Edition originale du numéro de cette revue pacifiste fondée par le militant socialiste et anarchiste Henri Guilbeaux.
Contributions d'Henri Guilbeaux "A quelques pharisiens" et "La diplomatie secrète", Jean Debrit "Une réforme de la presse ? ", L. de Wiskovatoff "Lettre à M. d'Annunzio" et "Lettres aux journalistes", Gustave Thiesson "Le peintre Gustave Courbet en 1870-71"...
Journaliste dans des périodiques engagés et militants, rédacteur en chef de L’Assiette au Beurre sous le pseudonyme de James Burkley, militant socialiste et anarchiste, Henri Guilbeaux, en 1911, se lie d’amitié avec Stefan Zweig et fréquente les intellectuels allemands favorables au dialogue avec la France. Refusant « l’Union sacrée » en juillet 1914 et la haine antiallemande, il rencontre Romain Rolland et lance la revue Demain en 1916, qui deviendra l’organe littéraire des intellectuels français expatriés en Suisse. Cette rare revue pacifiste, paraissant alors que la Grande Guerre faisait rage, sera interdite de diffusion en France.
« Alors que les autres gardaient le silence, alors que nous-mêmes hésitions et y regardions à deux fois pour savoir ce qu’il fallait faire ou ne pas faire, il fonçait avec détermination, et le mérite durable de Guilbeaux restera d’avoir créé et dirigé Demain, la seule revue antiguerre exigeante de la Première Guerre mondiale, document que chacun doit relire s’il veut vraiment comprendre les courants intellectuels de cette époque.
Il nous donna ce dont nous avions besoin : un organe central de discussion nationale et internationale en pleine guerre. Le fait que Rolland s’engagea à sa suite détermina l’importance de la revue, car grâce à son autorité morale et à son réseau de relations, il put lui apporter les collaborateurs les plus précieux d’Europe, d’Amérique et d’Inde ; d’autre part, les révolutionnaires russes encore exilés — Lénine, Trotski et Lounatcharski — accordèrent leur confiance à l’extrémisme de Guilbeaux et écrivirent régulièrement pour Demain. C’est ainsi que, pendant douze à vingt mois, il n’y eut pas dans le monde de revue plus intéressante ni plus indépendante. Si elle avait survécu à la guerre, elle aurait peut-être exercé une influence décisive sur l’opinion publique. » (S. Zweig, Le Monde d’hier)