Discrètes restaurations sur le dos, quelques rousseurs dans les marges.
Précieux envoi de l'auteur enrichi d'un profil de jeune homme et d'une étoile dessiné à l'encre : "à Charles de tout mon coeur Jean".
Manuscrit autographe signé d'André Breton, rédigé à l'encre noire sur deux feuillets de papier vert.
Pli horizontal à chaque feuillet, pagination au crayon rouge sur le 2e feuillet. Publié dans la revue Art, 1955.
Lettre autographe signée de Marguerite Yourcenar datée du 23 janvier 1957, deux pages à l'encre noire sur un feuillet, enveloppe autographe jointe.
Sur deux pages à l'écriture dense, Yourcenar confie ses déboires éditoriaux à son ami intime le peintre Elie Grekoff, et relate le geste blasphématoire de son éditeur, qui avait déchiré "en deux ou plutôt en quatre" l'exemplaire dédicacé de son recueil de poèmes Les Charités d'Alcippe (1956) et lui avait renvoyé par la poste. Elle s'entretient de projets communs avec Grekoff et le prie d'accepter les profits d'un ouvrage qu'il a illustré pour elle.
Yourcenar écrit depuis les Etats-Unis, qu'elle rejoignit en 1939 avec sa compagne Grace Frick, alors professeure de littérature britannique à New York. Elles s'installèrent à partir de 1950 sur l'île des Mont Déserts, jouxtant le Canada, dans une maison baptisée Petite-plaisance qu'elle mentionne dans l'en-tête autographe de la lettre. Au beau milieu de la nature sauvage et des lacs cristallins, elle y écrira certains de ses écrits les plus célèbres, dont L'Oeuvre au noir. Des images fugaces de la vie recluse de l'écrivaine nous parviennent au fil des lignes : « Ici, travail abrutissant, favorisé par les grands froids, qui font qu'on ne sort qu'un bref moment, ou quand on y est obligé. Correction d'épreuves, correspondance en retard depuis des mois, traduction, et enfin le livre en train [...] les journaux arrivent très régulièrement, et si vite, dans le cas du Monde, que j'apprends par lui les nouvelles de New York avant d'avoir le temps d'aller au village acheter le New York Times ».
Le passage le plus poignant de la lettre concerne ses aventures mouvementées avec son éditeur Curvers, au sujet de son recueil de poèmes à la verve néoclassique Les Charités d'Alcippe. Yourcenar fait part de l'acte impardonnable de ce dernier, exaspéré par le mécontentement de l'écrivaine qui lui reprochait la parution hâtive du recueil : "Toute la légalité (et le sens commun) sont de mon côté, mais cela n'a pas empêché l'irascible liégeois de me renvoyer un ex. des 'Charités d'Alcippe' déchiré en deux ou plutôt en quatre. L'époque est à la violence". « L'affaire du monsieur de Liège », terme employé dans la lettre, se soldera par un véritable litige par avocats interposés. L'intransigeante exigence de l'écrivaine et sa constante préoccupation pour les droits d'auteur, lui vaudra plusieurs affaires, et même deux procès - avec le metteur en scène Jean Marchat, et son éditeur Plon.
Le destinataire de la lettre Élie Grekoff (1914-1985), peintre, illustrateur, maître cartonnier, demeurera un proche confident de la femme de lettres pendant des décennies, et travailla avec elle sur plusieurs projets éditoriaux et théâtraux. Il réalisa notamment les décors de sa pièce aux accents sartriens, Electre ou la chute des masques, créée au théâtre des Mathurins. La lettre garde également la trace de deux de leurs collaborations artistiques : l'édition d'un classique latin et d'un célèbre poème hindou, le Gita-Govinda, tous deux commentés par Yourcenar et illustrés par Grekoff. Dans quelques magnifiques lignes pleines de bonté, Yourcenar le prie d'accepter les bénéfices probablement issus de la parution des Bagatelles d'Amour de Laevius (1956) : "merci Elie, et je vous en prie, considérez les trente huit mille qui restent comme vôtres, puisque nous n'en avons que faire en ce moment. Et quand je dis comme vôtres, je ne parle pas seulement comme vous le faisiez, du cas de force majeure, guerre, accident ou maladie, mais aussi en vue de rendre un peu plus commode la vie journalière - provisions de charbon, si l'on peut de nouveau en faire, ou achat de sympathiques conserves et repas au restaurant qui vous éviteront l'ennui de faire la cuisine quand vous préféreriez dessiner".
Charmante et profuse lettre de la première femme élue à l'Académie Française, aux prises avec son éditeur, faisant part de son combat pour l'intégrité de son oeuvre à un proche confident.
« La place qu'a occupée le texte dans l'œuvre de Malevitch est immense, à la fois à titre d'enseignement, à titre de réflexion personnelle sur la peinture et l'art en général, et à titre stratégique. (...) On y découvre le cheminement intellectuel de l'artiste et ce qui l'a conduit au suprématisme. Loin de n'être qu'une théorie esthétique, le suprématisme est une philosophie et un engagement politique, visant à la libération de l'individu. »
Lettre autographe signée du peintre Théodore Rousseau, une page sur un feuillet remplié.
"Mon cher Monsieur,
je vais faire mon possible pour vous envoyer aujourd'hui mon tableau demain matin de très bonne heure il sera tout encadré et il n'y aura qu'à le poser. Croyez bien que si je vous ai fait attendre je n'y ai pas mis de coquetterie et que j'avais un difficile travail à accomplir en temps limité. à demain matin et je vous remercie de toute la bienveillance que je trouve dans l'administration. Votre tout dévoué
Th. Rousseau"
Importante lettre autographe de René Magritte à André Bosmans, datée du 9 janvier 1965 et signée de ses initiales. 35 lignes à l'encre noire sur un feuillet à en-tête « René Magritte 97, rue des Mimosas, Bruxelles 3 Téléphone 15.07.30 ». Quelques mots biffés et des passages soulignés.
Publiée dans les Lettres à André Bosmans 1958-1967, Seghers I. Brachot, 1990, pp. 407-408
Lettre à la fois humoristique et d'une grande profondeur philosophique, dans laquelle le peintre surréaliste René Magritte aborde la question de l'imagination et de l'inspiration. On y trouve une fine analyse des enjeux de l'esthétique et de la pensée modernes, alors que le peintre cherche l'inspiration pour réaliser la couverture du prochain XXème siècle, journal d'avant-garde artistique et littéraire (numéro XXV, juin 1965).
Magritte adresse cette lettre à son grand ami André Bosmans, instituteur, poète et rédacteur en chef de Rhétorique, revue littéraire à laquelle Magritte contribua activement. Le peintre, alors en pleine maîtrise de son art, jouit d'une reconnaissance internationale depuis le début des années 1960. Son œuvre a déjà fait l'objet de nombreuses rétrospectives en France et en Belgique, et sera célébrée outre-Atlantique quelques mois plus tard au Museum of Modern Art de New York.
Sa lettre est partagée entre humour et réflexion psychologique. On retrouve l'habituel goût de Magritte pour l'ironie : « Voici en retour l'extrait du journal La Meuse. Le sérieux des conseils aux femmes enceintes devient cocasse lorsqu'il accompagne cette reproduction d'une gouache faite il y a trente ans environ. Il s'agit sans doute “d'humour” pour les gens sérieux ? ». Un quotidien liégeois avait en effet emprunté pour un de ses articles une gouache surréaliste de Magritte, intitulée Maternité, où la mère était représentée avec un visage de bébé et le bébé avec un visage de femme.
Après cet aparté, Magritte entretient Bosmans d'un projet de tableau destiné à une revue : « Je ne sais pas encore ce que je peindrai pour la couverture du prochain XXème siècle ». La revue d'art Le XXème siècle avait été fondée en 1938 par un journaliste italien correspondant à Paris, Gualtieri di San Lazzaro, et paraissait sous la forme d'un cahier annuel sur les tendances de l'art moderne, agrémenté de lithographies et d'œuvres originales. Magritte y figure aux côtés de Giorgio de Chirico, son idole, mais aussi Kandinsky, Jean Arp, et Joan Miro, ainsi que de nombreux autres artistes pionniers ou héritiers du surréalisme. Chaque numéro était consacré à un sujet d'actualité différent, avec des interventions de critiques, d'artistes et d'écrivains.
Magritte dissèque pour Bosmans le titre du prochain numéro (« Aux sources de l'imaginaire »), qui selon lui, symbolise toute une époque devenue esclave de l'inconscient depuis la révolution surréaliste : « L'imaginaire » remplace peut-être actuellement « l'Idéal » d'un temps passé. Au lieu d'un musée idéal, c'est à présent musée imaginaire. L'expression propre serait je crois : recensement ou catalogue du musée parfait. » Reprenant le célèbre paradigme d'André Malraux, le « musée imaginaire », Magritte souligne le passage du romantisme au surréalisme : ce remplacement de la poursuite d'un idéal par l'ouverture sur le rêve et le fortuit. Il fait également la critique de l'expression ampoulée du XXème siècle : « C'est l'imaginaire médiocre qui est responsable (la source, pour parler au figuré comme le XXème siècle) de ce qui n'a de valeur qu'imaginaire. » Car chez Magritte, il existe une distinction fondamentale entre imaginaire et imagination, entre rêverie et création. Pour cet artiste profondément sensible aux paradoxes de la réalité et au rôle du mystère dans la vie et dans l'art, l'imagination n'est rien sans être créative. Ses toiles empruntes de « réalisme halluciné » démontrent cette conviction, comme son célèbre Homme au chapeau melon (collection particulière, 1964), ou encore sa série de l'Empire des lumières (musée Solomon R. Guggenheim et MoMA de New York, Collection Peggy Guggenheim à Venise, Musées royaux des beaux-arts de Belgique, 1953-1954).
Le peintre nous offre sa propre définition cryptique et fascinante de l'imaginaire : « L'imagination qui a le pouvoir, afin de ne pas la confondre avec l'imagination stérile devrait s'appeler : l'inspiration, lorsque la poésie est en question. Elle n'a pas à être géniale, ni extraordinaire. L'imagination limitée à l'invention d'une machine, à la solution d'un problème (Euréka) est géniale. ». On remarque dans cette phrase que la poésie se place en tête de la hiérarchie des genres selon Magritte, qui chercha toute sa vie à provoquer chez le spectateur un « état poétique » et inséra même le langage dans ses compositions (L'Apparition, 1928, Staatsgalerie de Stuttgart, La trahison des images, 1929, musée d'art moderne de Bruxelles). Il achève sa lettre sur une conclusion des plus étranges – sa propre nomenclature des imaginaires : « Je distingue donc : / Imagination géniale / Imagination médiocre / Et inspiration »
Fascinante lettre de Magritte qui mêle l'ironie et la conviction, la philosophie et la fantaisie, à l'aube de la création d'une nouvelle œuvre.
Fabuleuse lettre autographe du peintre Fernand Léger rédigée en première ligne durant la bataille d'Argonne, adressée au marchand d'art parisien Adolphe Basler.
92 lignes à l'encre noire, quatre pages sur un feuillet double, daté par Léger du 28 mai 1915.
La lettre autographe est présentée sous une chemise en demi maroquin vert sapin, plats de papier vert à motif stylisé, contreplats doublés d'agneau vert, étui bordé du même maroquin, ensemble signé Goy & Vilaine.
La lettre a été choisie pour l'anthologie de Cécile Guilbert, Les plus belles lettres manuscrites de Voltaire à Édith Piaf, Robert Laffont, 2014.
Edition originale ornée de 25 illustrations en noir et en couleurs de Moïse Kisling, un des 35 exemplaires numérotés sur Japon super nacré, tirage de tête.
Préface d'André Salmon.
Notre exemplaire, ainsi qu'il est stipulé à la justification du tirage, est bien complet de sa suite sur Hollande des hors-texte en couleurs, de sa suite sur Arches des hors-texte en couleurs, de sa suite sur Chine des in-texte en noir, d'une planche inédite, d'une suite sur Hollande des planches refusées et d'un cuivre rayé.
Les illustrations de Moïse Kisling se composent ainsi : une couverture rempliée peinte, un portrait en frontispice en couleurs, 11 illustrations hors-texte en couleurs et 12 illustrations in-texte en noir.
Très bel exemplaire.