Librairie Le Feu Follet - Paris - +33 (0)1 56 08 08 85 - Nous contacter - 31 Rue Henri Barbusse, 75005 Paris

Livres anciens - Bibliophilie - Œuvres d'art


Vente - Expertise - Achat
Les Partenaires du feu follet Ilab : International League of Antiquarian Booksellers SLAM : Syndicat national de la Librairie Ancienne et Moderne






   Edition originale
   Autographe
   Idée cadeaux
+ de critères

Rechercher parmi 31352 livres rares :
éditions originales, livres anciens de l'incunable au XVIIIè, livres modernes

Recherche avancée
Inscription

Recevoir notre catalogue

Rubriques

Les Enquetes
Catalogues
La Lettre du Feu Follet
Echos
Portfolio
Termes et concepts de la bibliophilie
Focus
Contributions
L'enigme
A la librairie
Evenements
Editorial
Essais bibliographiques
Illustrateurs Gazette du Bon Ton

Focus

Focus sur la première édition de
L’Espèce humaine.

Robert Antelme - L'Espèce humaineRobert Antelme - L'Espèce humaine
"La variété des rapports entre les hommes, leur couleur, leurs coutumes, leur formation en classes masquent une vérité qui apparaît ici éclatante, au bord de la nature, à l'approche de nos limites :Il n'y a pas des espèces humaines, il y a une espèce humaine. C'est parce que nous sommes des hommes comme eux que les SS seront en définitive impuissants devant nous."

Ce témoignage de Robert Antelme, résistant déporté à Buchenwald puis à Dachau et libéré grâce à l’intervention de François Mitterrand, n’eut pas immédiatement le retentissement qu’on lui connaît aujourd’hui.

Cet ouvrage fondamental sur l'expérience des Camps ne fut en effet découvert qu’en 1957 lors de sa réédition chez Gallimard. Il eut alors un retentissement plus important et exerça surtout une influence considérable sur la manière de penser l’humain après les camps. Ainsi pour Maurice Blanchot qui lui consacre un article dans la Nouvelle Revue Française, intitulé « L’indestructible » (repris dans entretien infini), l’ouvrage d’Antelme, plus qu’un témoignage, nous montre l’humanité réduite à l’irréductible : « Dans le malheur, nous nous approchons de cette limite où, privés du pouvoir de dire "Je", privés aussi du monde, nous ne serions plus que cet autre que nous ne sommes pas. ». Il met en exergue « l'égoïsme sans ego » de "ces hommes acharnés à survivre, attachés à la vie mais comme de manière impersonnelle, ne trouvant refuge que dans le sentiment d'appartenance à l'espèce, un sentiment que rien ne peut annuler".

Rédigé peu de temps après la libération de Robert Antelme, L’Espèce humaine connut une première édition discrète dès 1947.
Il est en effet la troisième et ultime publication de l’éphémère maison d'édition, la Cité Humaine, fondée en 1946 par Antelme et son épouse Marguerite Donnadieu-Antelme, future Marguerite Duras.

Après cette publication confidentielle, la maison d’édition fit faillite et Robert Marin récupéra le stock d’invendus pour le remettre en vente sous de nouvelles couvertures. L’Espèce humaine devint alors le premier titre de la collection La Cité Universelle chez Robert Marin.
Cependant cette seconde parution n’eut pas plus d’écho que la première car en 1947 l’ouvrage d'Antelme souffre de la concurrence des nombreux écrits sur le sujet parus immédiatement après-guerre. Pourtant, comme le relate F. Lebelley : " à une époque où les récits abondent, la puissance particulière de ce livre-là, d'une sobriété première, bouleverse tel un texte fondateur. Livre d'écrivain aussi qui a pris, reconnaît Duras, "le large de la littérature". Robert Antelme n'en écrira jamais d'autre. Malgré les éloges et les honneurs, L'Espèce humaine restera l'oeuvre unique d'une vie." (in Duras, ou le poids d'une plume.)

Grâce à l’intervention d’Albert Camus, le livre reparaît dix ans plus tard, en 1957 chez Gallimard et connaît alors une diffusion plus large.

Dès lors, ce livre s'inscrit dans l'histoire littéraire comme un des plus importants écrits affrontant la douloureuse mais nécessaire réflexion sur les camps de concentration et la condition humaine. C'est à sa suite que des écrivains tels que son ami Jorge Semprun pourront commencer une nouvelle approche de l'impossible écriture des camps.

Dans son avant-propos, Antelme annonçait déjà en 1947, ce qui deviendrait une question majeure de cette littérature :
« nous revenions juste, nous ramenions avec nous notre mémoire, notre expérience toute vivante et nous éprouvions un désir frénétique de la dire telle quelle. Et, dès les premiers jours cependant, il nous paraissait impossible de combler la distance que nous découvrions entre le langage dont nous disposions et cette expérience [...] Comment nous résigner à ne pas tenter d’expliquer comment nous en étions venus là ? Nous y étions encore. Et cependant c’était impossible. A peine commencions-nous à raconter, que nous suffoquions. A nous-mêmes, ce que nous avions à dire commençait alors à nous paraître inimaginable. »


En lien :

Ecrire et philosopher après Auschwitz : Blanchot lecteur de Antelme
Bibliographie lacunaire des éditions La Cité universelle
Article Robert Antelme In Larousse.fr
Un exemplaire de l'édition originale
Un autre exemplaire dédicacé
Laisser un commentaire