Edition originale sur papier courant.
Reliure à la bradel en demi percaline violette, dos lisse largement passé et orné d'un motif floral doré, initiales et double filet dorés en queue, plats de papier peigné, coins inférieurs émoussés, reliure de l'époque.
Quelques petites rousseurs affectant principalement les feuillets en leurs marges.
Précieux envoi autographe signé d'Emile Zola à l'un des plus grandes inspirations de Germinal : "A Yves Guyot son dévoué confrère. Emile Zola."
Guyot est l'auteur d'un roman sur le tragique sort « peuple des houillières » du Nord, où se déroule un accident et une grève de miniers. Cet ouvrage, ainsi que ses théories économiques et sa série de reportages sur la grève minière d’Anzin influencèrent fortement Zola dans l'écriture de ce chef-d'oeuvre. Il prêta même son concours aux recherches de Zola, en lui fournissant de la documentation et le présentant au député socialiste du Nord Alfred Giard, avec qui Zola visita les corons.
Rédacteur en chef du Bien Public où paraît L'Assommoir en feuilletons, Guyot donna à Zola l'idée du contexte minier pour ce roman : "La révélation lui fut faite en plusieurs étapes, dans un mouvement où l’économiste libéral Yves Guyot joua un rôle majeur. [...] collègue et ami personnel, [il] avait rendu compte de la grève d’Anzin dans le journal Le Voltaire, auquel Zola collaborait. Celui-ci en fit même le thème d’un roman, qui devint comme un essai d’apprentissage indirect pour Zola : ce fut l’Enfer social (1883).
Au-delà de la concordance des dates, l’étude de l’influence de Guyot sur Zola paraît digne d’être explorée pour une autre raison, à savoir leur proximité et leur amitié, qui est de l’ordre du prouvé. Les relations entre les deux hommes remontent à loin. Zola avait collaboré au Rappel, en 1869, où travaillait aussi Guyot. Il fut encore aussi le critique dramatique du journal Le Bien Public, à partir de 1876, auquel Guyot participait activement. [...] Zola et Guyot maintinrent une correspondance amicale de 1876 à 1884, date de l’écriture de Germinal. Dans cette correspondance, l’envoi des nouveaux ouvrages publiés par l’un et par l’autre tint une grande place, ce qui solidifie encore les rapprochements que l’on peut opérer entre leurs écrits. [...] En 1883, année durant laquelle Guyot publia son roman ouvrier sur les mines, Zola comprit qu’il y avait là une matière intéressante pour son deuxième roman ouvrier et il modifia ses plans en conséquences. [...] il utilisa l’expérience passée du roman de Guyot pour corriger ce qui lui semblait maladroit et reprendre ce qui fonctionnait.[...] Zola fit aussi, comme Guyot, de son roman un récit marqué par les tonalités sombres, dans le récit par les drames, mais surtout par les évocations de couleur [...] On remarque, à la lecture des premiers documents préparatoires, que Zola avait d’abord pensé suivre le séquençage du roman de Guyot, en faisant intervenir l’accident dans la mine dès le début." (Benoît Malbranque, "Les inspirations libérales d’Émile Zola dans Germinal", Institut Coppet).
Leur correspondance montre que Zola eut des entretiens avec Guyot pendant l'écriture du roman, et utilisera ses écrits dans le dossier préparatoire de Germinal ("Notes Guyot", BNF, MSS, n.a.f. 10308, fos 195-201).
Zola pourra également compter sur le soutien indéfectible de Guyot pendant l'affaire Dreyfus : "Dès lors, s’engage un combat long et intense pour la vérité, contre l’erreur judiciaire et l’injustice faite à un innocent, qu’Yves Guyot a mené avec son courage habituel. [...] Il reproduit la lettre célèbre de son ami Émile Zola, il réédite en brochure ses articles sur ce thème, puis publie, in extenso, les comptes rendus sténographiés des débats du procès Zola." (Benoît Malbranque, "Yves Guyot et l’affaire Dreyfus", Contrepoints, 8 mai 2024).
Exceptionnelle marque de reconnaissance du chef des naturalistes à l'un des acteurs clés de l'élaboration de son plus célèbre roman.