Manuscrit autographe de Maurice Béjart, 40 lignes rédigées à l'encre bleue sur deux feuillets retenus par une agraphe.
Poignant éloge funèbre du chorégraphe Georges Balanchine par son confrère Maurice Béjart, quelques jours après la disparition de Balanchine le 30 avril 1983.
Bien que stylistiquement éloignées, les créations de Balanchine et Béjart ont toutes deux révolutionné l'art de la danse. A la mort de Balanchine en 1983, Béjart écrit cet émouvant hommage, qui débute ainsi : "Où êtes-vous ce soir Georges Balanchine ? J'ai envie de vous écrire et, bien que la radio, la presse, les médias vous déclarent disparu, je sais moi que, comme les chats que vous aimiez tant, vous possédez neuf vies et qu'en ce moment même, dans une autre planète vous êtes certainement en train de chorégraphier la dernière oeuvre de Stravinsky ou tel concerto stellaire que nous pauvres terriens ignorons encore". Celui qu'on surnommait « Mister B », fondateur du New York City Ballet, renouvela le ballet par sa clarté, son dépouillement et son rapport à la musique. Béjart et lui partagèrent le goût de la simplicité des costumes, et prônèrent tous deux dans leurs chorégraphies la pureté intransigeante des lignes. Béjart rend compte en quelques lignes du paradoxe que fut Balanchine : " mais je sais moi, que vous êtes le SEUL CHOREGRAPHE, parce qu'unique, toujours imité et inimitable, le plus classique, le plus moderne, le plus rigoureux, le plus libre, le plus abstrait, le plus lyrique, le plus inventif, le plus musical, le plus précis, le plus insolite, le plus évident".
Il achève cet admirable panégyrique par un bel adieu : "A bientôt, donc, car nous avons tant à apprendre".
Provenance : archives personnelles de Maurice Béjart.