Bel exemplaire.
Manuscrit autographe signé du chorégraphe Maurice Béjart.
10 feuillets rédigés au stylo bleu. Foliotation autographe.
Épreuves manuscrites de Maurice Béjart pour son ouvrage Béjart-theâtre : A-6-Roc (Éditions Plume, 1992), à propos de sa pièce A-6-Roc créée la même année au théâtre de Vidy à Lausanne.
Après la fondation du « Béjart Ballet Lausanne » et son départ définitif de Belgique en 1987, Maurice Béjart poursuit sa mise en scène d'opéras, entreprend la réalisation de films et publie plusieurs livres (roman, souvenirs, journal intime...). Par ailleurs, il écrit et met en scène sa troisième pièce de théâtre A-6-Roc jouée à Lausanne en 1992, qu'il publie avec des commentaires dans un ouvrage intitulé Béjart-theâtre : A-6-Roc. La pièce met en scène sept personnages en quête d'un paradis perdu, et engage une profonde réflexion sur la mémoire et l'enfance du chorégraphe. Béjart tient le rôle principal et donne la réplique à Gil Roman, son danseur fétiche de la période lausannoise, qui lui succédera à la tête de sa troupe en 2007.
A-6-Roc fut probablement la pièce préférée de Béjart et sera la seule qu'il acceptera de publier. Largement inspirée du théâtre de Jean Anouilh et plus encore de celui d'Eugène Ionesco, elle emprunte également à son enfance dans le Sud de la France. Ce manuscrit, qui livre de précieuses indications de mise en scène et de décor, fut publié avec le texte original de la pièce en 1992. Le présent, le passé et le futur se rencontrent dans la pièce à travers trois personnages – une figure de patriarche que Béjart interprète lui-même, une autre incarnant la jeunesse joué par Gil Roman (« 6 doit avoir au moins le double d'âge de Mr A. Cette différence de génération crée leur tension et aussi leur complicité ») et un clown, appelé Roc, interprété par l'acteur Philippe Olza. On y décèle sans peine l'influence du théâtre de l'absurde tant dans les choix scéniques que la psychologie des personnages : « cette première séquence de la pièce, qui peut durer de 3 à 6 ou 7 minutes, n'est qu'un mouvement mécanique de corps [...] évoquant l'activité inutile et vaine des univers concentrationnaires ».
Le dramaturge Béjart n'en restera pas moins fidèle à l'idée « spectacle total » qui fit sa célébrité en tant que chorégraphe. La danse et le mouvement inondent la pièce – notamment dans le chœur théâtral (« quatre personnages devrais-je dire, car rien ne me déplaît plus que l'uniformité des pseudo-chœurs grecs et autres corps de ballet esthétisants ») et Béjart consacre les quatre derniers feuillets à la musique (« elle joue tout au long de la pièce comme les dauphins qui suivent un bateau ») allant de Nino Rota à la musique sirupeuse de Jackie Gleason. Au-delà du théâtre, Béjart désire créer avec A-6-Roc une œuvre d'art complète incluant tous les autres genres du spectacle, et démontre dans ce manuscrit son talent de de dramaturge et de metteur en scène.
Précieux manuscrit sur la dernière pièce de théâtre écrite, mise en scène et interprétée par Béjart. Il figure parmi les très rares documents du chorégraphe en mains privées, ses archives étant partagées entre sa maison bruxelloise, la fondation Béjart de Lausanne et le Théâtre Royal de la Monnaie.
Provenance : archives personnelles de Maurice Béjart.
Lettre dactylographiée et signée d'André Malraux à Maurice Béjart. Une feuille à en-tête du Ministre d'état chargé des Affaires Culturelles, portant un tampon du 29 janvier 1969.
André Malraux souhaite placer le chorégraphe Maurice Béjart à la tête du Ballet de l'Opéra de Paris.
Provenance : archives personnelles de Maurice Béjart.
Importante lettre autographe de René Magritte à André Bosmans, datée du 9 janvier 1965 et signée de ses initiales. 35 lignes à l'encre noire sur un feuillet à en-tête « René Magritte 97, rue des Mimosas, Bruxelles 3 Téléphone 15.07.30 ». Quelques mots biffés et des passages soulignés.
Publiée dans les Lettres à André Bosmans 1958-1967, Seghers I. Brachot, 1990, pp. 407-408
Lettre à la fois humoristique et d'une grande profondeur philosophique, dans laquelle le peintre surréaliste René Magritte aborde la question de l'imagination et de l'inspiration. On y trouve une fine analyse des enjeux de l'esthétique et de la pensée modernes, alors que le peintre cherche l'inspiration pour réaliser la couverture du prochain XXème siècle, journal d'avant-garde artistique et littéraire (numéro XXV, juin 1965).
Magritte adresse cette lettre à son grand ami André Bosmans, instituteur, poète et rédacteur en chef de Rhétorique, revue littéraire à laquelle Magritte contribua activement. Le peintre, alors en pleine maîtrise de son art, jouit d'une reconnaissance internationale depuis le début des années 1960. Son œuvre a déjà fait l'objet de nombreuses rétrospectives en France et en Belgique, et sera célébrée outre-Atlantique quelques mois plus tard au Museum of Modern Art de New York.
Sa lettre est partagée entre humour et réflexion psychologique. On retrouve l'habituel goût de Magritte pour l'ironie : « Voici en retour l'extrait du journal La Meuse. Le sérieux des conseils aux femmes enceintes devient cocasse lorsqu'il accompagne cette reproduction d'une gouache faite il y a trente ans environ. Il s'agit sans doute “d'humour” pour les gens sérieux ? ». Un quotidien liégeois avait en effet emprunté pour un de ses articles une gouache surréaliste de Magritte, intitulée Maternité, où la mère était représentée avec un visage de bébé et le bébé avec un visage de femme.
Après cet aparté, Magritte entretient Bosmans d'un projet de tableau destiné à une revue : « Je ne sais pas encore ce que je peindrai pour la couverture du prochain XXème siècle ». La revue d'art Le XXème siècle avait été fondée en 1938 par un journaliste italien correspondant à Paris, Gualtieri di San Lazzaro, et paraissait sous la forme d'un cahier annuel sur les tendances de l'art moderne, agrémenté de lithographies et d'œuvres originales. Magritte y figure aux côtés de Giorgio de Chirico, son idole, mais aussi Kandinsky, Jean Arp, et Joan Miro, ainsi que de nombreux autres artistes pionniers ou héritiers du surréalisme. Chaque numéro était consacré à un sujet d'actualité différent, avec des interventions de critiques, d'artistes et d'écrivains.
Magritte dissèque pour Bosmans le titre du prochain numéro (« Aux sources de l'imaginaire »), qui selon lui, symbolise toute une époque devenue esclave de l'inconscient depuis la révolution surréaliste : « L'imaginaire » remplace peut-être actuellement « l'Idéal » d'un temps passé. Au lieu d'un musée idéal, c'est à présent musée imaginaire. L'expression propre serait je crois : recensement ou catalogue du musée parfait. » Reprenant le célèbre paradigme d'André Malraux, le « musée imaginaire », Magritte souligne le passage du romantisme au surréalisme : ce remplacement de la poursuite d'un idéal par l'ouverture sur le rêve et le fortuit. Il fait également la critique de l'expression ampoulée du XXème siècle : « C'est l'imaginaire médiocre qui est responsable (la source, pour parler au figuré comme le XXème siècle) de ce qui n'a de valeur qu'imaginaire. » Car chez Magritte, il existe une distinction fondamentale entre imaginaire et imagination, entre rêverie et création. Pour cet artiste profondément sensible aux paradoxes de la réalité et au rôle du mystère dans la vie et dans l'art, l'imagination n'est rien sans être créative. Ses toiles empruntes de « réalisme halluciné » démontrent cette conviction, comme son célèbre Homme au chapeau melon (collection particulière, 1964), ou encore sa série de l'Empire des lumières (musée Solomon R. Guggenheim et MoMA de New York, Collection Peggy Guggenheim à Venise, Musées royaux des beaux-arts de Belgique, 1953-1954).
Le peintre nous offre sa propre définition cryptique et fascinante de l'imaginaire : « L'imagination qui a le pouvoir, afin de ne pas la confondre avec l'imagination stérile devrait s'appeler : l'inspiration, lorsque la poésie est en question. Elle n'a pas à être géniale, ni extraordinaire. L'imagination limitée à l'invention d'une machine, à la solution d'un problème (Euréka) est géniale. ». On remarque dans cette phrase que la poésie se place en tête de la hiérarchie des genres selon Magritte, qui chercha toute sa vie à provoquer chez le spectateur un « état poétique » et inséra même le langage dans ses compositions (L'Apparition, 1928, Staatsgalerie de Stuttgart, La trahison des images, 1929, musée d'art moderne de Bruxelles). Il achève sa lettre sur une conclusion des plus étranges – sa propre nomenclature des imaginaires : « Je distingue donc : / Imagination géniale / Imagination médiocre / Et inspiration »
Fascinante lettre de Magritte qui mêle l'ironie et la conviction, la philosophie et la fantaisie, à l'aube de la création d'une nouvelle œuvre.
Edition originale pour laquelle il n'est pas fait mention de grands papiers, justification manuscrite de l'auteur qui a numéroté notre exemplaire.
Reliure à la bradel en demi maroquin rouge cerise à coins, dos à cinq nerfs orné d'un monogramme doré, petites traces de cire noire sur le dos, plats de papier marbré, gardes et contreplats de papier à la cuve, un léger accroc sans gravité sur une coupe, tête dorée, élégante reliure signée de Canape-Belz.
Envoi autographe signé de Max Radiguet à Gabriel du Tillet.
Rare et bel exemplaire agréablement établi dans une charmante reliure signée de Canape-Belz.