"J'ignore pourquoi on prétend que la génération actuelle est vieille avant l'âge. J'ai rencontré hier deux jeunes gens d'environ dix neuf ans. Ils m'ont paru très bien conservés. Henri Rochefort."
Poème en quatrain alexandrin autographe signé du poète symboliste Adolphe Retté intitulé "Les femmes au bord de la mer".
Le poème, 19 lignes à l'encre noire sur un feuillet et dédié au peintre Puvis de Chavannes, paraîtra dans le N°1 de Janvier 1895 de la revue symboliste 'L'ermitage" avec quelques variantes :
"Les femmes au bord de la mer
A Puvis de Chavannes
Calyste, Noémie et la triste Néère
Eprises des flots purs dont le chant les câline,
Sur le roc où languit une flore marine
Rêvent d'amour étrange et de grève étrangère.
Calyste est toute grave et pleure Noémie,
Ouit l'hymne fuyant de plaintives sirènes,
La brise les adule et soupire leurs peines -
Et Néère confine une fée ennemie.
Le ciel s'épanouit en pâles violettes,
La mer dort son sommeil de déesse perfide,
Vers l'horizon paré de brume et d'or limpide
Ondule un peuple lent de vagues inquiètes.
Quel héros aux beaux yeux guidera sa galère
Au port où veille triple et tentante la femme
Et viendra délivrer, leur apportant une âme,
Calyste, Noémie, et la triste Néère ? ...
Adolphe Retté."
Trace de pliure inhérente à la mise sous pli.
Lettre autographe signée de Victor Hugo adressée à Léon Richer, deux pages rédigées à l'encre noire sur un double feuillet de papier à lettres bordé de noir. Pliures transversales inhérentes à la mise sous pli. Une déchirure centrale sans manque à la jonction des deux feuillets. Cette lettre a été retranscrite dans les Œuvres complètes de Victor Hugo (Ollendorff, 1905).
Le manuscrit est présenté dans une chemise en demi maroquin bleu, plats de papier coquille, étui bordé de maroquin bleu, ensemble signé A. T. Boichot.
Superbe et importante lettre, profondément humaniste, syncrétique des combats de Victor Hugo contre la peine de mort et pour le progrès social et féminin adressée à Léon Richer, l'un des premiers hommes militants féministes, qualifié par Hubertine Auclert de « père du féminisme » puis considéré par Simone de Beauvoir comme son « véritable fondateur ».
Lettre autographe adressée à son ami Georges Raillard, 8 lignes au feutre noir.
Traces de pliures inhérentes à la mise sous pli.
"4 matin,
cher Georges. Tapies en rouge. On me dit que pour juillet les jeux étaient faits par l'équipe précédente... (?) Espérons pour le 1er janvier 2003... Yves."
Lettre autographe signée de René Clair, à en-tête de Pinewood studios à Iver en Angleterre, adressée à Carlo Rim, 26 lignes à l'encre noire, à propos de la naissance du fils de Carlo Rim pour laquelle René Clair ne semble pas être certain de l'avoir déjà félicité : "Avec honte, je découvre dans un dossier la carte par laquelle tu m'annonçais la naissance de ton fils. T'ai-je ou non envoyé des félicitations (dont la majeure partie s'adresse à Alice ?), je n'en sais rien. Au risque de me répéter, je t'écris "à nouveau" ave quelques mois de retard."
Afin de se rattraper quelque peu de son "oubli", René Clair manie l'humour : " Je suis né le 11 novembre. Ton fils le 14 juillet. Aux grands hommes les grandes dates. Je pourrai fonder en sa compagnie une société des gens bien-nés." et espère voir bientôt son ami Carlo Rim : "Tu tournes, me dit-on, à perdre haleine. Si tu peux t'arrêter une heure, quand je serai à Paris en décembre, j'espère que nous boirons à l'avenir de ta race."
Pliures centrales inhérentes à la mise sous pli.
Carlo Rim fut un écrivain provençal, auteur notamment de "Ma belle Marseille", un caricaturiste, un cinéaste : "Justin de Marseille", "L'armoire volante", "La maison Bonnadieu", et fut notamment l'ami de Fernandel, de Raimu et Marcel Pagnol mais aussi de Max Jacob et André Salmon qu'il rencontra à Sanary.
Touchante lettre autographe signée de Marcel Pagnol adressée depuis Monte Carlo à son grand ami Carlo Rim, 9 lignes à l'encre bleue, : "Petit Carlo, Où es-tu? Donne-moi ton adresse, car il faut que je t'écrive sérieusement à propos du droit d'auteur au cinéma. C'est urgent, et important pour tous. Je t'embrasse et aussi Alice, Marcel. Monte Carlo"
Pliures centrales inhérentes à la mise sous pli, Carlo Rim ayant inscrit une date au crayon de papier, probablement celle de la réception de la lettre. Il a également indiqué en dessous, toujours au crayon de papier : 27 mai ass.ger. SACD à Pleyel.
Carlo Rim fut un écrivain provençal, auteur notamment de "Ma belle Marseille", un caricaturiste, un cinéaste : "Justin de Marseille", "L'armoire volante", "La maison Bonnadieu", et fut notamment l'ami de Fernandel, de Raimu et Marcel Pagnol mais aussi de Max Jacob et André Salmon qu'il rencontra à Sanary.
Répétiteur de l'aspirant bachelier Jean Marius, futur Carlo Rim, le tout jeune licencié Marcel Pagnol préféra lui enseigner le bilboquet, raillant l'inutilité du baccalauréat.
Ce fut le début d'une amitié indéfectible entre les deux artistes dont la littérature, le théatre et les films contribuèrent à la célébrité du pays des cigales.
"Si quelque part au monde le coeur de la liberté continue à battre, s'il est un lieu d'où ses coups nous parviennent mieux frappés que de partout ailleurs, nous savons tous que ce lieu est l'Espagne."
"N'oublions pas que le monstre qui pour un temps nous tient encore à sa merci s'est fait les griffes en Espagne. C'est là qu'il a commencé à faire suinter ses poisons : le mensonge, la division, la démoralisation, la disparition, qui pour la première fois il a fait luire ses buissons de fusils au petit matin, à la tombée du soir ses chambres de torture. Les Hitler, les Mussolini, les Staline, ont eu là leur laboratoire de vivisection, leur école de travaux pratiques. Les fours crématoires, les mines de sel, les escaliers glissants de la N.K.V.D., l'extension à perte de vue du monde concentrationnaire ont été homologués à partir de là. C'est d'Espagne que part l'égouttement de sang indélébile témoignant d'une blessure qui peut être mortelle pour le monde. C'est en Espagne que pour la première fois aux yeux de tous, le droit de vivre libre a été frappé."
Manuscrit autographe complet d'Antoine de Saint-Exupéry. 9 pages sur 8 feuillets à l'encre noire. Traces de pli horizontaux et verticaux. Un petit manque au centre de deux feuillets.
Exceptionnel manuscrit inédit de Saint-Exupéry, à rapprocher de ses réflexions politico-économiques publiées dans les Carnets (1989, p. 43). Alors que les effets de la crise de 1929 se font ressentir en France, celui qu'on a surnommé "l'écrivain autodidacte", se passionne ici pour l'économie et apporte des hypothèses de réforme. A grands renforts de formules mathématiques et d'équations, il noircit de sa légendaire écriture des pages « Pour rendre les idées claires sur aujourd'hui » (feuillet 1), sur le fonctionnement économique de l'Etat et le marché du travail.
Ces lignes inédites témoignent de la grande curiosité intellectuelle de Saint-Exupéry, son insatiable besoin d'innovation dans tous les domaines du savoir : mécanique, technologique, politique, économique... Saint-Exupéry tente ici de réformer le système capitaliste dont il faisait la critique et qu'il personnifiera en la figure du businessman dans Le Petit Prince. Dans ce texte, il élabore des théories où l'Etat se fait unique employeur, banquier et gestionnaire de la production : « Si l'Etat paie tous les salaires y compris ceux des administrations et se considère comme propriétaire de tous les produits (rien à changer au système capitaliste en ce sens qu'il peut payer aux administrations des primes spéciales rentrant dans leurs salaires et fonction de la qualité ainsi que la quantité. Il débourse une somme X. Il vend (ayant taxé ses stocks de façon à ce qu'ils expriment Y) ». Sa réflexion fait suite aux conséquences du krach boursier qui avait eu raison de l'Aéropostale, colosse aux pieds d'argile où Saint-Exupéry avait déployé ses talents d'aviateur-écrivain. On se souvient également des sublimes lignes tirées de Terre des Hommes précisant l'opinion de l'écrivain sur la valeur du travail : « La grandeur d'un métier est peut-être, avant tout, d'unir des hommes: il n'est qu'un luxe véritable, et c'est celui des relations humaines ».
Soucieux d'une meilleure répartition des richesses, il forme au fil des pages une théorie à mi-chemin entre Keynes et Marx, sur le marché du travail et le régime des retraites. L'écrivain était bien au fait du labeur de l'ouvrier, lui qui passa de longues heures, penché sur la mécanique de ses carlingues. Il détaille ses vues sur les durées de travail « Soit en fin de compte 5 heures de travail par exemple pour produire - par homme - tout ce qui est nécessaire à l'homme. Avec un travail faible et il est possible d'alimenter les hommes de tout ce qui leur est - et peut avec l'augmentation du luxe - leur devenir nécessaire », et fait des calculs sur les épargnes, les retraites, le pouvoir d'achat. Ses réflexions autour du travail inondent ses chefs-d'œuvre littéraires ainsi que ses écrits personnels, aspirant à un monde meilleur et une communauté humaine plus égalitaire :
« À côté du poète le nez dans les étoiles (ce qu'il pouvait être parfois), de l'enfant piégé dans une grande carcasse d'homme qui regretta toujours le paradis perdu de sa jeunesse, de l'humaniste mystique de Citadelle, facettes d'un être infiniment complexe, Saint-Exupéry était aussi un homme de son temps, passionné par la modernité, en particulier technique, et qui essaya sans cesse de réfléchir à tous les problèmes qui se posaient à elle. D'où ces carnets, notes, feuillets épars innombrables qu'il noircissait sans relâche et transportait toujours dans ses poches et ses malles, et dont il aurait peut-être un jour fait un livre. » (Jean-Claude Perrier)
Rares pages d'une personnalité profondément humaniste, d'un homme aux dons multiples d'aviateur, de romancier, de combattant politique et penseur économique. Saint-Exupéry pose ici les fondations d'une société idéale, et tente de calculer les facteurs à l'origine d'un ordre social harmonieux.
Adélaïïïïïde lui dis-je
Je vous aime d'amour
Mon oeil timiiiiide
Vous doit son plus beau jour
Question vocabulaire, c'est pas brillant
Adélaïïïïïde
Faites-moi signe et j'accours !...
Elle est devant sa coiffeuse
Dans sa robe à falbalas
Les yeux pleins d'éclat
Et l'air si heureux
Premier bal...grand gala
Un bateau
Et de l'eau
Et du vent pour gonfler la grand'voile
Une amie
Près de moi
Sur les mers de saphir tout là-bas
Demandez à l'intérieur
C'que vous n'voyez pas en d'vanture
Venez tenter l'aventure
Nos produits sont les meilleurs
Une bonn'paire de claques dans la gueule
Un bon coup d'savate dans les fesses
Un marron sur les mandibules
Ca te f'ra une deuxième jeunesse
Cela fait bien longtemps que je te connaissais, mon coeur
Cela fait bien longtemps que je te connaissais
Et tu ne savais pas ce que c'est que d'aimer, mon coeur
Et tu ne savais pas ce que c'est que d'aimer
Le premier homme était mort
Le deuxième homme aussi
Mais le troisième, increvable
Jouait d'la cithare tout' la nuit
[...]
Et vive la cithare
Et son rythme bizarre
[...]
Il avait vingt-neuf cithares
Qu'il traînait derrière lui
Coiffé d'un bonne tartare
Comme Orson Welles en Russie
Si tu m'aimais
Si c'était vrai
Quelle surprise
Si tu voulais
Si tu venais
Quelle surprise
Si j'entendais
Dans l'escalier
Tes pas timides
Tes pas rapides
Qui se décident
Dans un quartier fréquenté par des gens argentés
Où le client ne boit que du whisky cent pour cent
Y'a un p'tit bar genre acajou ciré et le soir
Y'a un piano avec un pianiste