Nouvelle édition, extrèmement rare, et d'une rareté insigne dans cette condition. La première édition collective date de 1553, mais elle ne contenait pas le cinquième livre, paru en 1564. Page de titre spécifique pour le cinquième livre.
Reliure en plein maroquin havane d'époque à l'éventail. Dos à nerfs richement orné de roulettes à la grotesque. Titre doré sur deux caissons à l'intitulé truculent : "Rablays Autheur Facessieux. Plats artistement décoré d'un médaillon central portant en son centre le nom du possesseur : Arthus René Aveline. Fers à l'éventail dans les angles et petits fers, roulette d'encadrement. Tranches dorées. Les papiers de garde semblent avoir été renouvelés au XVIIIe et font défaut sur le feuillet blanc suivant. Une inscription à la plume sur le premier contreplat avec la date 1772 ; l'exemplaire ayant pu connaître des restaurations à cette période, possiblement un réemboîtage, mais ce n'est pas assuré. Rogné passablement court à certains endroits du livre. Petits mouillures et rousseurs éparses. Très discrètes restaurations sur les bordures externes et sur le mors supérieur. Trois feuillets restaurés.
Doué d'un don prodigieux pour l'invention langagière de même que pour la satire, Rabelais a créé un monde parallèle à celui dans lequel il vivait, non sans lorgner du côté de l'utopie et de la métaphysique. Le livre est une vaste fable, une recréation de L'Illiade et de l'Odyssée mais dans une version grivoise, voire paillarde, "Le jardin des délices" de Bosch transposé en littérature, car Rabelais hérite autant de la farce médiévale, du monde médiéval que des changements opérés par la Renaissance ; il n'aura aucun suiveur mais son esprit essaimera et fécondera l'esprit anglais, notamment chez Swift, Fielding... Le cinquième livre pose toujours des problèmes d'attribution, et on trancherait aujourd'hui pour une oeuvre collective ; c'est le plus violent dans sa critique de la société et il n'est pas paru de manière posthume par hasard, Rabelais ayant déjà été inquiété par la censure.