Envoi autographe signé de l'artiste en marge basse de la planche : "à Louis Broder avec l'amitié. Bryen"
Très bel exemplaire.
On les nomme beaux papiers, tirages limités, exemplaires de têtes ou tout simplement éditions originales. Elles ont été imprimées à quelques exemplaires sur un papier de luxe et soigneusement conservées, dès la première heure, par les découvreurs de ces génies littéraires. Ces éditions sont l'origine de l'œuvre et sa pérennité.
Edition originale illustrée de 48 lithographies en couleurs par l'auteur, un des quelques exemplaires nominatifs sur japon réservés aux principaux collaborateurs de l'ouvrage, le nôtre imprimé spécialement pour l'illustre bibliophile le colonel Sickles, tirage de tête.
Notre exemplaire est bien complet, ainsi qu'il l'est stipulé à la justification du tirage, de la double des lithographies en noir et en couleurs.
L'ouvrage est aussi illustré de 40 lettrines dessinées par le prestigieux relieur Paul Bonet.
Il s'agit du plus important livre illustré par Maurice de Vlaminck qui lui prit presque dix ans de travail.
Bel exemplaire complet de sa chemise et de son étui.
Rarissime lettre autographe signée « Restif Labretone » adressée à la citoyenne Fontaine. Trois pages rédigées à l'encre noire sur un double feuillet de papier vergé. Reste de cachet de cire, pliures inhérentes à l'envoi.
Cette lettre a été publiée, avec quelques inexactitudes, dans Lettres inédites de Restif de Labretone de V. Forest et É. Grimaud, 1883.
Dessin original signé de Constantin Brancusi à l'encre brune sur papier crème, provenant de la collection d'Ion Alexandrescu, tailleur de pierre ayant été le collaborateur du sculpteur en 1937-1938, pour la réalisation et l'installation de l'ensemble monumental de Târgu Jiu, plus particulièrement pour La Porte du Baiser et La Table du silence.
Les rares dessins passés en vente sont essentiellement figuratifs (femmes et études anatomiques), mais les travaux préparatoires à ses sculptures sont d'une excessive rareté.
Nous avons soumis au docteur Doïna Lemny, conservatrice honoraire du Musée National d'Art Moderne où elle eut la charge du fonds Brâncu?i durant trente années, et autrice de nombreuses monographies et essais sur l'artiste, cette œuvre inédite qu'elle a pu authentifier et dater avec précision :
« Ce petit dessin tracé à l'encre d'une main rapide sur un papier de petites dimensions interpelle par la nouveauté de la composition de formes géométriques : deux cubes superposés supportant une tête ovale encadrée dans un carré acquièrent une posture de cariatide soutenant une architrave, clairement dessinée en haut de la figure. Le tracé rapide et ferme indique l'intention de l'artiste de noter des éléments pour une composition plus complexe qu'il aurait eu l'intention de réaliser. »
Bien que non daté, ce dessin peut être rapproché de deux autres compositions similaires réalisées le 3 novembre 1937. Le premier, de même dimension (9 x 13 cm), porte le titre Eva et est enrichi au verso d'un dessin du Baiser et d'un message adressé à Ion Alexandrescu. Le deuxième est, quant à lui, d'un format supérieur (22 x 32 cm) et présente la même composition que notre dessin avec des proportions évoquant plus explicitement une silhouette féminine (voir ci-contre). Sur ces deux autres dessins, Brâncu?i indique les matériaux qu'il envisage d'utiliser pour ce futur ensemble de sculptures : du bois (en roumain : lemn) et du plâtre (gips).
Le dessin que nous proposons ne comporte pas de titre ni d'indication des matériaux, mais s'inscrit dans la recherche plastique des deux autres compositions, et pourrait être une stylisation du dessin original pour un projet de sculpture plus abstraite.
L'intérêt pour cette figure féminine biblique traversa la carrière artistique de Brâncu?i. Dès 1916, il sculpte une figure en bois africanisante toute en courbes à laquelle il donne pour titre ève. La retravaillant, il réalise finalement, en 1921, une sculpture plus totémique : Adam et Ève. Œuvre « construite », Adam et Ève annonçait déjà l'intention de Brâncu?i de reprendre la thématique de la femme originelle, mère et protectrice qui se trouve ici émondée des attributs masculins et devenue élévation de formes premières et matricielles, le bloc, l'œuf et le plan.
Provenance : collection du tailleur de pierre Ion Alexandrescu, ami et proche collaborateur du sculpteur roumain.
Pour plus de détails et d'éléments sur le travail de l'artiste, nous renvoyons aux nombreux ouvrages publiés par Doïna Lemny 1 : Le Milieu artistique et culturel de Brâncu?i : essai d'investigation à partir du legs au Musée national d'art moderne (1998, thèse soutenue en 1997), Constantin Brâncu?i 2005 Brâncu?i : au-delà de toutes les frontières (2012), Brâncu?i (2012, monographie pour la rétrospective au Centre Pompidou), Correspondance Duchamp-Brâncu?i (2017) Brâncu?i : la sublimation de la forme) catalogue de l'exposition de Bruxelles 2019-2020 sous la direction de Doïna Lemny), Constantin Brâncu?i, en quête de la chose vraie (à paraître)
1. Nous remercions Madame Lemny d'avoir aimablement confirmé
l'authenticité de cette œuvre et de nous avoir aidé à réaliser cette notice.
L'ensemble de poèmes manuscrits autographes en grande partie inédits de Robert de Montesquiou-Fezensac est rassemblé par le comte en un recueil intitulé Le Dernier Pli des neuf voiles, dont la composition s'étend de son tout premier recueil (Les Chauves-Souris, 1892) jusqu'à son dernier triptyque (Offrandes, 1915).
Ensemble manuscrit de 620 feuillets. 532 feuillets inédits, de premier jet, manuscrits au recto et numérotés au crayon, conservés dans 3 chemises en demi-maroquin rouge à coins de l'époque, étiquettes de maroquin rouge avec auteur et titre doré ; les poèmes sont ensuite placés dans des chemises avec titre manuscrit et numérotation prévue pour leur parution. Selon une note de l'auteur, « les différences d'encre n'ont pas de signification, simple hasard de copie ». Rares feuillets de la main de son secrétaire Henri Piniaud : f. 20 du « Huitième voile » et f. 29 du « Neuvième voile ». 23 feuillets présentent les textes imprimés ou tapuscrits des poèmes et sont enrichis de corrections de la main de Montesquiou.
Un jeu d'épreuves imprimées se trouve en tête de la première chemise, ainsi qu'un calque au crayon d'après Aubrey Beardsley réalisé par l'auteur et accompagné de ses indications manuscrites.
Édition originale pour laquelle il n'a pas été tiré de grands papiers.
Précieux envoi autographe signé de Jacques Higelin à Régine Deforges : « à Ma dame Régine Deforges le tendre salut de mes vingt printemps que je dépose aujourd'hui devant la porte du jardin secret de votre cœur. »
Provenance : bibliothèque de Régine Deforges.
Bel exemplaire.
Collection complète des vingt premières années du journal Libération, fondé en 1973 par Jean-Paul Sartre, Serge July, Philippe Gavi, Bernard Lallement et Jean-Claude Vernier.
6 200 numéros à l'état de neuf (jamais ouverts).
Cette collection unique rassemble 6200 numéros du journal Libération en parfait état (jamais ouverts) et est absolument complète – y compris tous les « numéros zéros », les numéros publicitaires, les dossiers spéciaux, les suppléments thématiques (dont la totalité des célèbres « Sandwich ») et l'album commémoratif des vingt ans –, du lundi 5 février 1973 au lundi 3 janvier 1994.
La collection est vendue avec son meuble sur-mesure (2,60 m de hauteur, 4,20 m de longueur et 50 cm de profondeur). Il se compose de 35 casiers superposables de 84 x 36,5 x 50 cm, dans chacun desquels coulissent deux tiroirs. Chaque tiroir contient une centaine de numéros du journal.
Provenance : collection Frédéric Fredj.
Edition originale pour laquelle il n'a pas été tiré de grands papiers.
Reliure à la bradel en plein papier façon bois, dos lisse, nom de l'auteur et titre de l'ouvrage lettrés en orange et verticalement, au centre du premier plat, en incrustation, un portrait photographique, couvertures et dos conservés, étui bordé du même papier façon bois, plats de papier marron, originale reliure de l'époque signée Leroux.
Bel exemplaire agréablement établi par l'un des derniers grands maîtres de la reliure française du XXème siècle.
Édition originale, un des 450 exemplaires numérotés sur Hollande.
Ouvrage illustré de 35 bois originaux de Fernand Siméon.
Reliure en plein maroquin marron, dos lisse orné d'une bande verticale de maroquin mosaïqué noir, roulettes noires sur les coiffes, petits frottements sur la coiffe supérieure, titre frappé à l'or au centre du premier plat, plats ormeméntés d'un grand losange et d'une large bande horizontale de maroquin mosaïqué noir, gardes et contreplats de papier à motifs floraux dorés et à effet moiré, encadrement de bandes verticales et horizontales de maroquin mosaïqué noir sur les contreplats, couvertures et dos conservés, tête dorée, doubles filets noirs sur les coupes, étui bordé de maroquin marron, plats de papier à motifs floraux dorés et à effet moiré, parfaite reliure Art Déco signée A. Pinard-Lefort.
Agréable exemplaire parfaitement établi dans une belle reliure Art Déco.
Édition originale, un des 50 exemplaires numérotés et réimposés sur Japon impérial, le nôtre un des quelques hors commerce, tirage de tête après 1 exempaire unique sur Japon impérial et 19 vieux Japon.
Ouvrage illustré, en frontispice, d'un portrait de Charles Maurras consistant en une pointe-sèche originale d'Edouard Chimot et de lithographies originales de Wassily Schoukhaeff.
Reliure en demi maroquin marron chocolat à coins, dos à cinq nerfs, date dorée en queue, roulettes noires sur les coiffes, encadrement de filets noirs sur les plats de papier façon bois, gardes et contreplats de papier façon bois, couvertures et dos conservés, tête dorée, parfaite reliure non signée.
Très bel exemplaire parfaitement établi bien complet, ainsi qu'il l'est stipulé à la justification du tirage, du double état de la pointe-sèche d'Edouard Chimot avec remarques, d'1 épreuve du cuivre barré et d'1 suite des lithographies sur Japon.
Edition traduite des textes sémitiques par Joseph-Charles Mardrus et imprimée à 195 exemplaires numérotés sur Arches, le nôtre un des 20 hors commerce comportant une double suite en noir et en couleurs des illustrations.
Reliure à la bradel en demi maroquin vert olive, dos lisse orné d'un jeu de carrés dorés de différents formats avec, pour l'un d'entre eux, une pièce de maroquin mosaïqué rosé en son centre, encadrement d'un filet doré sur les plats de papier façon peau de serpent, gardes et contreplats de papier vert olive, couvertures et dos conservés, tête dorée, élégante reliure signée Thomas Boichot.
Ouvrage illustré de 31 gravures originales sur bois en couleurs par François-Louis Schmied, dont le frontispice, 6 à pleine page, 15 compositions dans le texte et 9 lettrines.
Signature manuscrite de François-Louis Schmied en dessous de la justification du tirage.
Photographie originale sur papier albuminé, au format carte de cabinet, contrecollée sur carton jaune bordé de rouge de Nadar, avec sa marque au dos, rue d'Anjou St-Honoré.
Portrait de l'actrice accoudée, le visage reposant dans le creux de la main, regardant le photographe ou celui qui regarde la photographie, l'air mélancolique. Très belle photographie. Les photographies de Sarah Bernhardt sont le plus souvent en costume de scène, jouant la comédie, celles la représentant au naturel, plus anciennes et où elle se trouve plus jeune, sont beaucoup plus rares. L'actrice aura été assez fidèle au photographe car on retrouve plusieurs portraits d'elle de ses débuts jusque vers 1900.
Annotation manuscrite au dos.
Lithographie originale en couleurs et tirée sur vélin fin. Timbre à sec de l’imprimeur en bas à droite de la planche.
L'affiche est présentée encadrée, pour toute expédition elle devra être envoyée sans le cadre.
Exceptionnel manuscrit autographe complet signé du véritable testament de Ravachol - en grande partie inédit - inconnu sous cette forme, précédant sa réécriture par un tiers pour la publication dans la presse. Unique témoignage de la véritable pensée de l'icône de l'anarchie.
Manuscrit de quatre pages in-4 lignées, entièrement rédigé à l'encre noire et doublement signé « Konigstein Ravachol » en pied de chaque feuillet. Corrections au crayon de papier dans le texte, peut-être de la main de son avocat. Quelques pliures transversales et très infimes déchirures marginales sans manque.
Écrit en cellule durant le second procès de Montbrison qui mènera à sa condamnation à mort, ce texte, rédigé d'une écriture hâtive, sans ponctuation ni majuscules et à l'orthographe naïve, devait être prononcé par Ravachol lors de l'audience.
« Ravachol avait une sacrée envie de coller son grain de sel dans la défense, non pour se défendre, mais pour s'expliquer. Y a pas eu mèche, nom de dieu ! à la quatrième parole, le chef du comptoir lui a coupé le sifflet. Sa déclaration n'est pas perdue, nom d'une pipe ! ». (Émile Pouget, in Père Peinard 3-10 juillet 1892). Le Rocambole de l'anarchisme ne sera en effet pas autorisé à déclamer son texte, mais il le remettra à son avocat Maître Lagasse et, dès le 23 juin, la déclaration interdite se retrouvera reproduite dans le journal Le Temps.
Cette première parution dans un journal conservateur se veut fidèle au texte original jusqu'à reproduire l'orthographe fantaisiste de son auteur. Ce souci d'exactitude sera d'ailleurs dénoncé par Émile Pouget dans le Père Peinard du 3 juillet 1892, une semaine avant l'exécution de Ravachol : « Le Temps, le grand drap de lit opportunard l'a collée nature. En vrai jésuitard, il l'a même collée trop nature.
Ravachol avait écrit le flanche pour lui ; il savait comment le lire, - mais y avait pas un mot d'orthographe, vu qu'il se connait à ça, autant qu'à ramer des choux.
Le Temps a publié le flambeau sans rien changer, de sorte que c'est quasiment illisible [...]. C'est ce que les jean-foutre voulaient, nom de Dieu ! [...]
Je colle ci-dessous, sans y changer un mot, m'étant contenté d'y mettre de l'orthographe. »
Suit, dans ce même numéro du 3 juillet 1892, la reproduction exacte, mais sans les fautes, du discours initialement publié dans Le Temps.
Cette double publication associée à la noble attitude de Ravachol devant la guillotine aura un impact considérable sur l'opinion publique. En effet, même les organes anarchistes avaient jusqu'à lors conservé une certaine distance avec ce criminel provocateur accusé d'utiliser la cause anarchiste à des fins crapuleuses. Mais après l'exécution, ce testament sera rapidement repris par de nombreux autres journaux et l'ultime cri de révolte de Ravachol deviendra bientôt un véritable hymne de l'anarchie pour les libertaires de toutes nations.
Pourtant, la version reproduite par ces journaux, seule connue à ce jour mais dont la source manuscrite a disparu, diffère sensiblement du manuscrit en notre possession.
En effet, le style a été légèrement amélioré, quelques tournures ont été arrangées, et surtout, de larges passages ont été supprimés, dont le paragraphe de conclusion qui a été entièrement remplacé.
Notre manuscrit, comportant des ratures et des reprises semble ainsi être, à tout le moins, la version primitive de ce testament politique. Écrit d'une traite, d'une graphie compacte, sans ponctuation, ni paragraphe, ce manuscrit comporte deux longs passages révélant des préoccupations de santé publique totalement absentes de la version publiée.
La première concerne un long passage, d'un tiers de feuillet, sur les « ingrédients dangereux » adjoints à la fabrication du pain : « n'ayant plus besoin d'argent pour vivre, plus de crainte que le boulanger introduise dans le pain des ingrédients dangereux pour la santé et dans l'intention de lui donner une belle apparence ou le rendre plus lourd puisque cela ne lui rapporterait rien et qu'il aurait comme tout le monde et par le même moyen la facilité de se procurer les choses nécessaires pour son travail et son existence. On aurait pas à contrôler si le pain a bien le poids, si l'argent n'est pas faux, si le compte est bien exact. » La seconde, bien plus longue que la première (presque une page entière), concerne l'industrie de la teinture de la soie dont Ravachol fut un modeste ouvrier : « Eh bien que l'on se rende compte attentivement de toutes les matières perdues et des forces qu'il a fallu dépenser pour les produire, on comprend qu'on a travaillé inutilement à produire toutes ces drogues et à les fixer sur la soie qui est brûlée par l'excès de toutes sortes d'ingrédients dont la manipulation est dangereuse pour les ouvriers et dont la soie sera devenue entre leurs mains une chose dangereuse à mettre en contact avec la peau et par les poussières que produisent en séchant l'excès des drogues. » La suppression de ces parties, dont la longueur témoigne de l'importance qu'elles revêtent dans l'esprit de l'auteur, n'est sans doute pas anodine et modifie profondément la réception du discours.
Contrairement à la version connue, le manuscrit est ainsi centré sur le bien-être des individus et la santé publique, mais surtout il s'appuie sur l'expérience personnelle de son auteur, sa condition d'ouvrier de la soie, qui constitue une des principales sources de la réflexion de Ravachol et de sa conscience politique. L'autre manuscrit connu de Ravachol (aujourd'hui disparu mais reproduit à l'époque dans le journal républicain L'Écho de Lyon) comporte également une longue digression sur le processus de fabrication de la soie et ses conséquences sur la santé des ouvriers.
Or le discours publié par la presse ne fait aucune mention de cette activité fondatrice de l'engagement de Ravachol, qui conclut son manuscrit. Au contraire, à ce long paragraphe prosaïque se substitue une superbe mais étonnante plaidoirie, dont la pensée synthétique et le style éloquent constituent une véritable rupture avec le reste du discours, auquel elle ne semble plus liée que par la fantaisie constante de l'orthographe.
« Oui, je le répète : c'est la société qui fait les criminels, et vous jurés... » ; « Je ne suis qu'un ouvrier sans instruction ; mais parce que j'ai vécu l'existence des miséreux, je sens mieux qu'un riche bourgeois l'iniquité de vos lois répressives » ; « Jugez-moi, messieurs les jurés, mais si vous m'avez compris, en me jugeant jugez tous les malheureux »
Superbes effets de manche, et conclusion grandiloquente où l'on est en peine de reconnaître le style oral de notre ouvrier dont le seul autre texte publié intégralement - ses Mémoires dictées à ses gardiens dans la soirée du 30 mars 1892 - ne comportent aucune conclusion et s'arrête aussi brutalement que notre manuscrit.
Cette envolée finale à la gloire de l'anarchie, dont nous ne connaissons aucune trace manuscrite et qui n'est même pas ébauchée dans notre version, se révèle donc de toute évidence apocryphe.
Comme la première publication est l'œuvre d'un journal conservateur, il est impossible que le journaliste en soit l'auteur. Il est donc plus vraisemblable que la version fournie à la presse ait été revue et corrigée par son dernier détenteur, l'avocat de Ravachol : Maître Louis Lagasse, juriste engagé, défenseur attitré de plusieurs journaux anarchistes et futur député du parti radical-socialiste.
Ainsi, notre manuscrit semble mettre en lumière une récupération idéologique de la pensée de Ravachol non qu'elle fut réellement trahie, mais habilement reformulée dans un cadre plus intellectualisé. Cette instrumentalisation de celui qu'on accusait encore la veille de détourner la cause anarchiste, fut une réussite totale. La postérité en fit une icône de l'indépendance et de l'insoumission. Il connut un véritable culte de la personnalité, exalté par les chansons, sanctifié par les romans, héroïsé par les combattants et parfois même institutionnalisé en devenant, comme en wallon, un nom commun.
Aux côtés de Proudhon et Bakounine, les grands théoriciens de l'anarchie, il manquait une figure pratique, un maître d'œuvre assumant la violence sous-jacente de cette idéologie nihiliste. Ravachol, grâce à cette formidable apostrophe, deviendra ce martyr attendu.
On peut douter que la version authentique du discours de Ravachol que nous révélons aujourd'hui eut eu un tel écho, alors que déjà, comme le notait Emile Pouget au sujet de la première parution, l'orthographe était un obstacle. « il faut se foutre un sacré turbin pour saisir les idées. ». Mais il ajoutait malicieusement : « Ces couillons de bourgeois éduqués, se figurent qu'il faut savoir orthographier les mots pour avoir de l'idée dans la caboche. »
En effet, il serait présomptueux de conclure que la réputation de Ravachol fut ainsi usurpée par la plume habile d'un idéologue. Le manuscrit original, s'il dévoile la supercherie, met aussi en lumière la profondeur réelle des idées de Ravachol et les racines de sa révolte. Toutes les idées ajoutées ou réécrites par l'avocat sont bien présentes, bien que moins lisibles, dans le manuscrit original.
C'est bien la misère et les privations qui, pour Ravachol, poussent les malheureux au crime. Dès les premières lignes, il souligne la responsabilité de « la société, qui par son organisation met les hommes en lutte continuelle les uns avec les autres, [et] est seule responsable » En réponse à ce problème, la justice traite selon lui non pas les causes, mais les conséquences de la pauvreté : « On finira sans doute par comprendre que les anarchistes ont raison lorsqu'ils disent que pour avoir la tranquillité morale et physique, il faut détruire les causes qui engendrent les crimes et les criminels. [...] Eh bien, messieurs, il n'y a plus de criminels à juger, mais les causes du crime à détruire. » Cette légitimation de la violence anarchiste n'est pas gratuite et Ravachol, malgré son expression écrite limitée, propose une réforme et soumet à son auditoire l'idée d'une utopie fondée sur la justice sociale : « En créant les articles du Code, les législateurs ont oublié qu'ils n'attaquaient pas les causes mais simplement les effets, et qu'alors ils ne détruisaient aucunement le crime. [...] Il suffirait d'établir la société sur de nouvelles bases où tout serait en commun, et où chacun, produisant selon ses aptitudes et ses forces, pourrait consommer selon ses besoins. »
Et lorsqu'il dénonce la misère sociale, le texte original de Ravachol ne nécessite aucune réécriture de son avocat : « Tous ceux qui ont du superflu s'occupent-ils s'il y a des gens qui manquent des choses nécessaires ? Il y en a bien quelques-uns qui donneront quelques secours, mais ils sont imperceptibles et ne peuvent soulager tous ceux qui sont dans la nécessité et qui mourront prématurément par suite des privations de toutes sortes, ou volontairement par les suicides de tous genres pour mettre fin à une existence misérable et ne pas avoir à supporter les rigueurs de la faim, les hontes et les humiliations sans nombre, et sans espoir de les voir finir. »
émondé des effets de style de l'avocat, cet émouvant manuscrit laisse transparaitre l'obsession de celui qui se sait condamné à une fin imminente. La mort y est omniprésente : celle des criminels agissant par nécessité est mise en parallèle avec le trépas des « nécessiteux » travaillant jusqu'à l'épuisement. La graphie élancée, l'absence de ponctuation et l'enchaînement des phrases traduisent l'urgence de la pensée du condamné qui, dans ce dernier soupir d'encre, tente de résumer son combat et de justifier ses actions criminelles. Aucun répit n'est laissé au lecteur, les quatre pages sont abondamment rédigées jusqu'à la dernière ligne et Ravachol, comme pour assumer chacun de ses écrits ou peut-être dans l'incertitude de pouvoir achever sa pensée, signe sa déclaration sur chaque feuillet.
Témoignage inédit de Ravachol, qui vola et tua pour survivre, ce testament réhabilite avec authenticité la pensée de ce Rocambole, jusqu'alors icône modelée par les théoriciens. On y découvre les dernières pensées d'un homme ordinaire, mu par un véritable combat pour la justice, tout aussi loin de l'image du Christ de l'anarchie que d'un Judas criminel ayant employé l'idéologie libertaire à des fins crapuleuses.
L'homme que l'on découvre dans ce document capital, n'est certes pas le tribun que l'on pensait, mais son discours qui fut doublement censuré par les juges et par son avocat, révèle des préoccupations humanistes sans doute d'une trop grande modernité pour l'époque. En pleine révolution industrielle, il ne dénonce pas que la misère et la mauvaise répartition des richesses, mais aussi les risques de la chimie industrielle pour la santé de la population ouvrière.
Derrière l'idéologue et utopiste Ravachol, nous découvrons dans ce manuscrit inédit un François Claudius Koënigstein, plus modeste dans son expression mais plus visionnaire dans sa pensée, précurseur des grands défis écologiques et sanitaires à venir.
Considérable testament apologétique de la dignité humaine.
Superbe portrait photographique original de Ravachol réalisé par Alphonse Bertillon, tirage d'époque albuminé contrecollé sur bristol.
Rarissime légende autographe signée du plus célèbre des anarchistes français, rédigée de son écriture hésitante et naïve, au bas du cliché : « 1er mai 1892 Koningstein [sic] Ravachol. »
La graphie Koningstein choisie par Ravachol diffère du patronyme de son père (Königstein). Cette variation attestée par le Maintron (Dictionnaire biographique du mouvement social et ouvrier) se retrouve notamment dans un écrit de sa main daté du 13 avril 1892 et conservé à la Conciergerie.
« Un certain Varinard des Cotes a tracé son portrait graphologique. Il crut pouvoir noter l'absence d'orgueil et de vanité, la droiture et la loyauté des convictions ». (Ramonet et Chao, Guide du Paris rebelle, 2008).
Nous n'avons pu trouver aucun autre exemplaire de cette photographie dans les collections publiques internationales ni en vente aux enchères. Les autographes du « Christ de l'anarchie » sont d'une insigne rareté. Nous ne connaissons que cette unique photographie de Ravachol dédicacée à l'exception de celle mentionnée dans les rapports de surveillance de la Conciergerie : « Le nommé Ravachol nous a fait voir sa photographie sur le recto de laquelle il a inscrit ces mots : « à tous ceux que j'ai aimé. Mon cœur sera toujours près de vous, ma dernière pensée sera pour vous. Tous mes baisers ». Signé Ravachol. Il a l'intention d'envoyer cette photographie à son frère, ainsi qu'une lettre dont le résumé est le suivant : « Comme vous le voyez, je suis souriant sur ma photographie, vous pourrez donc en déduire que mon sort n'est pas si triste que vous le pensez. Il ne me manque qu'une chose : la liberté. Du reste je ne fais aucune différence entre ma vie en prison et celle que je menais auparavant. Toutes les deux ne sont que souffrance. Le vrai bonheur n'existera pour moi que lorsque je verrai la réalisation de mes projets, si cela ne se peut, je préfère la mort. J'envisage ces deux points le sourire aux lèvres ». (8 mai 1892) Nous n'avons pu localiser ce cliché et n'en avons trouvé aucune autre trace depuis ce rapport. Nous n'avons d'ailleurs aucune certitude que cette photographie existe encore. à l'instar de la nôtre, elle a été réalisée lors d'une séance à la prison de la Conciergerie le 6 mai 1892 durant laquelle plusieurs poses ont été tirées. Ravachol a donc antidaté sa dédicace en se servant probablement de la date symbolique du 1er mai 1892, premier anniversaire du massacre de Fourmies.
Il est certainement fait mention de notre cliché dans les mémoires du photographe et père de l'anthropométrie Alphonse Bertillon : « Ce fut l'identification de l'anarchiste Ravachol qui consacra la sûreté de sa méthode. Ravachol avait fait sauter au moyen d'une bombe l'immeuble où habitait alors le procureur de la République ainsi que le restaurant Véry et menaçait de continuer cette besogne de destruction quand il fut arrêté au milieu d'une foule hurlante qui voulait le mettre en pièces, au point qu'il arriva au service anthropométrique avec un visage boursouflé, tuméfié, hideux. Il fallut toute la diplomatie, toute la pénétration psychologique d'Alphonse Bertillon pour le convaincre de se laisser mensurer et photographier. Ravachol exprima le désir, vu l'état effrayant de son visage, d'être photographié une seconde fois dès que ses plaies et ses ecchymoses seraient guéries. Bertillon le lui promit et tint parole, il poussa même la délicatesse vis-à-vis de ce bandit jusqu'à lui porter dans la cellule qu'il occupait au dépôt un exemplaire de son portrait collé sur bristol. Et Ravachol qui ne pouvait en croire ses yeux, de s'écrier : – vous êtes un honnête homme, vous au moins, monsieur Bertillon. » (Suzanne Bertillon, Vie d'Alphonse Bertillon l'inventeur de l'anthropométrie, 1941). Ce témoignage d'une grande précision nous éclaire sur l'importance de l'arrestation de Ravachol dans la carrière du célèbre criminologue et la relation particulière qui unit les deux hommes. Il faut dire que c'est Bertillon lui-même qui procéda à l'identification de l'activiste qui avait été « bertillonné » deux ans plus tôt, démontrant avec brio toute l'efficacité de sa méthode de classification : cette première fiche se trouvait parmi 500 000 autres, déjà réalisées depuis la création du service d'Identification judiciaire en 1889.
Nous ne savons pas à qui Ravachol destinait ce portrait qu'il estimait tant, mais l'absence de dédicataire et la date hautement symbolique qu'il y appose, ultime défi à l'État policier, laisse à penser qu'il l'offrit à un partisan de sa cause.
Rarissime tirage d'époque de l'icône anarchiste Ravachol, dont le nom – immortalisé dans la culture populaire – deviendra même un nom commun, de l'insulte du capitaine Haddock (« Mille millions de mille milliards de mille sabords !... Espèce de cannibale !... Bachi-bouzouk !... Ravachol !... ») à la litanie punk des Bérurier Noir : « Salut à toi l'Espagnol / Salut à toi le Ravachol ! ».
Troisième édition après l'originale parue à Bordeaux en 1593 et une seconde parisienne en 1594. L'exemplaire porte une mention de seconde édition car elle est la deuxième à paraître à Bordeaux.
Rarissime envoi autographe signé de l'auteur en page de garde : « Pour Monsieur de Rives en memoire de moy. A Caors ce iiij [4] may 1595. Charron. » Il s'agit certainement de Jean III du Rieu, seigneur de Rives, qui appartenait à la famille d'Antoine Hébrard de Saint-Sulpice, évêque de Cahors. Pierre Charron avait été appelé par ce même évêque à Cahors comme théologal, et devint son vicaire durant six ans.
Reliure en plein vélin à rabats d'époque, dos lisse muet.
Large jaunissure de la page de garde jusqu'à la page 30, puis moindre, en milieu de page sur toute la première partie et jusque vers la page 120 de la seconde partie. Cette jaunissure reprend de la page 760 à la fin.
Premier écrit de Pierre Charron, qui développe dans cet ouvrage polémique à l'égard du protestantisme trois grandes « vérités » : la religion est nécessaire, le christianisme est révélé et seule l'Église romaine est la véritable Église. C'est particulièrement ce dernier point que l'auteur s'efforce de démontrer. Cette troisième partie est si importante qu'elle possède sa propre page de titre et occupe les deux tiers du livre.
À Bordeaux, Pierre Charron rencontra Montaigne dont les idées imprégnèrent ses œuvres et sa pensée. Il se lièrent d'une si profonde amitié que Montaigne désigna Charron comme héritier du blason de sa maison.
Les ex-dono ou envois autographes de grands humanistes du XVIè siècle sont d'une excessive rareté.
Édition originale, très rare et recherchée, de l’une des plus importantes œuvres autobiographiques de l’histoire de la littérature française, chef-d’œuvre de George Sand.
Reliures en demi veau fauve, dos à quatre nerfs sertis de guirlandes dorées ornés de filets dorés et noirs, frises dorées en têtes et en queues des dos, plats de papier marbré, couvertures et dos conservés pour chacun des volumes, élégantes reliures pastiches. Une habile restauration de papier à la page 209 du premier volume, une petite déchirure marginale sans manque à la page 241 du cinquième tome, un cahier roussi en marge dans le douzième volume, premier plat de couverture restauré dans le tome 16 ainsi que quelques taches marginales en fin de ce même volume.
Précieux envoi autographe signé de George Sand sur la page de faux-titre du premier volume, à son plus grand ami [François] Rollinat, intime de Nohant et père du poète Maurice Rollinat, prénommé comme le fils de George.
Agréable et rarissime exemplaire, de surcroît enrichi d’un envoi autographe signé de George Sand, quasi exempt de toute rousseur et établi dans une reliure uniforme pastiche romantique. Quelques taches marginales sans atteinte au texte.
Manuscrit autographe de 12 pages sur feuillets à carreaux, rédigé à l'encre bleue, nombreux passages soulignés.
Ensemble de réflexions inédites de Jean-Paul Sartre portant sur la structure sociale et l'idéologie bourgeoise, écrites probablement en 1952 dans le cadre d'un projet de scénario sur la période révolutionnaire. Cette série de dialogues intérieurs sur la nature du pouvoir individuel et collectif constituent une première ébauche des idées développées dans son chef-d'œuvre de 1960, la Critique de la raison dialectique. à travers l'exemple de la Révolution française et de la Terreur, Sartre s'interroge sur le rôle du citoyen et de la propriété en invoquant les écrits de Kant, Marx, Rousseau, Hobbes, Saint Paul et Luther.
Édition originale, un des 90 exemplaires numérotés sur vergé d'Arches, seuls grands papiers après 10 Montval.
Bel exemplaire.
Édition originale, dont il n'a été tiré que 500 exemplaires. Portrait de Théophile Gautier gravé à l'eau forte par Emile Thérond en frontisipice.
Importante lettre préface de Victor Hugo.
Reliure en plein maroquin rouge, dos à cinq nerfs sertis de filets noirs, date dorée en queue, gardes et contreplats de papier à la cuve, ex-libris baudelairien de Renée Cortot encollé sur la première garde, couvertures conservées, tête dorée.
Pâles rousseurs affectant les premiers et derniers feuillets, bel exemplaire parfaitement établi.
Rare envoi autographe signé de Charles Baudelaire : « à mon ami Paul Meurice. Ch. Baudelaire. »
Un billet d'ex-dono autographe de Victor Hugo adressé à Paul Meurice à été joint à cet exemplaire par nos soins et monté sur onglet. Ce billet, qui ne fut sans doute jamais utilisé, avait été cependant préparé, avec quelques autres, par Victor Hugo pour offrir à son ami un exemplaire de ses œuvres publiées à Paris, pendant son exil. Si l'Histoire ne permit pas à Hugo d'adresser cet ouvrage à Meurice, ce billet d'envoi, jusqu'alors non utilisé, ne pouvait être, selon nous, plus justement associé.
Provenance : Paul Meurice, puis Alfred et Renée Cortot.