Edition originale très rare de ce célèbre réquisitoire qui valu à Hugo d'être condamné à l'exil par Napoléon III qu'il avait qualifié, durant la séance, de "Napoléon le Petit". (p.48)Tout le génie et le style du poète épique parcourt ce discours dans lequel il défend les Droits de l'Homme et annonce la future Europe sous les huées de la majorité:"Le premier peuple du monde a fait trois révolutions comme les dieux d'Homère faisaient trois pas. Ces trois révolutions qui n'en font qu'une, ce n'est pas une révolution locale, c'est la "révolution humaine" ; ce n'est pas le cri égoïste d'un peuple, c'est la revendication de la sainte équité universelle, c'est la liquidation des griefs généraux de l'humanité depuis que l'histoire existe ; c'est, après les siècles de l'esclavage, du servage, de la théocratie, de la féodalité, de l'Inquisition, du despotisme sous tous les noms, du supplice humain sous toutes les formes, la proclamation auguste des Droits de l'Homme.Cette révolution inouïe dans l'histoire, c'est l'idéal des grands philosophes réalisé par un grand peuple; c'est l'éducation des nations faite par l'exemple de la France : son but, son but sacré, c'est le bien universel ; c'est une sorte de rédemption humaine; c'est l'ère entrevue par Socrate, et pour laquelle il a bu la ciguë ; c'est l'œuvre faite par Jésus-Christ, et pour laquelle il a été mis en croix !Cette révolution, après de longues épreuves, a enfanté en France la République ; en d'autres termes, le peuple français, en pleine possession de lui-même et dans le majestueux exercice de sa toute-puissance, a institué et constitué, et définitivement et absolument établi la forme de gouvernement la plus logique et la plus parfaite, la République qui est pour le peuple une sorte de droit naturel, comme la liberté pour l'homme. Le peuple français a taillé dans un granit indestructible et posé au milieu du vieux continent monarchique la première assise de cet immense édifice qui s'appellera un jour les États-Unis d'Europe ! " (p.33)En descendant de la tribune il écrira ces lignes parue dans "Les Châtiments": "...Quand l'austère penseur qui, loin des multitudes,Rêvait hier encore au fond des solitudes,Apparaissant soudain dans sa tranquillité,Vient au milieu de vous dire la vérité,Défendre les vaincus, rassurer la patrie,Eclatez ! répandez cris, injures, furie,Ruez-vous sur son nom comme sur un butin !Vous n'obtiendrez de lui qu'un sourire hautain,Et pas même un regard ! - Car cette âme sereine,Méprisant votre estime, estime votre haine."Agréable exemplaire d'une très grande rareté.