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Léon Bollack - La langue française en l'an 2003

Lire La langue française en 2003 [Aux bureaux de La Revue, Paris 1903]
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"A moins de supposer que la civilisation ne s'arrête subitement, nul ne peut affirmer que notre langue ne subira pas d'autres transformations".

Pour prédire ces transformations, Léon Bollack propose en 1903 dans La langue française en l'an 2003 plus qu'une "astrologie linguistique", une étude approfondie des "forces qui vont influer sur la constitution future de la langue française" et leur "résultante probable".

David Hornsby et Mari C. Jones, chercheurs en linguistique, écrivent en 2006 une analyse de cet article.

Selon eux, " alors que beaucoup de ses prétentions sont sans doute naïves, Bollack s'avère souvent un observateur perspicace du français parlé, qui sous-estime seulement quelque peu la résistance au changement de la langue écrite. En outre, il parvient à identifier les thèmes qui domineront le développement linguistique, et énonce les principes du changement, ce qui pourrait influencer les commentateurs  du XXe siècle. Cependant, l'article de Bollack doit également être considéré dans le contexte de ses ambitions pour Bolak, sa propre langue inventée. " (in Language Problems and Language Planning, Volume 30, Issue 3, 2006)

Léon Bollack prévoit - et appelle peut-être même de ses voeux - un appauvrissement de la langue dû à la tentation de la paresse :
"La loi du moindre effort gouverne toutes les actions humaines. Aussi, malgré les vains regrets de la gent littéraire, allons-nous voir bientôt la langue française prendre un nouvel essor vers plus de clarté et de concision"
Il prône la modernisation et la simplification du langage, et déclare que "le peuple est le véritable créateur du langage". D'après lui, l'influence du langage parlé amènera la langue écrite à se conformer à la prononciation populaire.

Le sujet est d'actualité aujourd'hui, à une époque où les défenseurs d'une langue française traditionnelle et préservée se heurtent à la communication rapide des nouvelles technologies et à l'"invasion" des langues étrangères : "d'autres appellations populaires seront choisies pour emplacer les vocables longs d'une aune, que les scientistes veulent nous imposer. Les Anglo-saxons, gens pratiques, ne disent pas "télégraphe" mais "cable" ; les Américains, encore plus sensés, appellent fone [sic] le téléphone".
De nombreux mots étrangers deviendront français : fleurte, snob, boucmacaire, choiquingue, record, stoper[...] et tous autres termes dont l'équivalent n'existe pas dans notre langue". 

Et à l'heure où la discussion fait rage à l'Académie et dans les médias au sujet des genres dans le langage, il est intéressant de constater que Bollack prédit en son temps qu'"à l'avenir, l'article devra suffire à lui seul pour indiquer le genre et peut-être le nombre. On dira "le loutre" et "la loutre" suivant le sexe, au lieu de "la loutre mâle""...

Et de conclure, avec une grande modernité : "Et nous nierions l'influence de l'amélioration d'une propagande du français par le bienfaisant principe d'une facilité d'assimilation plus grande offerte à un plus grand nombre de clients étrangers !"

Léon Bollack est un commerçant parisien qui publia plusieurs ouvrages consacrés au Bolak, la "langue internationale" qu'il avait inventée. Il en expose les détails notamment dans sa Grammaire abrégée de la langue bleue – Bolak – langue internationale pratique (Éditions de la langue bleue, Paris, 1900) et Résumé théorique de la Langue bleue : bolak, langue internationale pratique, probablement édités à ses propres frais.

Voir aussi une naïve publicité pour cette langue :


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