Unpublished autograph letter signed by the Marquis de La Fayette to the Marquis Victor de La Tour-Maubourg, written from "Metz" and dated "the 4th" in La Fayette’s hand. Two and a quarter pages in ink on a bifolium. A minor perforation, not affecting the text; with a red "V. JACOB Metz" stamp on the blank verso of the bifolium. Two discreet paper reinforcements at the foot and head of the sheet’s fold.
La Fayette wrote this profoundly political letter in 1792 from Metz — the very city where, as a young officer, he had made the decision to set sail and fight for American independence. " I have been a revolutionary for fifteen years—and I am resolved to conquer or perish in this cause” he writes here, at a moment when the constitutional monarchy was in grave peril.
Commanding an army while facing the threat of further mass desertion among the French nobility and under heavy assault from the Jacobins, La Fayette cast himself as the Revolution’s providential figure. He vehemently lamented the “unacceptable loss” of the Duke of Brunswick, who had departed to lead the Prussian and Austrian armies against France.
Lafayette is most likely addressing Marie-Charles-César de La Tour Maubourg, whom he called « mon ami intime, mon frère d'amitié, d'armes et de revolution » [ “my intimate friend, my brother in friendship, in arms, and in revolution”] (letter to Dietrich, 12 November 1791). Maubourg served under Lafayette with his brothers at the declaration of war and commanded the vanguard of the Army of the Center in 1792, before emigrating with him in August.
In December 1791, shortly after arriving at his Metz headquarters, Lafayette imposed a strict disciplinary order on the Army of the Centre. The situation was dire, owing to the emigration of most officers, the ill will of those who remained, and the consequent breakdown in oversight. Though devoted to the welfare of his troops, Lafayette, a staunch constitutionalist, remained engaged in politics: he had sent to Minister Dumouriez a memorandum in which he pledged his support to the Girondin ministry, on condition that it uphold the laws, the dignity of the monarchy, the constituted authorities, and religious freedom.
It is likely that Lafayette wrote these lines only a few weeks before the declaration of war, of which he was informed on 22 April. He appears here as a man deeply mindful of his military duties, and as a staunch protector of a Constitution in grave peril. In a magnificent burst of fervour and resolve, he makes no secret of his popularity nor of his feats of arms:
« J'ai de grands moïens en Hollande, le parti démocrate est à moi sans réserve ; j'en ai aussi à Liège ; on me connait dans les païs bas, et de ce coté ci du Rhin. Les Gardes nationales me regardent toutes comme leur chef ; je suis bien sûr d'une armée que je commanderai en personne. Au fait, j'ai aussi quelques talents naturels, et particulièrement pour la guerre. J'ai l'activité de la jeunesse, une sante imperturbable, beaucoup de sang froid et un travail facile. Il y a quinze ans que je fais le metier revolutionaire. Je suis décidé à vaincre ou périr dans cette cause ».
[“I have powerful connections in Holland; the democratic party is wholly mine. I also have influence in Liège; I am well known throughout the Low Countries and on this side of the Rhine. The National Guards all regard me as their leader; I have full confidence in an army which I shall command in person. After all, I do possess some natural talents—particularly for war. I have the vigour of youth, an unshakable constitution, a cool head, and a ease for labour. I have been a revolutionary for fifteen years—and I am resolved to conquer or perish in this cause.”]
In America, he had indeed displayed keen insight and sound judgment in the military affairs of the Independence, particularly during the Virginia campaign. It is known that he drew lessons from these battles by creating infantryman units to cover the main infantry — and indeed he informed George Washington of these preparations. He took care to organise light cavalry artillery units, following the Prussian and Austrian model, and specifically referred in his letter to an “observation on the horses of the horse artillery” included in the reports he had forwarded to La Tour-Maubourg. Among them is a report from a “young intelligent man who seemed to me worthy of being sent, although I believe he overstates the disposition of the enemy troops, especially the Hungarians [...]”.
The lieutenant general displays a grim lucidity regarding France’s political and military situation, torn apart by internal strife and imperilled by foreign powers:
« Adieu, mon cher Maubourg, il se forme un orage terrible, il se machine peut-être beaucoup de trahisons ; notre premier soin doit être de me donner une bonne armée agissante. Alors Narbonne et moi enfoncerons notre chapeau, et jouant beau jeu, nous révolutionnerons le mieux que nous pourrons devant nous. ; [...] voilà pourtant quelques motifs de consolation pour la perte du duc de Brunswick qui me paroit à chaque instant plus inadmissible, et qui tôt ou tard perdroit celui même qui l'aurait proposé, soit par ses trahisons, soit par la méfiance publique. Adieu, mon ami, depêchons nous, le tems presse. »
["Farewell, my dear Maubourg — a terrible storm is brewing, and many betrayals may be afoot. Our foremost duty must be to secure for me a strong and active army. So Narbonne and I will pull down our hats and, putting on a brave face, we shall carry the Revolution forward as best we can. [...] These are, after all, a few small consolations for the loss of the Duke of Brunswick, who seems to me more inadmissible with each passing moment — and who, sooner or later, would bring down even the man who proposed him, whether by betrayal or by public mistrust. Farewell, my friend — let us hasten, time is short."]
Bolstered by his American experience and despite mounting Jacobin clamour, Lafayette readies himself to uphold the principles of the French Constitution — a commitment he confides to one of his closest comrades, who would accompany him into Austrian captivity only months later.
À la tête d’une armée sous la menace de davantage d’émigrations et violemment attaqué par les Jacobins, La Fayette se place en homme providentiel de la Révolution et déplore avec véhémence « la perte inadmissible » du duc de Brunswick, parti diriger les armées prussiennes et autrichiennes contre la France.
Lafayette s’adresse probablement à Marie-Charles César de la Tour Maubourg, qu’il appelait « mon ami intime, mon frère d’amitié, d’armes et de révolution. » (Lettre à Dietrich, 12 novembre 1791). Ce dernier servit sous ses ordres à la déclaration de guerre comme ses deux frères. En 1792, Charles-César commande l’avant-garde de l’Armée du Centre et émigrera en août avec La Fayette.
À peine arrivé à son quartier général de Metz en décembre 1791, La Fayette s’était occupé d’établir dans les troupes de l’Armée du Centre une sévère discipline. La situation était difficile, en raison de l’émigration de la plupart des officiers, de la mauvaise volonté des restants et du relâchement de surveillance qui en résultait. Tout en se préoccupant de ses soldats, La Fayette, constitutionnel endurci, ne se désintéressait pas de la politique : il avait fait porter au ministre Dumouriez un mémoire par lequel il promettait son concours au ministère girondin, si celui-ci s’engageait à faire respecter les lois, la dignité royale, les autorités constituées, la liberté religieuse.
Lafayette écrit vraisemblablement quelques semaines avant la déclaration de guerre, dont il aura connaissance le 22 avril. Il se révèle ici comme un homme préoccupé de ses devoirs militaires, et protecteur de la Constitution gravement menacée. Dans de magnifiques lignes pleines de fougue et de détermination, il ne fait pas mystère de sa popularité et ses faits d’armes :
« J’ai de grands moïens en Hollande, le parti démocrate est à moi sans réserve ; j’en ai aussi à Liège ; on me connaît dans les païs bas, et de ce coté ci du Rhin. Les Gardes nationales me regardent toutes comme leur chef ; je suis bien sûr d’une armée que je commanderai en personne. Au fait, j’ai aussi quelques talents naturels, et particulièrement pour la guerre. J’ai l’activité de la jeunesse, une sante imperturbable, beaucoup de sang froid et un travail facile. Il y a quinze ans que je fais le metier revolutionaire. Je suis décidé à vaincre ou périr dans cette cause ».
En Amérique, il avait en effet déployé sagacité et justesse dans les affaires militaires de l’Indépendance, surtout dans la campagne de Virginie. On sait qu’il tire des leçons de ces combats en créant des unités de tirailleurs couvrant le gros de l’infanterie – et informa d’ailleurs George Washington de ses préparatifs. Il s’attache aussi à organiser des compagnies d’artillerie légère à cheval, à la mode prussienne et autrichienne, et mentionne notamment dans la lettre une « observation sur les chevaux de l’artillerie à cheval » dans les rapports qu’il a reçus et envoie à La Tour-Maubourg. Parmi eux figure également un rapport d’un « jeune homme intelligent qui m’a paru mériter d’un envoi quoique je pense qu’il s’exagère les dispositions des troupes ennemies, et surtout des Hongrois ».
Le lieutenant général fait montre d’une terrible lucidité sur la situation politique et militaire de la France, déchirée par les luttes intestines et mise en péril par les puissances étrangères :
« Adieu, mon cher Maubourg, il se forme un orage terrible, il se machine peut-être beaucoup de trahisons ; notre premier soin doit être de me donner une bonne armée agissante. Alors Narbonne et moi enfoncerons notre chapeau, et jouant beau jeu, nous révolutionnerons le mieux que nous pourrons devant nous. ; [...] voilà pourtant quelques motifs de consolation pour la perte du duc de Brunswick qui me paroit à chaque instant plus inadmissible, et qui tôt ou tard perdroit celui même qui l’aurait proposé, soit par ses trahisons, soit par la méfiance publique. Adieu, mon ami, dépêchons-nous, le tems presse. »
Fort de son expérience américaine et en dépit des clameurs jacobines, Lafayette se prépare à défendre les valeurs de la Constitution française et en fait part à l’un de ses plus proches frères d’armes, qui l’accompagnera dans les geôles autrichiennes quelques mois plus tard.