Dos insolé.
Envoi autographe signé de Paul Neuhuys à Francis Gérard sur la première garde partiellement ombrée en raison de la présence de deux petits extraits de journaux.
Nouvelles éditions de l'imprimerie de Plantin au format "voyage" de ces 3 ouvrages. Exemplaire entièrement réglé à l'encre rouge.
Exemplaire aux armes de Nicolas de Villars, conseiller-clerc au parlement de Paris et trésorier de la Sainte-Chapelle, évêque d'Agen.
Reliure en plein maroquin brun souple à la fanfare au rare décor de type Duodo, dos lisse richement orné de six médaillons contenant chacun une fleur, frise d'encadrement de feuillage, plats intégralement décorés de 24 médaillons certains emblématiques : soleil, coeur, gland, bouquet ou botte de blé, armes frappées au centre, tranches dorées. Discrètes et fines restaurations aux mors, coins et coiffes. Bordure supérieure et inférieure avec cuir entamé sur 0,5cm. Lacets absents. En haut du dos, trou de la taille d'une épingle. A partir du premier feuillet de titre, un trou de vers en marge basse, deux suivant le feuillet de titre des Fables d'Esope jusque les derniers feuillets, allant s'estompant.
Magnifique exemplaire d'une insigne rareté.
Le singulier décor de ce type de livre, qui traduit l'un des sommets de l'art de la reliure, appelé aujourd'hui du nom de Duodo, est généralement attribué à l'atelier parisien de Clovis et Nicolas Eve.
Pierre Duodo, ambassadeur de Venise à Paris de 1594 à 1597, fit relier uniformément environ 150 petits volumes destinés à une bibliothèque portative (seulement une partie a été retrouvée), probablement à la fin de son séjour. Sans doute, ne profita-t-il jamais de ces petites merveilles qui tombèrent dans l'oubli durant près de deux cents ans. A leur apparition sur le marché anglais, à la fin du XVIIIe siècle, elles furent faussement attribuées à Marguerite de Valois et ce jusque dans les années 1920. Si Duodo laissa son nom à ce type d'ornementation, un autre grand collectionneur fit exécuter plusieurs reliures au même décor : Nicolas de Villars, évêque d'Agen. Les reliures de Pierre Duodo sont aujourd'hui bien identifiées, il n'en est pas de même de celles de Nicolas de Villars, bien plus rares sur le marché.
Si le dos est très semblable aux reliures de Duodo, avec fleurs et feuillage d'encadrement (dans un ensemble cependant plus fin et multiplié) les plats présentent 24 médaillons contre seulement 14 pour les reliures de Duodo ; les fers utilisés ne sont plus simplement des fleurs mais sont très diversifiés avec des emblèmes comme le soleil, le coeur...
L'édition originale a été éditée en 1578 à Genève. Brunet II, 1076 : 'Cet ouvrage piquant a été édité à Genève, en 1578, et non à Paris ; selon plusieurs bibliographes. L'auteur y a prodigué son immense érudition, mais en même temps s'y est permis certaines plaisanteries un peu hardies, qui lui attirèrent une verte semonse du conseil de Genève, par suite de laquelle il jugea prudent de s'absenter... Il en existe deux autres d'Anvers, 1579 et 1583, in 16, qui ne sont guère moins rares que la première, et dont le prix est assez élevé.'
Reliure en plein veau milieu XIXe. Dos à nerfs orné, dans le goût d'une reliure du XVIIe. Frottements. Manque le coin bas droit du feuillet 97 avec perte de quelques lettres au dernier mot.
Dialogues satiriques, raillant les comportements de cour, les modes vestimentaires et de langages (la mode de prononcer à l'italienne les mots français par exemple, ou les conventions de langage sur les titres). Henri Estienne s'y cache sous le nom de Jean Franchet. La drôlerie et la moquerie sont souvent poussées fort loin, et l'ensemble se lit avec la plus grande délectation. Les deux dialogues sont précédés de poésies adressées aux courtisans non moins drôles et satiriques.
Seconde édition en latin sous le titre Epitome, elle est illustrée de 109 cartes : 1 mappemonde, 4 cartes des continents, 7 de l'Asie, 4 de l'Afrique et 93 de l'Europe.
Chaque carte présente, en regard, un texte traitant de l'histoire, des données topographiques et d'anecdotes propres à la région du monde évoquée. Une table alphabétique des cartes se trouve en fin de volume. Notre édition comporte également une préface du graveur et détenteur du privilège Philippe Galle (1537-1612), suivie d'une gravure allégorique mettant en scène la Prudence, la Vérité et l'Omnipotence de Dieu et d'un Discours de la mer par Ortelius.
Reliure de l'époque en plein parchemin souple, dos lisse muet, restes de lacets. Titre à la plume sur la tranche inférieure.
Ex-libris à la plume sur la page de titre et le premier feuillet de texte. Un texte à la plume concernant Calvin, Théodore de Bèze et Ulrich Zwingli au dos du dernier feuillet et sur l'une des dernières gardes.
Exemplaire très frais.
Une infime rousseur en marge basse de la carte n°14. Un infime travail de ver aux feuillets 10 et 11, sans atteinte aux cartes. Une coupure sans manque ni gravité au niveau de la gouttière droite de la carte n°94.
D'abord enlumineur, libraire et vendeur de cartes, Abraham Ortelius (1527-1598), fort de ses connaissances de collectionneur, décida d'entreprendre une carrière de cartographe. Il fut très marqué par sa rencontre en 1554 avec Gérard Mercator (1512-1594), dont il deviendra si proche que ce dernier, préparant lui aussi son célèbre atlas, repoussera sa publication afin de ne pas porter préjudice à son ami dont il estimait grandement les travaux. C'est ainsi que le 20 mai 1570 parut une première version latine de l'ouvrage, imprimée aux frais de l'auteur, chez Gilles Coppens à Anvers.
Le prix de vente de l'atlas était élevé : 30 florins au moment de sa parution ; Max Rooses (1839-1914), conservateur du musée Plantin-Moretus, raconte d'ailleurs que l'atlas d'Ortelius était le livre le plus cher du XVIème siècle. Cependant, ce recueil, ayant demandé plusieurs années d'un travail rigoureux et intense, connut immédiatement un grand succès et devint une référence cartographique près de dix ans avant la parution de l'atlas de Mercator.
Les cartes géographiques circulaient jusqu'alors de manière isolée ou réunies dans des compilations aléatoires et factices. Ortelius fut donc le premier à proposer un ensemble cohérent de cartes aux formats, aux échelles et à l'esthétique uniformes, c'est-à-dire scientifiquement fiables, donnant ainsi naissance au premier atlas encyclopédique moderne. Le format volontairement réduit du recueil permettait une manipulation facile et pratique, utile au scientifique comme à l'amateur : « L'ensemble était conçu pour satisfaire les deux principaux types de lecteurs : l'amateur cultivé et l'homme de métier attentif à la fonctionnalité de la carte. L'espace était géré avec économie pour répondre au pragmatisme du second, tandis que les goûts du premier étaient flattés par une typographie raffinée, par un recours au langage symbolique de l'emblème et par des notices érudites sur l'histoire de lieux et de peuples. Le Theatrum orbis terrarum était donc un livre à la construction rigoureuse qui proposait à tous ses lecteurs la meilleurs façon positive de voir représenté le monde alors connu» (Erika Giuliani, 5 - Mettre en collection des « vues de villes » à la fin de la Renaissance : les Civitates orbis terrarum (1572-1617), in Isabelle Pantin et al., Mise en forme des savoirs à la Renaissance, Armand Colin « Recherches », 2013, p. 103-126).
Erika Giuliani souligne également que cette entreprise fut couronnée de succès car elle rassemblait les meilleurs artisans de l'époque : « Le fait d'être non seulement un enlumineur et un marchand de cartes, mais aussi un collectionneur, ami de Mercator, et membre du cercle de Plantin, lui avait permis de choisir les meilleurs exemplaires, pour constituer ce qui deviendrait un modèle éditorial et un ouvrage de référence inégalé : Ortelius recommandait aux érudits d'avoir le Theatrum dans leur bibliothèque et de le consulter quand ils lisaient la Bible ou des livres d'histoire. » (op. cit.)
Le fait qu'Ortelius fasse appel au talent de l'éditeur Plantin pour publier la version française de son ouvrage n'a rien d'étonnant : ce dernier fut l'une des figures emblématiques de l'essor du livre scientifique illustré à la Renaissance. C'est à ce moment même que les géographes redécouvrirent le travail de Claude Ptolémée (90-168) et mirent la cartographie, non plus au service de la science, mais à celui des conquêtes (recherche et création de nouvelles routes maritimes, perfectionnement des navires...). On assista alors à une totale réévaluation de la conception médiévale du monde, basée sur des mesures astronomiques et terrestres plus précises.
L'atlas d'Ortelius s'inscrit justement dans cette démarche topographique renaissante, respectant toujours le même ordre rigoureux et immuable de la géographie de Claude Ptolémée : Angleterre, Espagne, France, Allemagne, Suisse, Italie, Grèce, Europe centrale et orientale jusqu'à la Russie, Asie et Afrique. Il fallut attendre 1507 et les travaux de Martin Waldseemüller (1470-1520) pour que la carte de l'Amérique voit le jour ; il sera notamment le premier à donner une représentation de l'océan atlantique en entier et ainsi à prolonger considérablement les travaux de Ptolémée. La représentation de Waldseemüller n'était cependant que partielle et se limitait à la côte sud-ouest du continent. Bien plus précise et étendue, la carte d'Ortelius s'inspire de celle de Diego Gutiérrez parue en 1562 et en propose une vision beaucoup plus large, notamment de l'Amérique du Nord. Sur la carte d'Ortelius apparaît entre autres la Nouvelle-France, découverte en 1523 par Giovanni da Verrazzano (1485-1528) qui, missionné par François Ier, fut chargé d'explorer la zone entre la Floride et Terre-Neuve afin de découvrir un accès à l'océan pacifique. L'échelle d'Ortelius est correcte pour certains territoires et surdimensionnée pour d'autres (Terre de Feu, Nouvelle-Guinée, Mexique ainsi que l'Australie et le continent antarctique qui ne font qu'un seul bloc appelé terra australis nondum cognita) qui avaient pourtant, pour la plupart, été atteints depuis les années 1520. Concernant l'Amérique du Nord, sa forme se rapproche grandement de celle que nous lui connaissons aujourd'hui. La toponymie n'étant quasiment pas encore christianisée, elle laisse apparaître de nombreuses appellations amérindiennes (Culia, Tiguex et Tecoantepec...). Le cartographe est aussi le premier à représenter la Basse-Californie comme une péninsule, la côte nord-ouest de l'Amérique étant seulement esquissée au-delà de la Californie. On remarquera en outre que les légendes se focalisent sur les rivières et les littoraux, montrant la méconnaissance des terres intérieures encore inexplorées. On notera également la présence de légendes quelque peu surprenantes, notamment en Patagonie : « Patagonum regio ubi incole sunt gigantes » (soit Région de la Patagonie où les habitants sont géants). D'autres indications du même type précisent les conditions de découverte de certaines terres, le nom d'explorateurs fameux, etc. Dans la zone de l'extrême Nord-américain, l'auteur indique « Ulterius septentrionem versus hec regiones incognite adhuc sunt », c'est-à-dire « Plus au Nord ces régions sont encore inconnues ». Cette indication peut laisser penser qu'Ortelius est prudent et soucieux de n'indiquer sur ses cartes que des lieux explorés. Cependant, on distingue la présence des villes de Quivira et Cibola, deux des mythiques Cités d'Or, placées en Californie d'après le récit du navigateur Francisco Vásquez de Coronado (1510-1554) qui partit à leur recherche en 1541.
L'ouvrage d'Ortelius, emblématique de la Renaissance, est toutefois encore empreint de la tradition folklorique médiévale. Il mêle à la rigueur scientifique des tracés cartographiques, des légendes et des descriptions inspirées de témoignages et récits de voyages parfois mêlés de fantasmes.
Première édition complète des 94 cartes. Il s'agit de la troisième édition en français, en partie originale car revue, corrigée et augmentée de onze cartes.
D'abord publié en latin en 1570 à Anvers (deux éditions la même année sous le titre Theatrus orbis terrarum), puis en hollandais en 1577, le texte fut traduit en français à partir de 1579. Cette première édition en français, parue sous le titre du Miroir du monde, ne comportait que 72 cartes. Elle fut ensuite rééditée en 1583 avec 83 cartes. Ce n'est qu'en 1588 que paraîtra la version définitive complète de ses 94 cartes et désormais intitulée Epitome du theatre du monde.
Chaque carte présente, en regard, un texte traitant de l'histoire, des données topographiques et d'anecdotes propres à la région du monde évoquée. Une table alphabétique des cartes se trouve en fin de volume. Notre édition comporte également une préface du graveur et détenteur du privilège Philippe Galle (1537-1612), suivie d'une gravure allégorique mettant en scène la Prudence, la Vérité et l'Omnipotence de Dieu et d'un Discours de la mer par Ortelius.
Reliure du XVIIIème siècle en pleine basane fauve marbrée, dos à trois nerfs orné de caissons, filets et fleurons dorés ainsi que d'une pièce de titre de maroquin havane, toutes tranches rouges. Coiffes, coins et un caisson de tête restaurés avec reprise de dorure. Une petite brûlure affectant quelques lettres du texte consacré à l'Égypte.
Ex-libris à la plume sur la page de titre. Quelques annotations manuscrites de l'époque en marge. Exemplaire très frais.
D'abord enlumineur, libraire et vendeur de cartes, Abraham Ortelius (1527-1598), fort de ses connaissances de collectionneur, décida d'entreprendre une carrière de cartographe. Il fut très marqué par sa rencontre en 1554 avec Gérard Mercator (1512-1594), dont il deviendra si proche que ce dernier, préparant lui aussi son célèbre atlas, repoussera sa publication afin de ne pas porter préjudice à son ami dont il estimait grandement les travaux. C'est ainsi que le 20 mai 1570 parut une première version latine de l'ouvrage, imprimée aux frais de l'auteur, chez Gilles Coppens à Anvers.
Le prix de vente de l'atlas était élevé : 30 florins au moment de sa parution ; Max Rooses (1839-1914), conservateur du musée Plantin-Moretus, raconte d'ailleurs que l'atlas d'Ortelius était le livre le plus cher du XVIème siècle. Cependant, ce recueil, ayant demandé plusieurs années d'un travail rigoureux et intense, connut immédiatement un grand succès et devint une référence cartographique près de dix ans avant la parution de l'atlas de Mercator.
Les cartes géographiques circulaient jusqu'alors de manière isolée ou réunies dans des compilations aléatoires et factices. Ortelius fut donc le premier à proposer un ensemble cohérent de cartes aux formats, aux échelles et à l'esthétique uniformes, c'est-à-dire scientifiquement fiables, donnant ainsi naissance au premier atlas encyclopédique moderne. Le format volontairement réduit du recueil permettait une manipulation facile et pratique, utile au scientifique comme à l'amateur : « L'ensemble était conçu pour satisfaire les deux principaux types de lecteurs : l'amateur cultivé et l'homme de métier attentif à la fonctionnalité de la carte. L'espace était géré avec économie pour répondre au pragmatisme du second, tandis que les goûts du premier étaient flattés par une typographie raffinée, par un recours au langage symbolique de l'emblème et par des notices érudites sur l'histoire de lieux et de peuples. Le Theatrum orbis terrarum était donc un livre à la construction rigoureuse qui proposait à tous ses lecteurs la meilleurs façon positive de voir représenté le monde alors connu » (Erika Giuliani, 5 - Mettre en collection des « vues de villes » à la fin de la Renaissance : les Civitates orbis terrarum (1572-1617), in Isabelle Pantin et al., Mise en forme des savoirs à la Renaissance, Armand Colin « Recherches », 2013, pp. 103-126).
Erika Giuliani souligne également que cette entreprise fut couronnée de succès car elle rassemblait les meilleurs artisans de l'époque : « Le fait d'être non seulement un enlumineur et un marchand de cartes, mais aussi un collectionneur, ami de Mercator, et membre du cercle de Plantin, lui avait permis de choisir les meilleurs exemplaires, pour constituer ce qui deviendrait un modèle éditorial et un ouvrage de référence inégalé : Ortelius recommandait aux érudits d'avoir le Theatrum dans leur bibliothèque et de le consulter quand ils lisaient la Bible ou des livres d'histoire. » (op. cit.)
Le fait qu'Ortelius fasse appel au talent de l'éditeur Plantin pour publier la version française de son ouvrage n'a rien d'étonnant : ce dernier fut l'une des figures emblématiques de l'essor du livre scientifique illustré à la Renaissance. C'est à ce moment même que les géographes redécouvrirent le travail de Claude Ptolémée (90-168) et mirent la cartographie, non plus au service de la science, mais à celui des conquêtes (recherche et création de nouvelles routes maritimes, perfectionnement des navires...). On assista alors à une totale réévaluation de la conception médiévale du monde, basée sur des mesures astronomiques et terrestres plus précises.
L'atlas d'Ortelius s'inscrit justement dans cette démarche topographique renaissante, respectant toujours le même ordre rigoureux et immuable de la géographie de Claude Ptolémée : Angleterre, Espagne, France, Allemagne, Suisse, Italie, Grèce, Europe centrale et orientale jusqu'à la Russie, Asie et Afrique. Il fallut attendre 1507 et les travaux de Martin Waldseemüller (1470-1520) pour que la carte de l'Amérique voit le jour ; il sera notamment le premier à donner une représentation de l'océan atlantique en entier et ainsi à prolonger considérablement les travaux de Ptolémée. La représentation de Waldseemüller n'était cependant que partielle et se limitait à la côte sud-ouest du continent. Bien plus précise et étendue, la carte d'Ortelius s'inspire de celle de Diego Gutiérrez parue en 1562 et en propose une vision beaucoup plus large, notamment de l'Amérique du Nord. Sur la carte d'Ortelius apparaît entre autres la Nouvelle-France, découverte en 1523 par Giovanni da Verrazzano (1485-1528) qui, missionné par François Ier, fut chargé d'explorer la zone entre la Floride et Terre-Neuve afin de découvrir un accès à l'océan pacifique. L'échelle d'Ortelius est correcte pour certains territoires et surdimensionnée pour d'autres (Terre de Feu, Nouvelle-Guinée, Mexique ainsi que l'Australie et le continent antarctique qui ne font qu'un seul bloc appelé terra australis nondum cognita) qui avaient pourtant, pour la plupart, été atteints depuis les années 1520. Concernant l'Amérique du Nord, sa forme se rapproche grandement de celle que nous lui connaissons aujourd'hui. La toponymie n'étant quasiment pas encore christianisée, elle laisse apparaître de nombreuses appellations amérindiennes (Culia, Tiguex et Tecoantepec...). Le cartographe est aussi le premier à représenter la Basse-Californie comme une péninsule, la côte nord-ouest de l'Amérique étant seulement esquissée au-delà de la Californie. On remarquera en outre que les légendes se focalisent sur les rivières et les littoraux, montrant la méconnaissance des terres intérieures encore inexplorées. On notera également la présence de légendes quelque peu surprenantes, notamment en Patagonie : « Patagonum regio ubi incole sunt gigantes » (soit Région de la Patagonie où les habitants sont géants). D'autres indications du même type précisent les conditions de découverte de certaines terres, le nom d'explorateurs fameux, etc. Dans la zone de l'extrême Nord-américain, l'auteur indique « Ulterius septentrionem versus hec regiones incognite adhuc sunt », c'est-à-dire « Plus au Nord ces régions sont encore inconnues ». Cette indication peut laisser penser qu'Ortelius est prudent et soucieux de n'indiquer sur ses cartes que des lieux explorés. Cependant, on distingue la présence des villes de Quivira et Cibola, deux des mythiques Cités d'Or, placées en Californie d'après le récit du navigateur Francisco Vásquez de Coronado (1510-1554) qui partit à leur recherche en 1541.
L'ouvrage d'Ortelius, emblématique de la Renaissance, est toutefois encore empreint de la tradition folklorique médiévale. Il mêle à la rigueur scientifique des tracés cartographiques, des légendes et des descriptions inspirées de témoignages et récits de voyages parfois mêlés de fantasmes.