Edition originale du premier livre de l'auteur, alors simple capitaine tout juste sorti de l'Ecole Supérieure de Guerre et affecté pour son impertinence à l'intendance de l'armée française du Rhin à Mayence.
Bel et rare exemplaire.
Rarisime et important envoi autographe signé du capitaine Charles De Gaulle : "A monsieur le ministre André Maginot dont la haute fonction fut d'oeuvrer à la défense de la Patrie dans l'affirmation de sa souveraineté. Plus que jamais c'est aux chefs de guerre que les nations doivent leur indépendance. Avec les très respectueux hommages du capitaine Charles de Gaulle. C. de Gaulle. 17 septembre 1924."
Plus qu'une simple analyse des erreurs stratégiques de l'Allemagne en 1918, le capitaine De Gaulle défend la primauté du politique sur les militaires et fustige la médiocrité et l'aveuglement de certains chefs militaires, prévenant ses supérieurs contre leurs propres choix tactiques.
Si l'ouvrage, une des premières études d'envergure sur le sujet, lui vaut l'animosité de ses pairs, la qualité de son écriture incite le Maréchal Pétain à l'engager dans son cabinet.
Le livre, en désaccord avec toute la politique militaire de l'entre deux-guerre, est un echec et les quelques exemplaires vendus sont, pour l'essentiel, acquis par l'ambassade d'Allemagne.
Les exemplaires dédicacés sont d'une extrème rareté. Nous n'avons pu en identifier qu'un seul autre exemplaire, adressé à son ami, le sociologue Paul Gaultier.
André Maginot vient juste de quitter ses fonctions de Ministre de la Guerre le 14 juin 1924, lorsque Charles De Gaulle lui adresse cet exemplaire. Durant le mandat écoulé, Maginot a réorganisé l'armée, fait voter par le Parlement la loi sur le service de dix-huit mois, transféré à l'Arc de triomphe les restes du Soldat inconnu et dirigé l'occupation de la Ruhr par l'armée française du Rhin où est alors affecté, par punition, le jeune capitaine rebelle. S'insurgeant contre une militarisation uniquement défensive, dont l'apogée sera jusement la ligne Maginot, De Gaulle s'adresse par cet envoi politique unique, à celui qui représentait il y a encore peu la plus haute instance militaire et politique. Sa dédicace, empreinte de respect, est en réalité un appel à la prise de conscience des erreurs stratégiques de la politique française. Nommé à nouveau ministre en 1929, André Maginot ne tiendra aucun compte des avertissements de De Gaulle et sera au contraire le principal promoteur des ruineuses et vaines "fortifications permanentes" qui porteront son nom.
L'ouvrage, déja considéré comme une préfiguration de son appel du 18 juin, est ici enrichi d'une dédicace hautement signifiante et prémonitoire, puisque le jeune capitaine de 34 ans sera amené, 16 ans plus tard, à incarner ce "chef de guerre" dont la haute fonction sera "d'oeuvrer à la défense de la Patrie dans l'affirmation de sa souveraineté" et auquel la nation française devra son indépendance.