Edition originale, un des 525 exemplaires numérotés sur pur fil du Marais, le nôtre un des 25 hors commerce.
Reliure en demi maroquin noir, dos à cinq nerfs, date dorée en queue, filet doré sur les plats de papier à décor, couvertures et dos conservés, tête dorée, reliure signée de Goy & Vilaine.
Bel envoi autographe signé de Jean Cocteau au chanteur de charme Francis Robert Halma dit Max Trébor, : "A mon très cher Marc Trébor qui chante comme écrivait Baudelaire et qui m'émeut toujours. Bien que très coupé le disque vaut mieux que le livre. Demandez-le chez Columbia" enrichi d'un beau dessin à l'encre noire repésentant un jeune homme de profil et rehaussé légèrement au crayon bleu.
Le disque auquel Cocteau fait référence est l'enregistrement de la Voix Humaine par Simone Signoret, qui accepta ce défi, à condition d'être enregistré dans les conditions du personnage. C'est donc dans son appartement et sa propre chambre qu'elle empoigna son téléphone pour jouer cette terrible rupture. Le micro était lui installé dans la cuisine. La première prise fut la bonne, mais Signoret fut tellement affectée par cette expérience qu'elle refusa longtemps de donner son accord pour la diffusion de "ce déballage intime". Il fallut l'intervention de son ami Yves Montand, ébahi par cette performance, pour la convaincre. Simone Signoret recevra le Grand Prix de l'Académie du Disque pour son interprétation de La voix humaine.
Très bel exemplaire parfaitement établi.
Lors de la première représentation, en 1930, L'Echo de Paris, prophétisait déjà : « Les meilleures comédiennes du monde voudront interpréter La voix humaine. »
Se succédèrent en effet sur scène et à l'écran, Berthe Bovy, Anna Magnani, Simone Signoret, Ingrid Bergman, Sophia Loren, Ornella Muti, Tilda Swinton... et les artistes lyriques Denise Duval et Felicity Lott, tandis que les plus grands réalisateurs et compositeurs relevaient les défis de mise en scène de cette œuvre atypique. Parmi eux, Roberto Rossellini, Francis Poulenc ou Pedro Almodovar qui doit à la pièce de Cocteau son plus beau film : Mujeres al borde de un ataque de nervios.
Dialogue à une voix, cette variation sur l'attente, le désir et la douleur d'une femme subissant une rupture téléphonique, confronte la comédienne au silence assourdissant du combiné téléphonique. La tragédie qui se joue n'offre au spectateur qu'une victime subissant les assauts inaudibles d'un tortionnaire invisible. La voix humaine est tout à la fois celle, décomposée, de cette femme, tour à tour forte, fragile, fière et anéantie et cette autre, absente, mais qui frappe l'imagination du spectateur par ce que Cocteau nomme : « l'éternité des silences »