Correspondance probablement complète constituée de 26 lettres et 7 cartes postales autographes signées adressées par Léna Leclercq à Henriette Gomès et son mari André.
Cet important ensemble inédit retrace le quotidien de Balthus à Cussy (Nièvre) et témoigne du dévouement total de Léna Leclercq, poétesse et modèle du peintre, à son égard.
Balthus fit la connaissance de la poétesse Léna Leclercq en 1947 à Paris alors qu'elle étudiait l'anglais. Fréquentant les Deux Magots, elle fit la connaissance de Giacometti et de nombreux autres artistes tels que Juan Mirò, Max Ernst et André Masson qui illustreront bientôt ses oeuvres. Professeur en Guadeloupe de 1950 à 1952, elle démissionne de l'enseignement, devient correctrice et partage la vie du peintre Balthus avec lequel elle partage une courte aventure, dans le Morvan.
"Pourtant, peu après l'installation de Balthus à Chassy, Giacometti fit en sorte que l'une de ses amies, Lena Leclercq, poète d'origine rurale d'environ vingt-cinq ans rencontrée au café des Deux Magots devienne la gouvernante du château, étant entendu qu'elle pourrait écrire durant son temps libre. A l'époque, Laurence Bataille, la maitresse de Balthus, était restée à Paris, tandis que sa femme (dont il s'était separé) et ses enfants séjournaient en Suisse. Leclercq succomba rapidement aux charmes de Balthus, qui lui fut devoué jusqu'a ce qu'il devienne moqueur et sardonique. [...] Puis, quand la fille du frère de Balthus, âgée de quinze ans, s'installa au château et que le peintre la préféra comme compagne à Leclercq, celle-ci tenta de se suicider." (Nicholas Fox Weber, Une indéfectible amitié)
Comme le montre l'ensemble de lettres que nous proposons, Léna semble essentiellement s'occuper de l'intendance et sert d'intermédiaire entre le peintre et Henriette Gomès. "Durant l'été 1952, Balthus trouve un château dans la Nièvre, entre Autun et Avallon qu'il décide de louer et où il s'installe au printemps de l'année suivante. Les moyens lui en sont donnés par ses marchands, Henriette Gomès, Pierre Matisse et avec eux un collectif de collectionneurs, dont Maurice Rheims, Alix de Rotschild et Claude Hersent. Ils lui versent une pension en échange de ses derniers tableaux qu'ils répartissent entre eux. Le château est fort dégradé et Balthus y vit modestement dans un continuel chantier de remise en état. Il a pour lui tenir compagnie, l'aider à s'installer et assurer une présence quand il se rend à Paris la poétesse Léna Leclercq, rencontrée par l'intermédiaire de Giacometti. Cette dernière reste jusqu'au printemps 1955. Entre temps, Balthus a commencé une relation amoureuse avec sa nièce par alliance, Frédérique Tison, fille d'une précédente union de l'épouse de son frère Pierre." (Fondation Balthus) Cette tentative de suicide et l'hospitalisation qui s'en est suivie est évoquée très discrètement dans l'une des lettres : "Ici on s'ennuie ferme ; toujours enfermée, et à part me faire raconter ma petite enfance on ne m'a rien fait..."
"Par moments, Henriette, je me sens triste, et fatiguée, d'une fatigue de tout le corps et tout le corps me fait mal, mais il ne faudrait pas que Balthus s'en doute."
On assiste dans ces lettres à la lente dégradation de la relation entre la poétesse et le peintre : alors que les premières sont enthousiastes et presques enfantines, tant par leur calligraphie que leur ton, les dernières sont bien plus familières et sombres.