Edition originale sur papier courant.
Précieux envoi autographe signé de l'auteur à son égérie Tsilla (Chelton) et à son décorateur Jacques (Noël) "... mon amitié et ma reconnaissance".
Notre exemplaire est enrichi de notes et dessins manuscrits de Jacques Noël à propos de la distribution, de la mise en scène et des décors de cette pièce de théâtre.
Dos ridé et légèrement insolé, une trace de pliure en tête du premier plat qui comporte également un petit manque en pied.
Ionesco rencontre le couple Tsilla Chelton et Jacques Noël en 1952 à l'occasion de sa troisième pièce: "Les chaises" pour laquelle la jeune comédienne belge, engagée à peu de frais, s'investit tant qu'elle en finance le décor en vendant son manteau. La pièce rencontre un accueil critique déplorable, mais Ionesco a trouvé son égérie : "la Vieille, c'est vous" lui confie-t-il.
Dès lors, elle contribua au succès de ce "théâtre de l'absurde" qui marquera le XXeme siècle et dont, en 1952 soit un an avant "En attendant Godot", Ionesco est presque le seul représentant.
Consacrant à Ionesco une grande partie de sa carrière Chelton interpréta pas moins de dix nouvelles créations dont l'une de ses plus célèbres: Le Roi se meurt. C'est également elle qui, en 1956, lui fit traverser l'Atlantique en interprétant "Les chaises" avec Jacques Mauclair à Broadway. Le jeu de Chelton est si profondément accordé au théâtre de Ionesco que certains critiques, parmi les contempteurs de la première heure, affirmeront que "la chance de Ionesco, c'est d'avoir rencontré de tels acteurs". Lui-même avoua à Chelton "que ses interprétations l'angoissaient parce qu'il y retrouvait l'écho trop précis de sa propre vie" (André Le Gall, Ionesco).
En 1959, elle ne fait pas partie de la distribution de Rhinocéros, (sans doute parce qu'il n'y a pas de personnage féminin important) mais c'est son mari, Jacques Noel, qui en crée, comme à son habitude, les décors. A l'instar de sa femme, Jacques Noël exerça une influence primordiale sur le théâtre de Ionesco : " Jacques Noël a monté les décors pour toutes mes pièces. Ce fut une grande chance pour moi. Il sait créer un désert illimité sur deux mètres carrés; je l'ai vu, avec trois bouts de bois, deux oripeaux, un vieux fauteuil, un tabouret, installer un magnifique salon de grand style (...). Il comprend admirablement, infailliblement, les pièces dont on lui propose de faire les décors (...) : ceux-ci sont la traduction visuelle, le commentaire exact, l'amplification matérielle la plus juste de celles-là. De cette façon, tout décor de Jacques Noël suggère, oriente la mise en scène. Il peut sauver un spectacle."
Les notes et dessins de Jacques Noël qui enrichissent notre exemplaire ont servi à la première représentation (en 1960 à l'Odéon dans une mise en scène de Jean-Louis Barrault) de cette pièce qui demeure l'une des plus importantes et emblématiques création du théâtre de l'Absurde.