possède une qualité presque magique d'incarnation : « En t'écrivant cela c'est comme si tout s'ouvrait de toi à moi et d'une telle façon que ce qui est vivant là pouvait se rire de tout. » Couplée à l'imagination et la force des sentiments, elle permet de vaincre l'absence : « [...] tout à coup tu es là auprès de moi, c'est comme si l'étendue était impuissante à nous séparer. » Bataille tente de rassurer sa correspondante : « Mais en aucun cas il ne faut t'inquiéter de moi. Je te retrouverai encore ce soir à neuf heures. » Il conclut sa lettre en lui demandant : « Embrasse fort la petite Laurence et dis-lui que je lui écrirai demain. » Laurence est la fille que Georges Bataille a eu avec Sylvia Bataille, sa première épouse. Elle est à l'époque de cette lettre à Vézelay avec Denise Rollin, dans cette famille recomposée qui comprend également Jean, le fils que Denise a eu avec son époux. Une preuve s'il en fallait de la liberté sexuelle et morale, encore rare à l'époque, du couple Bataille-Rollin que l'on retrouve dans les revendications de l'auteur.