Recueil composé de 50 photographies au collodion humide tirées sur papier albumine colorisées à la main. La colorisation des photographies utilise la technique traditionnelle de la peinture à la colle (pigments naturels additionnée de colle) avec un pinceau. Les photographes faisaient ainsi appel à des peintres et non aux aquarellistes des estampes.
Album formé de deux ais de bois laqués de rouge reliés à la japonaise en acordéon. Premier plat laqué avec une scène figurant un homme et une femme accroupie, les deux personnages pointant du doigt une direction. En arrière plan, le mont Fuji, une cascade et des arbres, un cerisier en fleurs à droite de l'homme. Second plat avec fleurs. Tranches dorées. Les photographies sont en très bel état, bien conservées. Quelques piqûres pâles dans les marges et sur les serpentes. Le premier carton est un peu décollé du premier plat laqué. Un des visages en ivoire, celui de l'homme est manquant. Une fente au mieu du plat supérieur, idem au plat inférieur, avec une seconde et un petit manque de bois. Le dos est à nu, le revêtement qui devait être collé dessus est parti. Papier micacé sur les contreplats. 4 serpentes avec des manques, 2 portent une restauration, une conserve une partie d'un cm adhérant à une photographie.
Le recueil s'ouvre à l'occidental et non à la manière japonaise. Ce type de recueil, clairement conçu pour les riches touristes occidentaux et dans un plus grand format, est proche des premiers recueils touristiques par son format conçus par Beato dont Kimbei fur l'élève. Il est composé de vues de paysages et villes, des sites célèbres du japon à Tokyo, Kyoto, Kibe, Nagasaki, Yokohama... 12 photographies à la fin du recueil représentent exclusivement de femmes, mais la présence d'hommes dans les photographie démontrent que le recueil est plus ancien que ceux rencontrés habituellement de plus petits fomats. Cette présentation est traditionnelle des albums de voyages "views and costume", que reprendront les japonais. Chaque photographie : 13,5x21,5cm.
On ne voit quasiment plus d'hommes dans les photographies de cette époque car les photographies sont censés représenter le Japon contemporain et les hommes sont désormais habillés à l'occidental, il n'y a plus de samouraï. C'est pourquoi ce sont les femmes qui sont représentées dans plus de 70 pour cent des photographies de cette époque. A ce propos, ce sont toujours des Geisha qui sont utilisées pour les photos. Tous les ateliers avaient ainsi des contrats avec des maisons de Geisha qu'ils faisaient poser pour toutes les scènes : musiciennes, etc. On voit ainsi une aveugle jouant du Shikansen, ainsi qu'il était pratiqué au Japon, et l'aveugle est ici jouée par une Geisha.
D'autres phographies montrent des femmes pratiquant l'Ikebana (art floral japonais), la cérémonie du thé, la peinture sur soie, le jeu de Onigokko (colin-maillard).
Kusakabe Kimbei, un des plus importants photographes de cette période, plus couramment appelé par son prénom Kimbei en raison de la difficulté éprouvée par les étrangers à prononcer son nom, fut connu d'abord comme coloriste de Beato avant d'ouvrir son propre atelier à Yokohama en 1881. Au moment d'ouvrir son atelier il racheta les plaques de Beato et de Stillfried, premiers photographes européens à s'être installés au japon. C'est la raison pour laquelle de nombreux clichés ne sont pas de Kimbei lui-même mais d'autres photographes tel que Beato ou Kasaburo. Certaines photographies par contre sont typique du style de Kimbei, qui reprend dans la photographie les codes de perspective de l'estampe, notamment pour les personnages féminins cadrées en plan serré.
On doit noter que toute attribution à un photographe est difficile en raison même de l'histoire de la photographie au Japon, car tous les ateliers européens et les premiers ateliers Japonais ont été rachetés par des Japonais et les plaques continuaient d'être exploitées sous le nom du nouveau photographe. Cependant, cet album est comparable (par ses sujets et sa reliure) à des exemples déjà connus et des mêmes photographes ; voir chez C. Baxley l'album 111111. Peu d'albums et de photographies portent une signature ou une marque d'atelier. Par exemple, on sait que Beato quitte la photographie professionnelle en 1872, Le baron von Stillfried quitte définitivement le Japon en 1881. La même année, Kimbei Kusakabe (1841-1934), élève de Beato et Stillfried, ouvre son propre studio à Yokohama. Il rachètera quatre ans plus tard une partie des négatifs de ses deux maîtres et les retirera régulièrement.