Faire-part de mariage de Lotte et Stefan Zweig, adressé au compositeur Alfred Cortot et sa compagne Renée Chaine, sur lequel les deux époux ont rédigé quelques lignes, Lotte à l'encre noire et Stefan de son habituelle encre violette.
Lotte écrit notamment « Voilà l'annonce de notre mariage qui vient de prendre place tranquillement ici à Bath, et vous êtes parmi les premiers à en entendre. Je me juge heureuse que nous pouvons être ensembles [sic] dans ce temps » ; Stefan ajoute : « On demande de ne pas écrire longuement à cause de la censure. Combien serait à dire ?! »
Les relations entre Zweig et Cortot sont très peu évoquées par les biographes. Ce faire-part témoigne pourtant du lien fort qui existait entre les deux artistes. Zweig, qui souhaitait écrire une biographie du compositeur, avait d'ailleurs déclaré : « Quand les mains de Cortot n'existeront plus, Chopin mourra une seconde fois c'est le seul qui arrive à exprimer la tendresse dans la grandeur ». Cortot, de son côté, tenait également Zweig en grande estime : « Les jours où l'on rencontre un Zweig sont à marquer d'une pierre blanche dans la vie des êtres qui ont le respect des idées ou la curiosité de l'intelligence. » (lettre du 13 octobre 1937)
Stefan Zweig quitta sa première épouse Friderike pour sa secrétaire Charlotte Altman - dit Lotte. Cette dernière demeurera avec l'écrivain jusqu'à ses derniers instants : le 22 février 1942, elle se suicide à ses côtés.
Le mariage de Stefan et Lotte fut célébré le 6 septembre 1939, soit quelques jours après le début de la guerre. Dans son journal, Zweig, très préoccupé par les évènements, évoque ainsi cette union :
« Journée décisive. Ce matin, tandis que je lis les journaux, un coup de téléphone du Dr Ingram nous apprend que nous pouvons nous marier cet après-midi à 4 heures. Lotte et sa belle-sœur sont aussi surprises que moi. [...] Nous déjeunons rapidement, je me rase, puis le mariage sans cérémonie, une seule formule : on déclare prendre L. A. comme épouse légitime. Voilà qui suffit pour une journée?! Un nouveau pas de fait vers l'ordre dans un monde d'éternel désordre. »