Rare première édition sous ce titre, complète de son titre-frontispice. L'édition originale de 1607, Remonstrance faicte au Roy Très Chrétien pour la réunion des religions à la foy catholique, fut imprimée à Tournon en seulement 96 pages. Cette seconde édition, dont il existe vraisemblablement deux tirages différents imprimés chez le même libraire, a été considérablement revue et augmentée par l'auteur.
Reliure d'époque en vélin blanc à rabats, dos lisse, titre à la plume estompé, lacets apparents, tranches mouchetées rouges, ex-libris sur le premier contreplat de l'avocat V[ictor] Duchâtaux, bibliophile de la seconde moitié du XIXe siècle. Un second ex-libris, de 1661, à la plume, figure en pied du titre-frontispice.
Deux infimes tâches d'encre pp. 57 et 209, affectant une lettre, un petit trou en marge de la p. 417, sans atteinte au texte, bel exemplaire.
Sur la p. 58, le passage, « non dans les traditions de l'Eglise Romaine ! mais dans leur propre Bible, que je faisais juge de tous mes desseins, et règle de mes volontés », est souligné à l'encre brune sans doute par le propriétaire du second ex-libris.
Quatorze ans après la conversion d'Henri IV en 1593, Jacques d'Illaire, capitaine de 100 hommes habitant la région historique du Vivarais, abjure la religion réformée dans une église comble, à la suite d'une messe dominicale. Cet ouvrage sous forme de mémoire fut publié une première fois en 1607, et réimprimé peu de temps après, ce qui valut à son auteur « quelque célébrité » comme nous l'apprend Eugène Arnaud.
Le roi, à qui l'œuvre est dédiée, lui adresse ses félicitations en 1608 :
« J'ai reçu tant de joie et de contentement en la nouvelle de votre conversion à l'Eglise catholique, suivie de celle de plusieurs personnes, et de ce que vous l'avez accompagnée de tant de belles œuvres que vous avez mises en lumière sur le même sujet, que je vous ai bien voulu témoigner par la présente et par même moyen vous remercier du livre que vous m'en avez dédié, jugeant bien qu'il pourra apporter beaucoup de fruit tant à ceux qui désireraient de vous imiter en cette sainte et louable action, que pour les autres qui le voudront goûter. Vous avez en cela fait connaître que vous savez, selon le temps, aussi bien mettre la main à la plume qu'à l'épée. »
D'autres ne manifesteront pas le même enthousiasme à la lecture de cet ouvrage, dont les docteurs de la Sorbonne, qui s'opposeront à la messe en français proposée par Jacques d'Illaire, incluse dans le présent exemplaire.
Superbe édition du début du XVIIe siècle qui fut à l'origine d'une dispute théologique sur la messe en langue vulgaire, par un auteur nouvellement catholique, fidèle à Henri IV.